Une femme qui fait la sieste au travail pendant sa pause déjeuner.
une sieste de 20 min prise 6 h après le réveil pourrait améliorer la productivité d'un salarié d'environ 40% ! © Freepik

Dans un monde où le stress et la fatigue au bureau explosent, la sieste au travail apparaît comme un remède presque trop simple pour être vrai. Pourtant, bien qu’encore timide, cette pratique gagne du terrain, portée par des études solides, des grandes entreprises et un soutien politique inattendu, manifesté tout récemment par le ministre de la Santé en personne, Yannick Neuder. Pourquoi la sieste est-elle bénéfique ? Pourquoi peine-t-elle à s’imposer ? On vous explique.

Après le repas de midi, nombre d’entre nous se sentent somnolents, voire carrément KO. Rien d’étonnant, explique l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), puisqu’environ 19 % des salariés français reconnaissent s’assoupir parfois au travail, souvent à cette heure-là.

Ce coup de fatigue est naturel, lié à notre horloge biologique. Mais la façon dont on y répond est plus étonnante. Au lieu de lutter, pourquoi ne pas accueillir ce besoin avec une micro-sieste de 10 à 20 minutes ? Cette idée, longtemps moquée ou assimilée à de la paresse, se transforme en véritable stratégie de performance et de bien-être au travail.

La sieste, booster naturel de performance

Loin d’être une simple légende urbaine, les bienfaits de la sieste sont validés par la science. Une étude de la NASA, réalisée en 1995 auprès de pilotes, a montré qu’une sieste courte, entre 10 et 30 minutes, augmente la productivité de 34 % et la vigilance de 54 %.

La micro-sieste permet de relâcher la pression accumulée, de réduire le taux de cortisol (l’hormone du stress), et de favoriser la consolidation de la mémoire. Elle stimule aussi la créativité, point crucial dans des environnements où l’innovation est un moteur.

Au-delà de la productivité, la sieste améliore la santé globale. Un système immunitaire renforcé, une meilleure gestion du stress, une réduction des risques d’accidents liés à la fatigue… Autant d’avantages qui rendent cette pause plus qu’intéressante, surtout dans une société où l’épuisement professionnel progresse.

Des entreprises pionnières en France, un soutien ministériel

La tendance ne s’arrête pas à la théorie. Plusieurs grands groupes français, comme Renault, Orange ou Sanofi, ont déjà aménagé des espaces dédiés à la sieste pour leurs employés. Ces « siestothèques » modernes offrent un cadre calme, des fauteuils relaxants, parfois même des capsules spéciales, pour s’accorder ce temps de récupération.

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, s’est récemment fait le porte-voix de cette tendance, en appelant à « réinventer les pauses au travail » et à aménager « des espaces pour les micro-siestes ». Pour lui, la sieste est une clé pour améliorer la santé au travail et booster la productivité, dans un contexte où le mal-être des salariés reste préoccupant.

La France, terre de travail acharné avant tout

Malgré ce mouvement national, la sieste au travail peine à se généraliser. Plusieurs facteurs expliquent ce retard. D’abord, une culture professionnelle encore assez traditionnelle. Beaucoup d’employeurs et de salariés associent la sieste à une forme de paresse ou à une perte de temps. Un cliché tenace qu’il faudra casser. Ensuite, l’investissement requis pour aménager des espaces adaptés, même modestes, peut freiner. Surtout dans les PME.

Enfin, la peur de l’abus ou de la mauvaise image persiste. Certains redoutent que la sieste soit mal perçue par les collègues ou les clients. 

La sieste ne s’improvise pas. Pour qu’elle soit bénéfique et acceptée, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Durée limitée : 10 à 20 minutes maximum, pour éviter la somnolence prolongée ou la sensation de groggy.
  • Espace calme et confortable : un coin isolé, tempéré, avec un mobilier adapté.
  • Respect des horaires : idéalement après le déjeuner, pour bénéficier du pic naturel de somnolence.
  • Communication transparente : informer et sensibiliser pour casser les préjugés.
  • Règles claires : éviter les abus en définissant des temps et des usages stricts.

Ces bonnes pratiques permettent de maximiser les bénéfices tout en préservant la dynamique collective.

La sieste s’inscrit pleinement dans la démarche actuelle de qualité de vie au travail (QVT), désormais un enjeu central pour les entreprises soucieuses de fidéliser leurs talents et de réduire l’absentéisme.

Avec le vieillissement de la population active et la montée des troubles du sommeil, miser sur ce petit somme devient un investissement stratégique. Une étude récente a montré que la mise en place d’espaces sieste pouvait réduire jusqu’à 20 % les erreurs liées à la fatigue au travail.Reste à convaincre les derniers sceptiques, à aménager des espaces adaptés, et à dépasser les tabous. 

À SAVOIR 

En 2022, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) alertait déjà sur les risques liés à la fatigue professionnelle, soulignant qu’un manque chronique de sommeil augmente de 70 % le risque d’accidents au travail. 

La sieste, même brève, est désormais intégrée dans les recommandations de plusieurs organismes internationaux comme l’OMS ou la National Sleep Foundation aux États-Unis, qui militent pour des politiques de repos plus flexibles en entreprise.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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