Une jeune femme en état d'ébriété pendant les fêtes, quelques jours avant le Dry January.
Les excès des fêtes de fin d'année ne sont pas encore dissipés et le Dry January arrive à point nommé pour une petite cure tout aussi curative... que préventive. ©Look Studio/Freepik

Alors que près de neuf Français sur dix consomment de l’alcool régulièrement, nombreux sont ceux qui ne prennent pas la mesure de leurs excès, voire de leur addiction. Une question soulevée comme chaque année au moment du Dry January, le mois de l’année durant lequel on décide… de ne plus lever le coude. Une décision qui favoriserait une éventuelle prise de conscience des méfaits de l’alcool, globalement confrontée à des freines culturels très importants dans notre pays. On sait pourtant que l’alcool est le deuxième facteur de risque de maladies graves et le nombre de décès annuel qui lui sont imputables est toujours aussi élevés. Le point sur les bienfaits du Dry January avec le Pr Benjamin Roland, addictologue à Lyon, invité de l’émission Votre Santé.

Le Dry January, ou “mois sans alcool” bat son plein, et s’il n’existe aucun encadrement médical à cette initiative populaire venue d’outre-manche, les professionnels de santé s’accordent pour mettre en avant tous les bienfaits préventifs de l’opération. Une occasion de tester sa dépendance aux boissons alcoolisées… C’est en substance ce qu’a révélé le Professeur Benjamin Rolland, addictologue aux Hospices Civils de Lyon.

La consommation d’alcool est excessive en France et en Auvergne-Rhône-Alpes notamment. On sait pourtant que l’alcool est à l’origine de 41 000 décès chaque année dans le pays. Et que l’alcool est l’un des principaux facteurs de risque de maladies graves (après le tabac). Marquer une pause dans sa consommation est sans doute un bon moyen de prendre la mesure des réalités d’une addiction qui, parfois, est présente sans que l’on en ait conscience.

Un mois sans alcool

Qu’est-ce que le Dry January ?

Il s’agit d’une initiative née en Angleterre, c’est le défi d’essayer de ne pas boire une goutte d’alcool pendant le mois de janvier : symboliquement le mois qui suit les fêtes et ses excès. On se recentre sur soi, sur des comportements de santé globaux. Cela permet de faire le point sur sa consommation d’alcool, qui pourrait être trop élevée ou trop fréquente, car l’on est parfois pris par des habitudes et on ne se rend pas forcément compte.

Quelle est votre avis sur ce Dry January ?

Je trouve ceci plutôt intéressant car cela permet de s’interroger soi même. À l’image des défis physiques où il faut par exemple essayer de courir 1 km: cela parait inutile mais lorsque nous l’effectuons, nous nous apercevons que ce n’est pas si simple.

“Le Dry January agit comme de la prévention”

À partir de quel seuil sommes-nous addict ?

Il n’y a pas de seuil car l’addiction n’est pas une question de quantité mais de conséquences. On est addict à l’alcool quand ce dernier a envahi la sphère de vie, lorsqu’il y a des conséquences professionnelles ou familiales majeures. Ce n’est donc pas un niveau de consommation. En revanche il peut y avoir des usages à risques sur le long terme sans qu’il y ait de conséquences visibles sur la santé. Généralement le Dry January cible cette catégorie de personnes en agissant comme de la prévention ; et non celles ayant une addiction avérée à l’alcool, qui eux ont besoin d’une intervention médicale.

Quelles sont les conséquences néfastes d’une consommation excessive d’alcool ?

La perte progressive des sphères de vie habituelles : professionnelles et familiales, matérialisées par des ruptures, licenciement, etc. Le résultat d’un stade avancé et d’une pathologie médicale qui s’est installée. Lorsque l’on boit trop, le mésusage d’alcool, les conséquences peuvent être insidieuses, difficilement perceptibles par l’entourage ni la personne elle-même.

Cela peut être des choses assez banales telles que des troubles du sommeil, une prise de poids, une irritabilité… Nous mettons ces problèmes sur le dos d’autres facteurs tels que le stress mais c’est un cercle vicieux. L’alcool est utilisé comme un mauvais médicament pour calmer de l’anxiété, du stress pro ou des troubles du sommeil. L’alcool a l’effet inverse en alimentant ces symptômes.

Excès de l’alcool : les jeunes en première ligne

Avez-vous constater une augmentation de ces addictions avec le Covid ?

Tout à fait, de nombreuses études l’ont confirmé. Le Covid d’une manière générale, avec un stress inédit qui a sidéré tout le monde puis les confinements et toutes les répercussions sociales qu’ils ont provoqué, ont eu des conséquences psychologiques et psychiatriques. Et cela entraine une recherche d’apaisement et notamment dans les substances. On a constaté une détresse psychologique intense en particulier chez les jeunes lors du deuxième confinement. C’était en plus un confinement d’hiver, où l’on a constaté une détérioration globale de l’état de santé des jeunes. Les crises sociales s’enchainent et ce sont des facteurs de stress récurrents.

Est-il vrai que l’on boit de plus en plus tôt ?

Il  y a une disparité qui se crée dans la jeunesse : une partie qui commence à ne plus boire du tout, consciente des méfaits de l’alcool sur la santé, et une autre, excessive, qui a tendance à boire ”abusément” et se confronte à des risques tels que des comas éthyliques ou des accidents.

Qu’est ce que l’alcool mondain ?

Ce n’est pas un terme médical mais c’est lorsque les consommations d’alcool sont dictées par des règles sociales. 

On entend qu’un petit verre par jour fait du bien à la santé, est-ce vrai ?

C’est faux, toute consommation peut être nuisible pour la santé. 

À SAVOIR

Selon une enquête récente BVA pour la Ligue contre le Cancer, 86% des Français consomment de l’alcool. 31% d’entre eux reconnaissent dépasser les seuils recommandés. Des chiffres qui augmentent chez les jeunes : s’ils sont 78% à consommer de l’alcool, 45% le font en excès.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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