Et si une méthode naturelle permettait de mieux gérer les migraines ? Une étude menée à l’Hôpital Foch, soutenue par la fondation APICIL, démontre l’efficacité de l’auriculothérapie, une technique qui consiste à stimuler des points précis de l’oreille pour réduire la fréquence des crises et la prise de médicaments. Mais comment ça marche ? Qui peut en bénéficier ? On fait le point.
En France, 15 % des adultes souffrent de vraies migraines, des crises de maux de tête intenses pouvant s’accompagner de nausées, d’une sensibilité importante à la lumière et aux bruits, et d’une douleur pulsatile souvent unilatérale. Deux fois plus fréquente chez les femmes, la migraine, un maladie chronique qu’il faut bien distinguer d’un simple mal de tête passager, a un impact majeur sur la vie quotidienne et professionnelle.
Si les traitements médicamenteux (triptans, anti-inflammatoires) soulagent des crises susceptibles de coucher sa victime durant plusieurs jours dans le noir, ils ne sont pas toujours bien tolérés. Fatigue, troubles digestifs, prise de poids… Les effets secondaires poussent de nombreux patients à chercher des solutions alternatives.
Parmi elles, l’auriculothérapie se révèle prometteuse pour espacer les crises et réduire leur intensité.
L’auriculothérapie : une approche validée scientifiquement
Auriculothérapie : késako ?
L’auriculothérapie est une méthode thérapeutique qui consiste à stimuler des points spécifiques du pavillon de l’oreille pour soulager la douleur. Reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1987, elle est déjà utilisée pour traiter certaines dépendances (tabac, stress) et douleurs chroniques. Mais son efficacité contre la migraine restait peu documentée… jusqu’à récemment.
Une étude clinique menée à l’Hôpital Foch, dirigée par le Dr Mireille Michel-Cherqui, apporte aujourd’hui des preuves solides. Publiée dans la revue scientifique Frontiers in Neurology en 2023, elle a évalué 90 femmes migraineuses, souffrant de crises depuis plus de six mois.
Ces patientes ont été réparties en deux groupes :
- Un groupe traité par auriculothérapie, recevant trois séances espacées d’un mois.
- Un groupe témoin, sans traitement auriculaire.
Des résultats prometteurs
Au bout de trois mois, les conclusions sont claires :
- Moins de médicaments : les patientes traitées par auriculothérapie ont consommé moins de triptans que celles du groupe témoin (p=0,045).
- Moins de jours avec des maux de tête : ces patients-témoins ont eu moins de céphalées non migraineuses (p=0,011).
- Une meilleure qualité de vie : leur score MIDAS (qui mesure l’impact des migraines sur le quotidien) s’est amélioré significativement (p=0,035).
- Aucun effet secondaire grave n’a été observé chez ces patientes.
En revanche, le nombre de jours avec migraines et l’intensité des crises n’ont pas montré de différence significative entre les groupes. L’auriculothérapie ne guérit donc pas la migraine, mais elle permet de mieux la gérer et d’espacer les crises.
Selon Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation APICIL, qui soutient cette recherche (à travers une subvention de 28 800 €), “l’utilisation de l’auriculothérapie en prévention des crises migraineuses épisodiques a rarement été rapportée. Cette étude permet aux patientes d’améliorer leur confort et leur qualité de vie tout en diminuant leur consommation médicamenteuse.”
Auriculothérapie : une méthode simple et efficace
Comment fonctionne l’auriculothérapie ?
Chaque zone de l’oreille correspond à un organe ou une fonction spécifique. En stimulant certains points précis (avec des aiguilles, des aimants ou même un laser), on envoie un message au système nerveux, ce qui contribue à réduire la douleur.
À l’Hôpital Foch, les patients migraineux bénéficient d’un protocole spécifique :
- Trois séances espacées d’un mois, suivies d’un entretien semestriel.
- Un suivi via un agenda des crises pour analyser l’évolution des symptômes et ajuster la prise en charge.
Une technique encore peu répandue, mais en plein essor
Si l’auriculothérapie est utilisée dans certains centres antidouleur et cabinets médicaux, elle reste encore peu enseignée en France. Seuls quelques diplômes interuniversitaires (notamment à Paris-Saclay et Strasbourg) forment aujourd’hui des médecins à cette approche.
Mais de nouvelles pistes émergent. Une étude menée par le Dr Emmanuel Sagui à Marseille va tester une version plus douce de l’auriculothérapie, utilisant un laser au lieu des aiguilles semi-permanentes. Une alternative qui pourrait faciliter l’accès à cette méthode pour un plus grand nombre de patients.
L’auriculothérapie, une solution pour vous ?
Si vous souffrez de migraines chroniques et que les traitements classiques ne vous conviennent pas, l’auriculothérapie mérite d’être envisagée. Bien sûr, elle ne remplace pas totalement les médicaments, mais elle peut les compléter efficacement en réduisant leur usage et en améliorant la qualité de vie.
L’important est d’en parler avec un professionnel de santé, notamment dans un centre antidouleur ou auprès d’un acupuncteur formé à cette technique.
À SAVOIR
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la migraine figure parmi les deuxième causes d’invalidité dans le monde en raison de son impact sur la vie quotidienne et professionnelle. Elle est également classée comme une maladie neurologique à part entière, et non comme un simple mal de tête.