Une enseigne de pharmacie qui indique les températures caniculaires de l'année 2024.
L'année 2024 n'a pas échappé aux épisodes de canicules, avec de nouveaux pics de mercure supérieurs aux 40°... © Adobe Stock

L’été 2024 n’aura pas battu les records de chaleur de 2023, mais il a tout de même laissé de lourdes traces, confirmant une tendance désormais récurrente. Avec une température moyenne supérieure de 0,7°C aux normales saisonnières, il se classe parmi les 8 étés les plus chauds depuis 1900, selon le bilan publié ce mardi 11 mars par Santé publique France. Moins meurtrier que celui de 2023, où l’on avait enregistré 5 167 décès liés à la chaleur, l’été 2024 s’est tout de même soldé par un total de 3 700 morts directement attribuables aux fortes températures. Alors, doit-on s’attendre aux mêmes épisodes pour cet été 2025 ? Le point. 

Après un été 2023 marqué par des vagues de chaleur records, la tendance se poursuit et celui de 2024 a confirmé que la canicule n’est plus un phénomène exceptionnel en France. Avec une température moyenne supérieure de 0,7°C aux normales de saison, 2024 se classe en effet 8ᵉ été le plus chaud depuis 1900.

Mais si les températures ont été globalement moins élevées que l’année précédente, l’impact sanitaire reste préoccupant. L’année précédente, en 2023, la canicule avait frappé plus tôt et plus fort, causant 5 167 décès attribuables à la chaleur. Notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la plus touchée.

En 2024, le nombre de décès a diminué, atteignant 3 700 morts liées aux fortes chaleurs. Mais les conséquences restent dramatiques, notamment pour les personnes âgées, les travailleurs et les populations urbaines, particulièrement vulnérables face à des températures extrêmes. Ce qui pousse une nouvelle fois les scientifiques à alerter sur une augmentation constante de la fréquence et de l’intensité des canicules.

Des régions plus touchés que d’autres

L’été 2024 a été marqué par trois épisodes de canicule, dont un particulièrement long du 28 juillet au 14 août. Elles ont durement impactés 43 départements et 40 % de la population française.

Les températures ont été particulièrement élevées dans le Sud-Est, où l’on a observé des écarts de +1,5°C par rapport aux normales. Dans certaines villes comme Nice, les habitants ont enduré 57 nuits tropicales consécutives. La température ne descendait pas en dessous de 20°C, rendant le repos difficile et favorisant la fatigue et l’épuisement thermique.

Au-delà de la simple gêne, ces températures extrêmes ont un impact direct sur la santé. Lorsque le corps ne parvient plus à se rafraîchir, les risques de déshydratation, d’hyperthermie et d’accidents vasculaires explosent, en particulier chez les personnes âgées et fragiles.

Et en Auvergne-Rhône-Alpes ?

En Auvergne-Rhône-Alpes, la canicule de 2024 a laissé des traces profondes. Avec 527 décès attribuables à la chaleur et une forte pression sur les services de santé, le bilan est lourd. La région a connu deux épisodes de canicule majeurs, aussi entre le 28 juillet et le 14 août, où les températures ont dépassé les 40°C dans certains départements comme le Rhône, l’Isère et la Drôme. Résultat : 2 185 passages aux urgences, dont 1 539 hospitalisations, et 311 consultations SOS Médecins pour des pathologies liées à la chaleur. 

Les personnes âgées et les travailleurs en extérieur ont été les plus touchés, avec un risque accru de déshydratation et de coups de chaleur. La situation a mis en évidence la nécessité d’une adaptation urgente. Notamment en matière d’urbanisme et de prévention, pour mieux protéger la population face à des étés de plus en plus extrêmes.

Les hôpitaux sous pressions 

L’un des indicateurs les plus alarmants de l’été 2024 reste l’afflux massif de patients aux urgences pour des pathologies liées à la chaleur. Santé publique France a recensé :

  • 17 000 passages aux urgences pour des troubles comme la déshydratation, l’hyperthermie et les hyponatrémies (chute dangereuse du taux de sodium dans le sang).
  • Une augmentation de 2 à 3 fois des consultations médicales les jours de canicule.
  • 10 500 hospitalisations à la suite de passages aux urgences, preuve que ces coups de chaud ne sont pas anodins.

