En médecin libéral exercant en zone sous-dotées.
Les déserts médicaux en région Auvergne-Rhône-Alpes s'étendent encore davantage et s'étendraient même aux grandes métropoles. © Adobe Stock

Dans la métropole lyonnaise, l’accès aux soins de proximité est devenu une préoccupation majeure. Plusieurs communes se retrouvent en manque de médecins, et des habitants se retrouvent sans généralistes. L’URPS médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes a lancé une cellule d’aide à l’installation pour leur venir en aide. Un dispositif justifié par le Dr Sylvie Filley-Bernard, présidente de l’URPS Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 25 février. 

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’accès aux soins de proximité révèle des inégalités marquées selon les territoires. En 2022, chaque habitant bénéficiait en moyenne de 3,7 consultations chez un médecin généraliste par an, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne nationale de 3,8 consultations. Toutefois, cette moyenne masque d’importantes disparités : dans l’Ain, par exemple, le nombre moyen de consultations chute à 2,7 par habitant, et 42,3 % de la population vit dans des communes sous-dotées en médecins généralistes. 

À l’inverse, le département du Rhône présente une meilleure couverture, avec 4 consultations par habitant et seulement 5,6 % de la population concernée par cette sous-dotation. Malgré tout, entre 2015 et 2022, la part des habitants vivant dans ces zones sous-dotées est passée de 11,9 % à 15,1 %. Une évolution liée en partie au vieillissement de la population.

Face à ces constatations,  l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes a lancé, en janvier 2025, une cellule d’aide à l’installation. Ce dispositif vise à accompagner les médecins souhaitant s’installer en libéral dans la région, en leur proposant un diagnostic territorial personnalisé, des informations juridiques et administratives, ainsi que des mises en relation avec des confrères et les collectivités locales. Un dispositif destiné à réduire les inégalités d’accès aux soins, présenté par le Dr Sylvie Filley-Bernard, présidente de l’URPS Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, invitée de l’émission Votre Santé du mardi 25 février.

Quelles sont les missions de l’URPS ?

L’URPS, c’est l’Union Régionale des Professionnels de Santé Libéraux. Nous ne représentons pas tous les professionnels de santé d’un territoire, mais uniquement ceux exerçant en libéral. Nos missions sont de représenter, d’accompagner et de transmettre des informations. 

Nous sommes élus par nos pairs : tous les médecins libéraux votent pour leurs représentants. Notre rôle est de défendre leurs intérêts auprès des instances territoriales comme l’ARS, la CPAM et d’autres partenaires.

Combien y-a-t-il de médecins sur la métropole de Lyon, sur le Rhône ? 

On compte environ 1 400 médecins dans le Rhône, un chiffre en augmentation. 

En effet, en cinq ans, le nombre de médecins installés a progressé de 2 %. Globalement, le Rhône et la métropole sont des zones plutôt bien dotées par rapport au reste de la région.

Quel est l’état de santé du corps médical libéral dans la région et la métropole de Lyon ?

Il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande de soins. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la démographie médicale ne reflète pas à elle seule l’offre de soins. Le rapport des médecins au travail évolue, tandis que la population vieillit et que les pathologies chroniques se développent. La demande de soins augmente également avec la croissance démographique.

Alors, l’augmentation de 2 % du nombre de médecins ne suffit pas à couvrir pleinement les besoins. C’est cette inadéquation qui donne parfois l’impression de déserts médicaux, alors qu’il ne s’agit pas réellement de déserts médicaux.

Les déserts médicaux existent-ils aussi en milieu urbain ?

Oui, les déserts médicaux existent aussi en zones urbaines. Tous les trois ans, l’ARS établit une cartographie des zones sous-dotées en médecins, appelée zonage. Elle distingue les zones fragiles des zones à risque. La dernière cartographie, datant de 2022, montre que les zones véritablement fragiles se situent au nord-ouest du département (Amplepuis, Bourg-de-Thizy) et au sud de la métropole (Givors). Dans ces secteurs fragiles, l’accès à un médecin traitant est particulièrement difficile.

En parallèle, la cartographie montre que certaines zones à risque présentent une densité médicale faible et un accès compliqué à un médecin traitant. C’est le cas des communes autour de Lyon et même de certains arrondissements de la ville. 

Est-ce aux communes de mettre en place des dispositifs pour attirer des médecins ?

Les communes, que nous rencontrons régulièrement, mettent en place de nombreuses actions utiles. Ce qui manque souvent, c’est la mise en relation entre les initiatives des communes et les attentes des médecins. C’est l’objectif de notre cellule d’aide à d’installation.

Cependant, il faut faire attention car attirer des médecins dans ces zones sous-dotées risque de générer un déséquilibre de l’offre de soins dans d’autres secteurs. Ce problème de faible densité médicale concerne notamment les alentours de Lyon et risque de s’aggraver dans les mois à venir.

Concrètement, comment fonctionne cette cellule d’accompagnement pour les médecins libéraux ?

Le dispositif s’adresse aux jeunes diplômés et aux praticiens désireux de changer de lieu ou de type d’exercice. Tous souhaitent être guidés dans ce processus complexe. Nous mettons à disposition des médecins un numéro d’appel et un site internet. Une chargée de mission répond à leurs demandes et leur propose des aides pour réaliser un diagnostic territorial, des informations pour les orienter sur des sujets juridiques, règlementaires et administratifs ou encore la diffusion d’annonces médicales pour effectuer un remplacement, s’associer avec des confrères déjà installés ou reprendre un cabinet.

Pour comprendre le fonctionnement d’un territoire ciblé, le dispositif met en relation des médecins de ce territoire avec d’autres professionnels de santé mais également avec les collectivités locales. Ce lien permet d’informer les médecins sur les dispositifs existants pour les accompagner dans leur installation.

L’URPS a lancé une campagne pour mieux faire connaître l’exercice libéral de la médecine. Pourquoi ?

Parce que, pour créer de nouvelles vocations, il faut démystifier ce mode libéral auprès des jeunes internes et des étudiants en médecine. Aujourd’hui, l’exercice médical libéral est le plus à même de répondre à la demande de soins et aux lacunes de notre système de santé. Mais outre sa dimension scientifique, cet exercice exige des compétences de manager entrepreneurial complètement occultées lors des études. Résultat, les jeunes diplômés se retrouvent perdus lorsqu’ils sont lâchés dans le grand bain, en fin d’internat. Pour certains, l’installation a un côté anxiogène que l’on peut combattre en leur apportant un soutien concret. C’est l’ambition de la cellule d’aide à l’installation lancée en début d’année.

Ce dispositif mis en place par l’URPS peut-il répondre aux problématiques de déserts médicaux ou de zones sous-dotées ?

Oui, c’est une réponse pragmatique face aux enjeux de santé publique. Beaucoup de médecins ne veulent pas être assistés ou subventionnés. Ils veulent rester autonomes, décider eux-mêmes de leur organisation. Voilà pourquoi nous mettons à leur disposition cette cellule. Nous croyons que des solutions peuvent venir du terrain, il faut écouter les professionnels. C’est le sens de notre démarche.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du mardi 25 février 2025 sur Ma Santé TV.

À SAVOIR

À Mions, le départ de quatre médecins en novembre a laissé près de 4 000 patients sans médecin traitant. Pour y remédier, la ville a lancé un grand plan santé visant à attirer de nouveaux praticiens, avec l’ouverture d’un centre de soins en janvier.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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