Le harcèlement professionnel est souvent à l'origine du burn-out et d'états dépressifs sévères.

Dépression, cauchemars professionnels, baisse de la libido… Le harcèlement au travail peut avoir de graves conséquences pour les victimes. Quels sont les signaux d’alerte ? La réponse avec le Dr Brigitte Font le Bret, psychiatre et experte près la Cour d’appel de Grenoble.

Idées noires, épuisement, libido en berne… La particularité des signes cliniques du harcèlement au travail est qu’ils n’arrivent que très tard car la victime est avant tout dans une phase de déni. « Ces personnes ne voient pas l’intensité et la gravité de leur état de fatigue. Elles pensent qu’avec une journée ou deux de repos, elles seront aptes à reprendre le travail », explique le docteur Brigitte Font le Bret, psychiatre et experte près la Cour d’appel de Grenoble. En réalité, cela s’avère insuffisant car il ne s’agit pas simplement d’un épuisement physique, mais carrément d’un profond sentiment de vide. « Ces personnes me disent qu’elles n’ont plus de bras, plus de jambes. Du jour au lendemain, elles se rendent compte qu’elles ne peuvent plus remonter la pente. Cet état est inquiétant sur le plan de la santé, notamment lorsque ces personnes prennent la route », poursuit-elle.

Harcèlement au travail et dépression

Avec le harcèlement au travail, l’épuisement est tel que l’individu risque fort de sombrer dans un état dépressif. « Les gens ont l’impression de devenir de vraies ‘loques’ », illustre le Dr Font le Bret. Pas envie de se lever, de se maquiller, et surtout, une réelle perte d’estime de soi, de confiance. Un sentiment de ne pas être capable. Dans cet état dépressif, le risque est aussi de trouver un refuge dans l’alcool pour passer ce mauvais cap.

Envies suicidaires

Cette perte d’estime de soi peut carrément mener certains à éprouver des idéations suicidaires. Le suicide leur semble être la seule porte de sortie face à un travail qui leur paraît insurmontable. « C’est alors le rôle fondamental du médecin qui ne doit pas avoir peur d’interroger son patient sur ce point», poursuit la psychiatre qui ajoute  : « parfois, il n’en faut pas beaucoup pour passer à l’acte, comme cela s’est produit chez France Télécom ».

Cauchemars professionnels

Le harcèlement au travail constitue une forme de traumatisme qui peut se manifester la nuit. Peur de s’endormir, cauchemars professionnels violents, «  tout cela démontre que quelque chose ne va pas au travail  », souligne le Dr Font le Bret.

Phobies d’évitement

Les personnes victimes de harcèlement au travail sont parfois incapables de passer par la route de leur travail, de crainte de voir le lieu de leur entreprise. C’est ce que la psychiatre nomme des «  phobies d’évitement  ».

Repli sur soi

Le harcèlement au travail conduit le travailleur à un état de stress post-traumatique, comme s’il avait été victime d’un accident. Il revoit par exemple sans cesse une scène au travail, le moment où il s’est fait humilier devant le client par son boss… «  Cela mène à un repli sur soi  », explique l’experte.

Baisse de la libido

La baisse de la libido est également un signe classique du harcèlement au travail, et de manière générale de la souffrance au travail. Avec la fatigue, le désir a du mal à jaillir, ce qui peut aussi conduire à une détérioration de l’ambiance dans le foyer, et avoir des conséquences directes sur le couple.

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A savoir

Il ne faut pas entendre le harcèlement au travail uniquement comme le harcèlement moral, terme strictement juridique qui ne peut pas être utilisé par les psychiatres. On parle également de harcèlement au travail lorsqu’il existe des problèmes au niveau organisationnel ou éthique dans l’entreprise, qui mènent à une véritable souffrance au travail et aux signes cliniques énoncés.

Et aussi :

>Burn out : les signes qui doivent inquiéter

>Harcèlement moral : comment être reconnu victime ?

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

2 Commentaires

  1. le problème, c’est qu’il n’y a pas de pathologie psychologique spécifique due au harcèlement puisqu’il s’agit d’un éprouvé subjectif, et des troubles paranoïaques (sentiments de persécution imaginaires) ou des menées manipulatrices à l’encontre d’un chef de manière à lui porter préjudice, peuvent invalider l’accusation de la personne se prétendant harcelée.

  2. BONSOIR
    Article pertinent, clair et synthetique, d où l importance et la pertinence de la medecine du travail qui doit pouvoir diagnostiquer les symptômes du harcelement moral.
    cdt
    UB

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