Un médecin dans un hôpital de La Réunion, confronté à l'épidémie de Chikungunya.
À la Réunion, le système de santé est sous tension face à la hausse des cas de Chikungunya. © Freepik

L’épidémie de chikungunya qui frappe la Réunion est désormais qualifiée de “majeure et généralisée” : avec déjà 27 000 cas depuis début janvier, les hôpitaux insulaires sont sous tension, comme le confirment les derniers chiffres publiés le 9 avril par Santé publique France. Ce virus tropical, propagé par une simple piqûre de moustique-tigre, fait de rares apparitions en France métropolitaine. Le moustique-tigre y a pourtant bien établi ses quartiers : l’Hexagone, en raison du réchauffement climatique, pourrait-il être touché à plus ou moins long terme ? Comment se protéger du virus ? Et quels sont les traitements qui existent ? Le point. 

La Réunion fait face à une recrudescence inquiétante du chikungunya avec près de 27 000 cas recensés depuis le début de l’année 2025, selon Santé publique France (bulletin épidémiologique du 9 avril 2025).

Transmis par le moustique-tigre, le virus met sous tension le système de santé de l’île, où deux décès ont été constatés. “L’épidémie poursuit sa progression avec 6 289 cas détectés en S13 (du 24 au 30 mars, NDLR). L’épidémie est généralisée et majeure“, confirme Santé publique France, alors que le pic est attendu mi-avril. “Les indicateurs en lien avec le chikungunya en médecine de ville, aux urgences ainsi qu’à l’hôpital poursuivent leur hausse“.

Sur les cas les plus récents (depuis mi-mars), 36 sont jugés graves, “dont 16 chez des nouveaux-nés ou des nourrissons qui présentaient un état clinique sévère nécessitant une prise en charge en soins intensifs“.

Le chikungunya est une maladie virale identifiée pour la première fois en Tanzanie en 1952. Transmis par les moustiques femelles des espèces Aedes aegypti et Aedes albopictus, auquel appartient le moustique tigre, la piqûre prélève le virus sur une personne infectée et lors d’une seconde piqûre sur une personne saine, l’infecte. Ces espèces sont en activité tout au long de la journée. Originaire d’Afrique, le virus a connu une expansion géographique impactant alors l’Asie, les Amériques et l’Europe. 

Car le moustique-tigre, en effet, ne prolifère pas seulement en zone tropicale. On détecte sa présence dans la quasi-totalité des départements français, ce qui pousse à cette interrogation : une arrivée en France métropolitaine du virus est-elle envisageable ? Selon les données du ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles, la présence du moustique tigre, principal vecteur du virus, s’est largement étendue sur le sol hexagonal. Détecté pour la première fois en 2004 dans les Alpes-Maritimes, il est aujourd’hui présent dans 78 des 96 départements français

Cette prolifération doit essentiellement au réchauffement climatique, qui bouleverse la biodiversité et favorise l’apparition d’espèces jusqu’ici inconnues sur le sol national. Des cas dits “importés”, par des personnes revenant de séjours à l’étranger, sont régulièrement signalés en France métropilitaine.

La nouveauté tient dans la détection épisodique de cas dits “autochtones”, avec des personnes piquées sur place par le moustique-tigre. L’an dernier, Santé publique France avait signalé un unique cas autochtone, durant l’été en Île-de-France.

L’heure n’est donc pas à l’inquiétude, au regard de chiffres bien moindres que ceux de la dengue, par exemple. Près d’une centaine de cas autochtones de ce virus également transmis par le moustique-tigre avaient été recensés en France en 2024. Mais la flambée épidémique qui touche La Réunion incite tout de même à la vigilance, ne serait-ce qu’en raison de la gravité de symptômes potentiellement mortels.

Le virus se manifeste de différentes manières et est le plus dangereux chez les personnes fragiles. C’est le cas des personnes âgées, en particulier celles présentant des comorbidités, ainsi que des nourrissons.

Après un délai d’incubation de 2 à 10 jours, le virus peut entraîner des atteintes articulaires souvent très invalidantes. Des maux de tête et douleurs musculaires peuvent survenir, accompagné de fièvre et/ou d’une éruption cutanée au niveau des membres et du tronc. Certains cas, toutefois rares, développent des formes neurologiques graves pouvant atteindre les nerfs périphériques.

Cependant, la maladie est rarement mortelle et sévère. La plupart des cas présentent des symptômes disparaissant en quelques jours. On parle d’une phase aiguë, voire pour les signes articulaires quelques semaines ou quelques années respectivement les phases post-aigu et chronique. L’âge du malade reste un facteur important de son rétablissement. 

Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique pour le Chikungunya. La prise en charge médicale a seulement pour objectif de soulager les symptômes, notamment en utilisant des traitements anti-douleurs et anti-inflammatoires. 

Un vaccin ayant pour objectif de prévenir la maladie causée par le virus a récemment été mis sur le marché. Le IXCHIQ a reçu une autorisation de mise sur le marché européen le 28 juin 2024 et est efficace à 98,9%. 

Une campagne de vaccination gratuite se met d’ailleurs en place à La Réunion pour les personnes les plus fragiles, de plus de 65 ans avec comorbidités. Quarante mille doses du vaccin IXCHIQ sont attendues pour cette campagne. Il est également disponible à la vente en pharmacie pour un prix entre 180 et 280 euros la dose. Il est cependant recommandé de conserver une protection contre les piqûres, même pour les vacciner. 

À SAVOIR

Les moyens de se protéger des piqûres de moustiques (moustiques-tigres ou moustiques conventionnels) sont les répulsifs cutanés (mais gare aux excès !), le port de vêtements couvrants ou l’utilisation d’une moustiquaire. La meilleure action pour limiter la prolifération des moustiques, et donc leur reproduction, consiste à éliminer toute eau stagnante (gouttières bouchées, flaques d’eau, soucoupes de plantes, bassins abandonnés…), lieux privilégiés pour leur ponte.

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