Une femme en train de faire des injections illégales de Botox.
L'ANSM a saisi le Procureur de la République en septembre 2024 au sujet des injections illégales de Botox. © Adobe Stock

Les injections illégales de Botox séduisent de plus en plus de personnes en quête d’un rajeunissement rapide et à moindre coût. Mais derrière ces pratiques clandestines se cachent de graves dangers : infections, nécroses cutanées, paralysies faciales et même des cas sévères de botulisme. Face à la recrudescence de ces complications, les autorités sanitaires alertent et rappellent les risques majeurs de ces actes réalisés hors du cadre médical.

Nécroses, paralysies, botulisme… Une pratique clandestine qui inquiète les autorités. Se faire injecter du Botox dans un salon de coiffure, un hôtel ou même un appartement est devenu une pratique courante. Les réseaux sociaux regorgent d’annonces proposant ces injections à des prix défiant toute concurrence.

Pourtant, ces offres cachent une réalité bien plus inquiétante : des produits de qualité douteuse, des injections réalisées sans aucune compétence médicale et des conséquences dramatiques pour les patients.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) tire la sonnette d’alarme. Ces derniers mois, plusieurs cas de complications graves ont été signalés en France, dont des formes sévères de botulisme ayant nécessité une hospitalisation en soins intensifs.

Des produits non contrôlés : un poison potentiellement mortel

L’un des principaux dangers des injections illégales de Botox réside dans l’origine des produits utilisés. Sur le marché clandestin, les flacons de toxine botulique proviennent souvent de l’étranger, sans aucun contrôle des autorités sanitaires françaises. Certains de ces produits sont des contrefaçons, ne contiennent pas la bonne concentration de toxine ou, pire, sont contaminés par des substances toxiques.

Une toxine mal dosée peut provoquer une diffusion excessive dans l’organisme, entraînant des effets indésirables graves, comme une paralysie généralisée ou des troubles respiratoires. Dans certains cas, les produits injectés ne sont même pas du Botox, mais d’autres substances non identifiées pouvant provoquer des réactions inflammatoires et des infections sévères.

Un autre problème majeur est la mauvaise dilution du produit. La toxine botulique est une substance puissante qui doit être préparée avec une précision extrême. Une dilution incorrecte peut entraîner soit une inefficacité totale du traitement, soit une toxicité dangereuse.

Un risque accru d’infections et de nécroses : la peau peut littéralement pourrir

Les conditions d’hygiène dans lesquelles sont pratiquées ces injections illégales sont souvent déplorables. Les aiguilles et les seringues ne sont pas toujours stérilisées, et les injections sont parfois réalisées sur une peau mal désinfectée. Résultat : des infections bactériennes graves peuvent survenir, conduisant à des abcès ou des septicémies (infection généralisée du sang).

Le risque de nécrose cutanée est également très élevé. La nécrose est un phénomène où la peau meurt à cause d’une mauvaise circulation sanguine. Elle peut survenir si la toxine est injectée au mauvais endroit, bloquant l’irrigation d’une zone du visage. Concrètement, cela signifie que la peau devient noire, se dessèche et finit par tomber, laissant des cicatrices profondes et irréversibles. Certaines victimes de ces injections clandestines ont dû subir des greffes de peau pour réparer les dégâts.

Des paralysies faciales irréversibles : un visage figé et asymétrique

Une mauvaise injection peut causer des paralysies musculaires incontrôlées. Le Botox agit en bloquant les signaux entre les nerfs et les muscles. Mais s’il est mal injecté, il peut affecter des muscles non ciblés, entraînant des déformations du visage. Parmi les effets secondaires les plus fréquents des injections mal réalisées, on retrouve :

  • Une paupière tombante, qui donne un regard asymétrique et fatigué.
  • Un sourire figé ou déformé, avec une bouche qui semble “tirer” d’un côté.
  • Une perte de mobilité faciale, empêchant certaines expressions naturelles du visage.

Dans certains cas, ces paralysies peuvent durer plusieurs mois, voire devenir permanentes si les nerfs sont endommagés. Contrairement à ce que certains pensent, il n’existe pas toujours de solution pour corriger ces erreurs, et certaines victimes se retrouvent avec un visage asymétrique à vie.

