Un clown à l'hôpital, pour redonner le sourire aux enfants malades, telle est la vocation de l'association Docteur Clown.
La bonne humeur et la joie de vivre peuvent être factrices : confrontés à la mort et à la détresse des petits malades, des familles et des soignants, les clowns de l'association bénéficient tous d'un suivi psychologique régulier. Photo DR

Depuis près de 30 ans, l’association Docteur Clown offre quelques instants de bonheur en se rendant au chevet d’enfants hospitalisés en Auvergne-Rhône-Alpes. Une noble mission pour des artistes professionnels formés à cet exercice parfois traumatisant.

Nom : Thibaut Martinent. Age : 51 ans. Profession : clown hospitalier. C’est une blague ? Non, ce Villeurbannais formé aux subtilités de la magie et du cirque exerce ce « drôle » de métier depuis plus de 25 ans. « A l’époque, je ne connaissais rien du milieu hospitalier et de la profession de clown, encore moins à l’hôpital ! », se souvient ce pionnier de l’association Docteur Clown, créée à Lyon en 1995.

« Au début, on faisait peur aux praticiens. Aujourd’hui, ce sont eux et leurs équipes qui nous réclament pour travailler en symbiose lors de certaines interventions avec des enfants, que ce soit aux urgences ou pour une simple prise de sang ».

Mais l’essentiel des interventions de Thibaut Martinent se déroule dans un cadre plus intimiste, dans la chambre d’enfants en souffrance physique et/ou morale. Des passages éclairs, à répétition, ou parfois beaucoup plus prolongés en fonction de l’état et de la réceptivité de l’enfant.

Le nez rouge du clown, comme une « carapace » face à la détresse

Avant de pousser la porte, le clown villeurbannais prend connaissance du contexte : sexe, prénom, âge, durée d’hospitalisation, parcours de soins de l’enfant… Malgré cette « fiche pratique », la part d’inconnue reste élevée pour ces professionnels du rire, tant auprès des jeunes patients que de leur entourage. « On ne sait jamais ce qui nous attend derrière la porte. Certains parents sont surpris, parfois en colère, souvent en détresse. Le plus difficile, ce sont les visites dans le service d’oncologie. La mort n’est jamais loin. On essaie d’en repousser le spectre avec notre nez rouge. Il nous protège, comme une carapace ».

Malgré tout, les clowns hospitaliers sont quotidiennement confrontés à des circonstances éprouvantes. « Certains enfants ont des handicaps lourds. Il est compliqué de communiquer. Mais le plus bouleversant, c’est le regard des parents et des soignants. Parfois, on perçoit la mort dans leurs yeux. On ne s’habitue pas à cette souffrance ». 

Voilà pourquoi les professionnels de l’association agissent toujours en binôme. « Seul, on peut s’effondrer. Si l’un craque, l’autre prend le relais ». Les 18 clowns de l’association font aussi l’objet d’un suivi psychologique mensuel.

Le rire, c’est du sérieux

Pour faire face à la demande du personnel soignant et de l’encadrement, mais aussi élargir leur champ d’action à d’autres établissements (1), Docteur Clown a récemment recruté trois nouveaux talents. Tous interviennent par sessions de demies journées ou de journée entière, avec en moyenne entre 12 et 20 visites/jour auprès de jeunes de 0 à 18 ans. « Nous clowns ne font pas que de l’hospitalier compte-tenu du caractère très éprouvant de l’activité », précise la présidente de Docteur Clown, Nadia Alibay, dont l’un des grands défis consiste à recueillir suffisamment de dons, chaque année, pour financer et développer les activités de l’association.

« Il faut recueillir 30 euros pour deux rires d’enfants, 150 euros pour 10 rires », insiste Nadia Alibay. Pour y parvenir, la présidente compte sur la générosité des particuliers (2) et organise des événements caritatifs (voir le « à savoir ») où l’on peut parfois croiser les parrains de l’association, l’actrice Mimie Matty et le footballeur Bernard Lacombe. Elle vient aussi de créer un Club des Partenaires, structure destinée à recueillir des fonds d’entreprises déjà au nombre d’une cinquantaine.

  • (1) Dr Clown intervient dans une quinzaine d’établissements hospitaliers du Rhône (HFME, Edouard-Herriot, Cardio…), de l’Isère, de l’Ain et de la Loire. Cet automne, l’association sera à l’œuvre dans le service d’oncologie pédiatrique du CHU de Saint-Etienne. En janvier prochain, les clowns feront leur apparition dans le service de néonatalité de l’hôpital de la Croix-Rousse du Pr Olivier Claris.
  • (2) Reconnue d’intérêt général, l’association Docteur Clown permet aux donateurs de bénéficier d’une réduction fiscale de 66%.

A SAVOIR

Les 18 et 19 novembre, l’association Dr Clown organisera au H7, à Lyon, la première édition de « Danse en cœur ». Cette opération caritative inédite sera la déclinaison urbaine de « Glisse en cœur », événement qui a déjà récolté plus de 4 millions d’euros de dons en treize éditions dans les montagnes françaises. Rock, valse, salsa, charleston… Durant 24 heures, des danseurs aguerris ou novices se relaieront par équipe de dix sur la piste du quartier de la Confluence. Premiers pas le samedi 18 novembre à 14 heures.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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