Preuve de l’accélération de l’épidémie de coronavirus en Auvergne-Rhône-Alpes, la plateforme de contact tracing de la CPAM du Rhône enregistre un nombre record de cas positifs. Face à cette poussée épidémique, les 320 agents de l’Assurance Maladie ont désormais une priorité : Identifier tous les porteurs du virus et leurs cas contacts pour casser la chaîne de contamination.
“L’augmentation est significative dans le Rhône depuis mi-septembre. La hausse est même exponentielle depuis plus d’une semaine. On a ainsi enregistré plus de 2000 cas diagnostiqués positifs sur la seule journée du 14 octobre“. Les dernières informations fournies par Maxime Beltier, pilote de la plateforme de contact tracing de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) du Rhône, laissent peu de place au doute. Malgré les mesures de restriction prise par le gouvernement, l’épidémie de coronavirus prend de l’ampleur dans le Rhône. Elle s’accélère même en ce début d’automne.
Dans ce contexte inquiétant, les équipes de l’Assurance Maladie du Rhône redoublent d’effort sur la plateforme de Villeurbanne pour traquer le coronavirus. Depuis le lancement du dispositif de “contact tracing”, le 13 mai dernier, plus de 112 000 personnes ont déjà été identifiées et appelées.
Parmi ces personnes identifiées et appelées, environ un quart sont des patients diagnostiqués positifs à la Covid. Les autres appels concernent des cas contacts susceptibles d’avoir été contaminés. “La semaine dernière, l’Assurance Maladie a réussi à joindre 95 % des patients positifs et 92 % des cas contacts“, précise la direction de la CPAM du Rhône.
Casser la chaîne de contamination du coronavirus
Pour freiner la progression de l’épidémie, les équipes de l’Assurance Maladie du Rhône continuent de s’adapter. Avec de nouveaux moyens, tant humains qu’organisationnels. ” Notre priorité ? Identifier, appeler et informer au plus vite de la conduite à tenir tous les patients diagnostiqués positifs à la Covid-19 et leurs cas contact afin de casser les chaînes de contamination du virus “, explique Emmanuelle Lafoux, directrice générale de la CPAM du Rhône.
Concrètement, les appels passés depuis la plateforme servent à informer les personnes contaminées ou susceptibles de l’être. Priorité : rappeler les mesures à adopter. A savoir isolement via le télétravail ou arrêt de travail, modalités d’accès aux tests et aux masques, rappel des autres gestes barrières… ” 96 % des patients zéro appelés le sont dans les 24 heures qui suivent la confirmation de leur diagnostic. Par ailleurs, 81 % des personnes contact sont également appelées dans les 24 heures suivant la confirmation du diagnostic du patient zéro qu’ils ont croisé “, précise la CPAM du Rhône.
Pour que ce dispositif soit efficace, 7 jours sur 7, consigne a été donnée aux 55 000 médecins généralistes exerçant en France de faire remonter l’information le plus vite possible. Car ce sont eux qui sont en première ligne lors des consultations.
Responsabiliser les médecins pour remonter rapidement l’information
Cependant, depuis le 24 juillet, les patients peuvent avoir été dépistés positifs sans prescription d’un test par leur médecin. Un casse-tête pour le dispositif de traçage de l’Assurance Maladie.
Désormais, pour résoudre ce problème, l’Assurance Maladie du Rhône cherche à responsabiliser encore davantage les médecins. Ainsi, dès qu’un généraliste a connaissance d’un test positif chez l’un de ses patients, il doit systématiquement prendre contact avec l’intéressé. Pour une consultation ou, de préférence, une téléconsultation. ” Et ce, qu’il ait prescrit ou non le test à son patient, et qu’il ait été informé de la positivité du test par le laboratoire d’analyses médicales ou par le patient lui-même “, précise la direction de la CPAM du Rhône.
Autre maillon essentiel dans la traque au coronavirus, l’Agence régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes. Elle intervient pour prendre en charge les foyers de contamination groupés. Ces fameux clusters qui agissent comme autant de bombes à fragmentation dans la population.
4 000 appels passés en moyenne chaque jour depuis la plateforme
Au cœur du dispositif, la plateforme de contact tracing de la caisse primaire du département mobilise actuellement 320 agents. “Il n’y en avait qu’une vingtaine à la mi-août“, se souvient Emmanuelle Lafoux, directrice générale de la CPAM du Rhône.
Une armée d’anges gardiens indispensable pour faire face à l’accélération de l’épidémie et à l’importance de réagir très rapidement. “La plateforme gère entre 3 000 et 6 900 patients par jour. Le dimanche et le lundi sont les jours les plus creux. Les deux tiers des patients contactés sont envoyés au dépistage. Sachant qu’un cas zéro génère en moyenne entre deux et trois cas contacts“, note Maxime Beltier, pilote de la plateforme de contact tracing de la CPAM du Rhône.
Priorité, dépister et isoler les cas positifs
En moyenne, chaque agent passe entre 20 et 25 minutes par appel pour les cas positifs. Environ une dizaine de minutes pour les cas contacts. Le temps nécessaire pour recueillir les informations, répondre aux questions. Et, pour les cas contact, juger de la pertinence – ou non – d’aller se faire tester.
“Au-delà de l’accompagnement du patient et des questions autour de sa santé et/ou de ses symptômes, nous retraçons l’ensemble des contacts qu’il a pu avoir 48 heures sen amont de ses symptômes jusqu’à son isolement. Ou 7 jours en amont du résultat si le patient est asymptomatique. Un traçage essentiel pour joindre les personnes au plus vite“, détaille Maxime Beltier.
Enfin, pour faciliter le travail de conviction des enquêteurs sanitaires, des messages de sensibilisation sont adressés par sms en amont du contact téléphonique pour les patients zéro. Des mail via le compte ameli sont aussi adressés à la place des appels téléphoniques pour certains cas contacts. Objectif ? Rappeler les règles à suivre concernant le dépistage, l’isolement ou l’arrêt de travail.
A SAVOIR
Lors de son intervention télévisée, Emmanuel Macron a admis que l’application de traçage des cas contacts sur smartphone baptisée StopCovid ” n’a pas marché “. Conséquence, cette application téléchargée 2,6 millions de fois depuis son lancement, en juin dernier, va être abandonnée. A la place, le chef de l’Etat a annoncé le lancement d’une autre application : TousAntiCovid. Outre le traçage des cas contacts et l’identification des foyers de contamination, cette application plus complète sera une sorte de hub d’information sur le coronavirus. ” Comment circule le virus là où vous êtes ? Où sont les points pour se faire tester. Il y aura des informations générales, des informations plus particulières et locales “, a expliqué Emmanuel Macron. Lancement officiel de TousAntiCovid le 22 octobre.