Le risque ultime : le botulisme, une maladie potentiellement mortelle

Le botulisme est l’un des effets secondaires les plus graves pouvant découler d’injections illégales de toxine botulique. Il s’agit d’une intoxication provoquée par une diffusion excessive de la toxine dans l’organisme, affectant le système nerveux. Les symptômes du botulisme peuvent apparaître quelques heures à quelques jours après l’injection et incluent :

  • Une fatigue intense et une sensation de faiblesse musculaire inhabituelle.
  • Une vision floue ou double, pouvant s’aggraver rapidement.
  • Des difficultés à parler et à avaler, avec une sensation d’étouffement.
  • Une paralysie progressive, pouvant s’étendre aux muscles respiratoires.

Dans les cas les plus sévères, le botulisme peut entraîner une paralysie du diaphragme, empêchant la respiration et nécessitant une hospitalisation en réanimation avec assistance respiratoire. Certains patients doivent être placés sous ventilation artificielle pendant plusieurs semaines pour survivre. Les récents cas recensés en France montrent que le botulisme lié à ces injections illégales est une réalité. Certaines victimes ont dû être admises en urgence en soins intensifs après une injection mal réalisée.

Les victimes des injections illégales de Botox sont de plus en plus nombreuses. Attirées par des prix défiant toute concurrence, certaines personnes se retrouvent avec des séquelles irréversibles. Plusieurs femmes ont raconté leur expérience après avoir eu recours à des injections illégales. L’une d’elles explique avoir vu son front se noircir, signe de nécrose, quelques jours après l’injection. Une autre a été touchée par une paralysie faciale, l’empêchant de parler correctement pendant plusieurs mois.

Ces témoignages ne sont pas isolés. De nombreux patients victimes de ces pratiques doivent subir des interventions médicales lourdes pour réparer les dégâts, parfois sans succès.

Malgré les risques, le marché clandestin du Botox ne cesse de croître. Plusieurs raisons expliquent cette tendance inquiétante :

  • Le prix : les injections réalisées en cabinet médical coûtent entre 300 et 600 euros selon les zones traitées. Les offres clandestines, elles, affichent des prix jusqu’à trois fois inférieurs, entre 100 et 200 euros. Un argument de poids pour ceux qui veulent un effet “anti-âge” à moindre coût.
  • L’influence des réseaux sociaux : de nombreuses injectrices illégales se font connaître via Instagram, TikTok ou Snapchat. Des influenceurs en font la promotion, banalisant ces pratiques et donnant l’illusion qu’il s’agit d’une solution sans danger.
  • Le manque d’information : beaucoup de personnes ignorent que seules les injections réalisées par des médecins sont autorisées. Certains pensent que les résultats seront les mêmes, sans savoir que les risques pour leur santé sont bien réels.

Seuls les professionnels de santé sont habilités à injecter de la toxine botulique. Pour éviter les pièges des injections clandestines, quelques règles essentielles doivent être suivies :

  • Ne jamais accepter d’injections en dehors d’un cabinet médical (hôtels, salons de coiffure, appartements sont à proscrire).
  • Vérifier que l’injecteur est bien un médecin inscrit à l’Ordre des médecins (les esthéticiennes et autres praticiens non-médecins n’ont pas le droit de pratiquer ces actes).
  • Demander la traçabilité du produit injecté : le praticien doit fournir le nom du fabricant, le numéro de lot et la provenance du produit.
  • Se méfier des offres sur les réseaux sociaux : un prix trop bas est souvent synonyme de danger.

Un Botox à bas prix peut coûter très cher en complications médicales.

Face à la recrudescence de ces pratiques illégales, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a intensifié les contrôles et les signalements. Les injecteurs clandestins risquent jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour exercice illégal de la médecine.

Des enquêtes sont régulièrement menées pour démanteler ces réseaux, mais la vigilance des consommateurs reste essentielle. Seule une prise de conscience collective pourra freiner cette dangereuse tendance.

À SAVOIR

Bien que les cas de botulisme associés aux injections de toxine botulique soient rares, des incidents ont été documentés par le passé. Par exemple, en 2023, une série de cas de botulisme iatrogène a été signalée en Turquie, touchant des patients ayant reçu des injections de toxine botulique de type A pour des traitements médicaux. Un rapport publié par L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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