Les personnes âgées de 75 ans et plus ont représenté 52 % des passages aux urgences et 24 % des consultations SOS Médecins. Mais contrairement aux idées reçues, les jeunes et les adultes en bonne santé ne sont pas épargnés : plus d’un quart des consultations concernaient des personnes de moins de 75 ans, preuve que personne n’est à l’abri des effets de la chaleur extrême.

Mortalité : plus de 3 700 décès directement liés à la chaleur

Au total, 3 700 décès ont été attribués aux températures excessives de l’été 2024, soit 2 % de la mortalité totale de la période estivale.

Si ce chiffre est inférieur à celui de 2023, il reste néanmoins inquiétant. Pendant les jours de canicule, la chaleur a causé plus de 10 % des décès observés, prouvant que ces vagues de chaleur restent un facteur de mortalité majeur en France. Sans surprise, ce sont les seniors qui paient le plus lourd tribut. Trois quarts des décès concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus. Mais les adultes fragiles, les travailleurs exposés et les sportifs ont également été victimes de coups de chaleur parfois mortels.

Si la chaleur affecte tout le monde, certaines professions sont particulièrement exposées. En 2024, 7 accidents du travail mortels en lien avec la chaleur ont été signalés.

Les secteurs les plus touchés ?

  • Le bâtiment et les travaux publics : travailler sous un soleil de plomb, sur des chantiers où le béton absorbe et reflète la chaleur, peut être fatal.
  • L’agriculture : les ouvriers agricoles doivent souvent travailler en extérieur aux heures les plus chaudes, augmentant leur risque de coup de chaleur.

Le problème, c’est que ces travailleurs ont souvent peu d’options pour se protéger. Difficile de ralentir le rythme quand on est soumis à des impératifs de production ou de livraison. Pourtant, des adaptations des horaires et des pauses plus fréquentes pourraient sauver des vies.

Comment mieux se protéger ?

Face à ces canicules de plus en plus fréquentes, la prévention devient un enjeu majeur. Santé publique France a déployé plusieurs actions en 2024 :

Malgré ces efforts, beaucoup de Français continuent de sous-estimer le danger de la chaleur. En période de canicule, il est crucial d’adopter des réflexes simples mais vitaux :

  • Boire de l’eau régulièrement, même sans soif.
  • Fermer les volets en journée, aérer la nuit.
  • Se rafraîchir le corps avec un brumisateur ou une douche tiède.
  • Limiter les efforts physiques aux heures les plus chaudes.
  • Prendre des nouvelles des proches âgés et fragiles.

2025 : vers un été encore plus chaud ?

Les scientifiques sont formels, les vagues de chaleur vont s’intensifier dans les années à venir. Météo-France prévoit pour 2025 :

  • Un été encore plus chaud que 2024, avec des pics précoces dès juin.
  • Une multiplication des nuits tropicales, rendant le sommeil encore plus difficile.
  • Des risques accrus pour les grandes villes, où l’effet d’îlot de chaleur urbain empire la situation.

Si nous voulons éviter que chaque été ne devienne une hécatombe sanitaire, il faut agir dès maintenant. Cela passe par une meilleure sensibilisation, une adaptation des infrastructures urbaines (plus de végétalisation, isolation thermique des bâtiments) et une évolution des conditions de travail en période de fortes chaleurs.

Moins meurtrière que 2023 mais toujours préoccupante, la canicule de 2024 montre que la chaleur est un véritable danger de santé publique. Les températures extrêmes ne sont plus l’exception mais la norme.

Face à cela, il faut anticiper, s’adapter et agir collectivement pour protéger les plus vulnérables. Car si 2024 a été difficile… 2025 pourrait être encore pire.

À SAVOIR

L’été le plus caniculaire en France reste l’été 2003, qui détient toujours le triste record des températures les plus extrêmes et de l’impact sanitaire le plus lourd. Une anomalie de +2,7°C au-dessus des normales et plus de 15 000 décès attribuables à la chaleur. Pendant plus de 15 jours, les températures ont dépassé 40°C, et l’absence de nuits fraîches a aggravé la situation, empêchant la récupération des organismes.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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