congé paternité allongement
Dès juillet 2021, les pères bénéficieront de septs jours obligatoires de congé parental. ©pixabay

Remis le 8 septembre 2020, le rapport « 1 000 premiers jours » préconise l’allongement du congé paternité. Une expertise qui entrera en vigueur en juillet 2021 avec pour principale mesure 28 jours de congé paternité dont 7 obligatoires. Durée, bénéfices, développement du bébé… Le point sur cette réforme du congé paternité avec Brigitte Papo, psychologue et psychomotricienne spécialisée dans la relation parent-bébé, à Lyon.

Instauré en 2002, le congé paternité visait à moderniser la vie parentale française. Égalité homme-femme au travail, rééquilibrage des tâches parentales, présence effective auprès de l’enfant… Une mesure insuffisante selon une commission d’experts chargée d’étudier les mille premiers jours des enfants. Pour se faire, le congé paternité doit être « allongé ».

Ainsi, le gouvernement a saisi le dossier et confirme le 23 octobre un congé paternité prolongé, effectif dès juillet 2021. L’objectif ? Prendre en considération le rapport émis dans l’intérêt de l’égalité nationale entre hommes et femmes mais aussi dans l’intérêt développemental des enfants. Explications avec Brigitte Papo, psychologue et psychomotricienne à Lyon.

En vigueur en juillet 2021, le nouveau congé parental permettra au père de bénéficier de 28 jours de congé paternité, dont sept jours obligatoires. Une mesure flexible puisque les jours compris pourront être fractionnés afin de mieux répartir la charge parentale incombant à la naissance d’un nouveau-né. Toutefois, sept jours devront obligatoirement être pris à la naissance de l’enfant.

Un congé parental loin d’être exclusif. En effet, si le terme « parental » désigne de fait les pères des nouveau-nés, la mesure s’étend « à toutes les familles », précise Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement. Ainsi, tous les « seconds parents » seront concernés. De même, tout comme le congé paternité le permettait précédemment, la durée du congé devrait s’ajuster en fonction du nombre d’enfants.

Des modalités d’application flexibles qui laissent donc l’opportunité aux futurs parents d’organiser la venue de leur enfant. De cette façon, les parents pourront alterner leur congé de naissance afin d’étaler leur présence effective sur une plus longue période. Une offre que soutient la commission en charge du dossier. L’évolution des congés parentaux permettra d’augmenter la durée de présence, mais également « d’investir à deux les rôles complémentaires auprès de l’enfant ».

À noter qu’en cas de non-respect de l’employeur du congé paternité, l’employeur devrait encourir des sanctions. Notamment une amende dont les contours restent à définir.

« Plus le temps de congé paternité est étendu, plus les potentialités de forger une relation père-mère-enfant sont importantes. En effet, jusqu’à présent, les pères étaient généralement absents. Ce qui amenait les mères à s’investir dans une relation dite de dyade, c’est-à-dire de deux seules personnes, sans intégrer le père. Avec ce nouveau congé paternité, les possibilités de triade sont étendues. Une occasion pour mieux prendre conscience de son nouveau rôle de père », explique Brigitte Papo. Le nouveau congé paternité semble donc être une occasion unique pour prendre le temps de se sentir devenir parent et de nouer une relation affective stable et sécurisante.

Ainsi, la commission en charge du rapport les « 1 000 premiers jours » de l’enfant soutient les bénéfices de cet allongement du congé paternité. Les pères ressortiraient plus confiants dans leur capacité parentale et plus compréhensifs à l’égard des tâches domestiques.

Autre but ? Bousculer les stéréotypes familiaux et restructurer l’inconscient collectif genré. La profession du père de famille était jusqu’à lors souvent un frein à sa parentalité, craignant de voir s’annoncer une carrière moins prometteuse en cas d’absence. La commission défend de ce fait le parent dans sa vie professionnelle. Il faut « éviter que la parentalité soit un frein à la carrière », maintient le porte-parole Gabriel Attal.

Inversement, avec cette nouvelle mesure, la vie professionnelle est en passe de ne plus être un frein à la parentalité. « Malheureusement, peu de pères se plaignaient d’un manque de temps au côté de leur famille après la naissance. À l’inverse des mères. En revanche, la vie professionnelle n’est pas seule responsable de ce manque d’investissement post-natal. La culture sociétale du père au travail amène les professionnels à s’autocensurer eux-mêmes. Ainsi, il faut d’abord que les pères s’autorisent personnellement à s’investir auprès de leur nourrisson », note Brigitte Papo. « Toutefois, les employeurs peuvent veiller à ce que cela se fasse ».

En outre, le nouveau congé paternité posséderait des bénéfices étendus à la mère de l’enfant et le bébé lui-même. Des études récentes montrent que plus de la moitié des parents trouvent difficile d’être parent aujourd’hui. En cause, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale mais également l’attendu sociétal accru d’être de « bons » parents. Allonger le congé paternité semble donc être une solution pour apaiser le stress et mieux répartir les tâches.

Un enjeu de taille quand on connait l’impact sur la vie de l’enfant. Ainsi, un enfant ayant grandi dans un univers sécurisé serait deux à trois fois moins hospitalisé au cours de sa vie. « La présence du père dès la naissance permet au nouveau-né d’introduire dès à présent la notion du tiers. Cette personne autre que sa mère nourricière. C’est un point essentiel pour le bébé qui engage une triade, et non-plus une simple dyade », dénote Brigitte Papo. À noter que des enfants exposés précocement à des structures d’accueil extérieures au domicile retireraient quelques conséquences négatives. Telles qu’une réduction de l’interaction avec ses parents ou une réduction de l’attachement.

« Bien que les pères apportent un soutien « matériel » avec les tâches ménagères, le biberon ou le change, c’est avant tout important pour renforcer un lien précieux. Le père n’est pas seulement là pour seconder la mère. Il doit aussi apprendre à connaître son enfant, savoir seul reconnaître les différents signaux que lui envoie ce dernier. Ainsi, c’est à la fois un moyen d’alléger la charge mentale et psychologique de la mère en la partageant. Mais aussi d’investir à deux l’éducation du nouveau-né ». L’engagement du père permettrait donc de diminuer le risque d’épuisement psychique et de dépression chez la mère. Un avantage considérable pour la santé publique. Reste désormais à attendre l’entrée en vigueur de cette nouvelle réforme du congé paternité.

À SAVOIR

Cette nouvelle mesure devrait permettre d’inciter davantage les pères à prendre leur congé paternité. En effet, ils sont seulement 67 % à en bénéficier actuellement en France.

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