Le syndrome du bébé secoué, ou SBS, est une forme de violence physique qui fait chaque année en France des centaines de victimes parmi les nourrissons et jeunes enfants. Ce geste de maltraitance intentionnelle peut en effet provoquer des dommages cérébraux lourds et irréversibles, aux répercussions graves pour la santé et le bien-être de l’enfant. Quelles en sont les causes et les conséquences ? Existe-t-il des moyens de prévenir cette forme de violence ? Éléments de réponse avec le concours du Pr Hugues Patural, chef de service des unités de réanimations néonatale et pédiatrique au CHU de Saint-Étienne.
Selon l’association française « Stop Bébé Secoué », chaque jour en France, plus d’un bébé serait victime du syndrome du bébé secoué. Selon l’Assurance maladie, ces chiffres seraient toutefois sous-évalués, « en raison de diagnostics non posés et d’une sous-déclaration du SBS ».
Les chiffres restent toutefois alarmants, d’autant que ce secouement volontaire aux conséquences dramatiques entraîne le décès du bébé dans 10% des cas et des handicaps sévères dans 70% des cas (visuels, neurocognitifs, troubles moteurs). C’est d’ailleurs l’une des principales causes de décès chez les enfants de moins de deux ans.
Le syndrome du bébé secoué: une forme grave de maltraitance infantile
Le syndrome du bébé secoué, appelé aussi “traumatisme crânien non accidentel”, survient lors d’un geste intentionnel extrêmement violent envers un bébé. Dans certains contextes, l’adulte peut perdre le contrôle et, dans un geste déraisonné, agiter le bébé dans tous les sens pour le faire taire.
À la clé, un risque de traumatisme crânien grave, causé par le balancement de la tête d’avant en arrière. Les bébés concernés ont dans 68% des cas moins de six mois, un âge où la fragilité de leur cou, tête et cerveau en plein développement les rend particulièrement vulnérables.
Une combinaison de facteurs physiques et psychologiques
La colère et la fatigue : le SBS est le plus souvent provoqué par la colère et/ou frustration du parent ou gardien de l’enfant. Les pleurs et les cris incessants d’un bébé peuvent être extrêmement stressants pour les parents. En particulier en cas de manque de sommeil et/ou de sources de stress extérieurs (problèmes financiers, difficultés dans la relation de couple…). De cette frustration, peut naître l’envie pour un adulte de secouer le bébé pour le faire taire.
L’absence d’éducation : la plupart des auteurs n’ont pas conscience des conséquences graves de leurs actions. Par méconnaissance, certains estiment qu’il s’agit même d’une technique «acceptable» pour calmer un bébé agité ou qui pleure abondamment.
L’isolement : les parents en manque de soutien familial ou communautaire sont plus susceptibles de se sentir dépassés.
Syndrôme du bébé secoué : des séquelles irréversibles chez l’enfant
Si elle n’est pas mortelle d’emblée, l’atteinte neurologique grave sera évoquée rapidement devant des symptômes associant à des degrés divers : malaise grave allant jusqu’au coma, apnées sévères voire arrêt cardio-respiratoire, convulsions répétées, signes d’hypertension intracrânienne aiguë (plafonnement du regard, vomissements), hypotonie axiale.
Le cerveau d’un nourrisson est encore en développement et plus vulnérable aux traumatismes que celui d’un enfant âgé ou d’un adulte. Le secouement violent peut provoquer des lésions cérébrales irréversibles, telles qu’une hémorragie cérébrale ou une lésion axonale diffuse, causant une perte de fonction cérébrale permanente.
Ce syndrome est parfois mortel, en particulier chez les enfants de moins de six mois. Dans certains cas, les lésions cérébrales sont si graves qu’elles entraînent le décès du bébé.
Les conséquences du syndrome du bébé secoué seront souvent permanentes. Elles peuvent être immédiates ou apparaissant plus tard lors du développement de l’enfant. Cela peut se traduire par des pertes irréversibles de fonction cérébrale ou des déficiences cognitives. Ou encore des troubles de la vision et d’audition, ainsi que des troubles du comportement.
Quels sont les signes qui alertent ?
Certains signes non spécifiques, pouvant égarer le diagnostic d’atteinte neurologique, sont à connaître: pâleur, troubles de l’alimentation, mauvaises prises alimentaires, vomissements, troubles du sommeil, irritabilité et pleurs. En cas de soupçons, il est indispensable de contacter les secours au plus vite. Il s’agit du 18 (Sapeurs-Pompiers) ou du 15 (Samu).
Différents examens réalisés à l’hôpital (prise de sang, scanner cérébral, IRM, radiographies…) permettront à l’équipe médicale de poser un diagnostic. Et de déclencher un signalement en cas de syndrome du bébé secoué avéré.
Quelles solutions pour calmer un bébé ?
Voici quelques conseils pour calmer un bébé qui pleure :
- Vérifier les besoins du bébé : s’assurer qu’il n’a pas faim, ou qu’il n’a pas besoin d’être changé;
- Le bercer doucement : le mouvement rythmique et doux du berceau ou des bras peut aider à apaiser le bébé ;
- Masser délicatement : Masser doucement le dos, les bras et les jambes peut aider l’enfant à s’endormir ;
- La musique : les chants doux et les sons apaisants peuvent consoler certains bébés ;
Si le bébé ne cesse de pleurer, il faut impérativement garder son calme.
À SAVOIR
Chaque année, plusieurs centaines d’enfants sont victimes, en France, de cette forme de maltraitance avec une répétition des épisodes de secouement dans la majorité des cas. La méconnaissance du diagnostic est fréquente et expose au risque de récidive et donc de séquelles sévères persistantes ou de décès.
Certaines associations sont susceptibles de venir en aide aux enfants dépassés ou de conseiller les témoins éventuels d’actes de violence. Contactez « Allô enfance en danger » au 119 (24h/24), ou encore « Allô parents bébé » au 0.800.00.34.56 (du lundi au vendredi, 10h-13h et 14h-18h).