Un homme qui se fait vacciner dans les derniers pour se protéger du chikungunya.
La vaccination des plus de 65 ans contre le chikungunya est suspendue à La Réunion. © Freepik

À La Réunion, l’espoir d’endiguer l’épidémie de chikungunya grâce à la vaccination a été brutalement douché. Après plusieurs décès suspectés d’être liés au vaccin, les autorités sanitaires ont décidé de suspendre la campagne pour les plus de 65 ans. Décryptage.

Depuis janvier 2025, La Réunion affronte une épidémie massive de chykungunya, ce virus transmis par les moustiques tigres. En à peine quelques mois, plus de 40 000 cas ont été recensés, selon Santé publique France. Pour protéger les populations les plus vulnérables, notamment les seniors, une campagne de vaccination ciblée a été lancée le 7 avril avec Ixchiq, le premier vaccin contre le chikungunya autorisé en Europe.

Développé par la biotech franco-autrichienne Valneva, ce vaccin utilise une technique bien connue : un virus vivant atténué pour stimuler une réponse immunitaire efficace. L’enjeu était clair : prévenir les formes graves, parfois mortelles, chez les plus de 65 ans. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu.

Trois décès et des doutes sur la sécurité du vaccin

Entre le 23 et le 25 avril, trois patients âgés, tous de plus de 80 ans et présentant plusieurs comorbidités (diabète, hypertension, maladies cardiaques…), ont présenté des complications sévères après leur injection.

Selon les premières analyses de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), il existe un lien de causalité “très vraisemblable” entre le vaccin et ces effets indésirables graves. Un des patients est malheureusement décédé, plongeant les autorités dans une situation sanitaire délicate.

Le vaccin, reposant sur un virus vivant, peut provoquer chez les personnes très fragiles une réponse immunitaire trop violente, voire déclencher des symptômes proches de la maladie elle-même. Ce mécanisme est rare, mais connu avec d’autres vaccins vivants (comme celui de la fièvre jaune).

Pourquoi suspendre uniquement chez les seniors ?

Face à ces événements dramatiques, les autorités ont choisi une réponse rapide : suspendre immédiatement la vaccination des personnes âgées de plus de 65 ans. Chez les adultes plus jeunes, où aucun événement grave n’a été signalé à ce jour, la vaccination se poursuit.

Valneva précise de son côté que le profil de sécurité du vaccin reste bon dans les autres tranches d’âge, mais que des investigations complémentaires sont en cours pour évaluer le risque chez les populations les plus fragiles. ” Valneva s’engage à respecter les normes de sécurité les plus strictes et convient de l’importance de poursuivre les protocoles de surveillance rigoureux qui sont en place. Nous apprécions les mesures de précaution prises par les autorités pendant que les examens sont en cours et dans le contexte de la campagne de vaccination active. Nous continuons à encourager les professionnels de santé à évaluer le bénéfice/risque de la vaccination en fonction des antécédents médicaux de chaque personne, pendant que nous travaillons sur une mise à jour potentielle de l’indication du produit », a expliqué Juan Carlos Jaramilo, directeur médical de Valneva. Ce dernier précise que ce jour, la société franco-autrichienne a fourni 40 000 doses du vaccin Ixhiq

Si La Réunion a sauté sur l’opportunité du vaccin, ce n’est pas pour rien. Le chikungunya est bien plus qu’une “grippe tropicale” : il peut provoquer des douleurs articulaires chroniques invalidantes et, chez les personnes âgées ou fragiles, entraîner de sévères complications, voire des décès.

L’épidémie actuelle est la plus importante depuis celle de 2005, qui avait touché près de 40 % de la population réunionnaise, rappelle Santé publique France.

En l’absence de vaccin sûr pour tous, la lutte se recentre donc sur les armes classiques : protection contre les piqûres de moustiques, démoustication intensive, et surveillance accrue des cas graves. Une situation évidemment suivie de très près par les autorités sanitaires en métropole, avec la crainte d’une nouvelle épidémie au cœur de l’été.

À SAVOIR

Depuis la grande épidémie de La Réunion en 2005-2006, qui avait infecté plus de 266 000 personnes sur l’île selon Santé publique France, les chercheurs tentaient de mettre au point une protection efficace.
Jusqu’à la mise sur le marché d’Ixchiq, il n’existait aucun vaccin homologué contre ce virus pourtant présent sur plusieurs continents (Afrique, Asie, Amériques). 

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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