Faut-il s’inquiéter quand vos analyses révèlent un taux élevé de LDL cholestérol, ou “mauvais cholestérol”. Est-il trop tard pour inverser la tendance ? La réponse du Pr Philippe Moulin, chef de service endocrinologie et diabétologie à l’hôpital Louis Pradel, à Lyon.
A partir de quel seuil parle-t-on d’un excès de cholestérol ?
C’est assez compliqué car il y a un continuum. Ce que l’on sait, c’est que plus le taux de cholestérol est bas, moins on a de maladies cardiovasculaires. En fait, on estime que ce seuil de risque se trouve au niveau de la moyenne des Français adultes, soit environ 1,3 grammes par litre de LDL cholestérol. L’hypercholestérolémie sévère à risque très élevé d’encrassement des artères se trouve à environ 2 grammes par litre de LDL cholestérol. Inversement, on sait que réduire le cholestérol sous les valeurs normales stabilise l’athérome artériel.
Hypercholestérolémie, préconiser le dépistage familial
A quelle fréquence doit-on se faire dépister ? Et y a t-il des personnes à surveiller de plus près ?
En France, actuellement, une personne sur 300 souffre de cette maladie génétique qui empêche le foie de « pomper » le cholestérol qu’il a produit. Non traitée, par le passé, cette hypercholestérolémie provoquait en moyenne un infarctus chez 50% des hommes à 50 ans, et chez 50% des femmes à 60 ans. L’hypercholestérolémie franche se transmet dans la famille concernée chez une personne sur 2. On estime qu’une personne sur 3 porteuse de cette affection est correctement diagnostiquée en France.
La difficulté, c’est qu’on ne pratique pas le « dépistage en cascade » comme en Hollande par exemple. Quand quelqu’un est repéré avec une hypercholestérolémie grave, on devrait systématiquement pratiquer un test chez ses parents, frères, sœurs et ses enfants. C’est dommage car on sait que lorsque cette maladie est traitée tôt, on arrive à remettre le risque au niveau standard.
Quelles sont les conséquences du cholestérol sur la santé ?
La première conséquence possible du cholestérol est l’infarctus car les artères du cœur se bouchent. En second lieu, on retrouve l’AVC, mais le cholestérol est un facteur de risques moins puissant pour cette pathologie. Troisièmement, on retrouve l’artériopathie des membres inférieurs (un encrassement des artères des jambes).
Un régime assidu réduit de 10% à 15% le mauvais cholestérol
Quand on a dépassé le taux de cholestérol « normal », est-ce que cela est irréversible ? Faut-il surveiller à vie son alimentation ?
Si vous faites un régime assidu, vous pouvez gagner entre 10% à 15% sur votre mauvais cholestérol. Il s’agit par exemple d’adopter un régime méditerranéen à base de légume, viande blanche légumes, fruits, noisettes, amandes, huile d’olive… qui permet d’enregistrer moins de complications cardiovasculaires. Ce n’est pas pour rien qu’en Espagne, Italie et dans le sud de la France, on enregistre moins de problèmes de ce type. Cependant, dans les formes graves, vous ne pouvez malheureusement pas normaliser votre taux de cholestérol malgré une bonne alimentation. Heureusement, on connaît aujourd’hui des moyens en pharmacologie qui permettent de corriger cela. Il est donc dommage de ne pas en profiter lorsque l’on dispose d’un traitement simple, efficace, et peu couteux grâce aux génériques.
Cependant, une prise quotidienne de statines ne dispense pas de mesures diététiques car celles-ci sont synergiques. On ne vise plus la normalisation, mais à surbaisser le LDL cholestérol et à niveau identique on souhaite qu’il se dépose moins, car on a vu qu’un régime assidu stabilisait les plaques d’artériosclérose.
Doit-on tirer un trait sur le fromage, la charcuterie ?
Il ne faut pas faire du totalitarisme diététique universel, et respecter les coutumes et la culture diététique française. Bien entendu, on évite les excès coté charcuterie grasse, croissanterie, biscuiterie à huile de palme ou au beurre industriel.
Le sport accroit le bon cholestérol
Le sport peut-il avoir un impact bénéfique sur l’abaissement du cholestérol ?
Le sport n’a aucun effet sur le mauvais cholestérol. En revanche, il accroit le bon cholestérol.et il protège les artères s’il est fait pratiqué de façon raisonnable. Le sport prévient aussi l’obésité, le diabète.
Retrouvez la liste de tous les endocrinologues et diabétologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr
A savoir
Dans les cas d’hypercholestérolémie familiale, le dépistage est essentiel afin de prendre en charge l’enfant dès son plus jeune âge. Une association de malades, l’ANHET, met les familles en contact et présente de nombreux témoignages instructifs.