Difficultés à lire, inversions de lettres… Et s’il ne s’agissait pas simplement d’un “retard scolaire” ? La dyslexie, trouble spécifique du langage écrit, concernerait entre 3 et 5 % des enfants en France, selon l’Inserm. Encore trop souvent méconnue ou minimisée, elle peut pourtant impacter durablement le parcours scolaire et la confiance en soi. À condition d’être repérée tôt et bien accompagnée, elle n’empêche en rien la réussite. Ma Santé fait le point sur ce trouble de l’apprentissage avec le concours de la Fédération Nationale des Orthophonistes, et revient sur les solutions concrètes pour mieux comprendre la dyslexie et accompagner les enfants au quotidien.
Aujourd’hui, les demandes de bilans orthophoniques explosent. En cause ? Notamment une meilleure reconnaissance des troubles dys comme la dyslexie (ou trouble spécifique des apprentissages), qui concerne aussi bien les enfants que les adultes.
En effet, dès qu’un enfant présente des signes de difficultés à l’entrée du langage écrit, l’école peut orienter vers un bilan orthophonique. Ce bilan permet de mieux comprendre l’origine du trouble et réorienter vers d’autres professionnels pour mener des bilans complémentaires (neuropsychologues, psychomotriciens, orthoptiste, ergothérapeute, ORL, ophtalmo).
Une fois le diagnostic posé, le corps enseignant, le médecin scolaire et la famille peuvent réfléchir à des aménagements pour adapter les apprentissages aux besoins de l’élève.
Dyslexie : un trouble spécifique des apprentissages de plus en plus dépisté
On parle souvent de “plus de cas qu’avant”, mais c’est surtout le repérage qui s’améliore. Grâce à une vigilance plus importante des enseignants, des familles et des professionnels de santé, la dyslexie est détectée plus tôt.
L’objectif ? Agir rapidement pour éviter que les difficultés ne s’installent durablement.
Et contrairement à une idée reçue, le bilinguisme ne favorise ni la dyslexie ni les troubles de la lecture. Une fois que l’enfant maîtrise bien ses deux langues, ses compétences en lecture sont tout à fait équivalentes à celles des monolingues.
Cependant, certaines erreurs liées à l’apprentissage d’une langue seconde, comme des inversions ou un rythme de lecture irrégulier, peuvent ressembler à tort à des signes de dyslexie. Si l’évaluation ne prend pas en compte le contexte bilingue, cela peut entraîner un surdiagnostic… ou un sous-diagnostic.
Il est donc essentiel que l’évaluation soit menée par des professionnels formés, avec des outils adaptés et, si possible, dans les deux langues. Le bilinguisme ne pose pas problème en soi, mais il peut brouiller les pistes si le parcours linguistique de l’enfant est ignoré.
Les origines du trouble de la dyslexie
D’où vient la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble neurodéveloppemental, c’est-à-dire lié au fonctionnement du cerveau dès les premières étapes de la vie. Elle n’a rien à voir avec un manque d’effort ou un défaut d’éducation.
Souvent, ce sont les capacités à identifier et manipuler les sons du langage (la “conscience phonologique”) qui sont touchées. Il devient alors difficile de faire le lien entre les lettres et les sons, une étape pourtant essentielle dans l’apprentissage de la lecture.
Mais dans certains cas, on retrouve une prédisposition génétique : si un parent est dyslexique, l’enfant a plus de risques de l’être aussi.
Quels sont les symptômes de la dyslexie ?
Identifier les manifestations de la dyslexie n’est pas toujours facile, surtout chez les jeunes enfants. Pourtant, certains signaux doivent tout de même attirer l’attention, en particulier dès l’entrée en CP, lorsque l’apprentissage de la lecture devient une base centrale de l’apprentissage.
Voici quelques signes courants à surveiller chez l’enfant :
- Une lecture lente, hachée, parfois accompagnée d’inversions de lettres ou de syllabes.
- Une difficulté à mémoriser les lettres et les sons qui leur sont associés.
- Une écriture instable, avec de nombreuses fautes d’orthographe malgré des efforts visibles.
- Une meilleure compréhension orale que lors de la lecture.
- Une grande fatigue face aux tâches de lecture ou d’écriture.
Et chez l’adulte ? Car la dyslexie ne disparaît pas avec l’âge. Cependant, elle peut être mieux compensée. Un adulte dyslexique peut encore lire lentement, faire des fautes fréquentes à l’écrit, ou éviter certaines situations professionnelles où l’écrit est très présent. Mais il développe souvent des stratégies efficaces pour contourner les difficultés.
Attention: ces signes ne sont pas forcément synonymes de dyslexie, mais ils justifient un bilan auprès d’un orthophoniste pour poser un diagnostic clair.
Quels sont les impacts de la dyslexie sur le quotidien ?
La dyslexie peut avoir des répercussions importantes sur la vie scolaire, sociale et émotionnelle. Un enfant dyslexique peut se sentir en décalage, éprouver des difficultés à suivre en classe malgré ses efforts, et perdre confiance en lui. Certains redoutent la lecture à voix haute, ou développent une forte anxiété face à l’école.
Sans accompagnement adapté, ces difficultés peuvent aussi impacter plus généralement l’estime de soi ou engendrer un décrochage scolaire.
Avec un bon suivi et en fonction de la sévérité du trouble, un enfant dyslexique peut réussir aussi bien que les autres. Mais sans aide, le risque est réel entre échecs scolaires, orientation subie, repli sur soi ou anxiété chronique.
À l’âge adulte, la dyslexie peut poser problème dans certains métiers ou concours si aucune adaptation n’est prévue. D’où l’importance d’un diagnostic précoce et d’un accompagnement sur le long terme.
Dyslexie : quelles sont les solutions et accompagnements ?
La dyslexie ne se “soigne” pas comme une maladie, on en vient jamais à bout mais une prise en soin adaptée, un accompagnement et des aménagements permettent de compenser:
- Une rééducation orthophonique : séances régulières pour renforcer les bases de la lecture, de l’écriture, de l’écoute et de la compréhension des sons des mots.
- Des adaptations pédagogiques : temps supplémentaire aux examens, recours à un ordinateur, consignes simplifiées à l’oral…
- Un soutien psychologique : en cas de perte de confiance ou d’anxiété scolaire.
- Des outils numériques : synthèse vocale, correcteurs vocaux…
Finalement, avec de la patience, du soutien et des outils adaptés, la dyslexie ne doit pas être un frein à l’avenir.
À SAVOIR
Contrairement à ce qui peut être entendu, la dyslexie n’est pas une maladie mais un trouble durable du développement, il est important d’en faire la nuance. Et surtout, celle-ci n’est en aucun cas liée au niveau d’intelligence.