Le deuxième baromètre Santé Social AMF-Mutualité Française confirme une détérioration de l’accès aux soins et de la prise en charge des patients en Auvergne-Rhône-Alpes. Autre inquiétude, l’aggravation de la santé environnementale, notamment en milieu urbain.
De moins en moins de médecins et une prise en charge des soins non programmés de plus en plus compliquée. Tel est, schématiquement, le constat du deuxième baromètre Santé Social AMF-Mutualité Française. Présentée ce jeudi 1er février 2024 au Club de la Presse de Lyon, cette étude exhaustive constitue un bon révélateur des limites de notre système de santé.
Premier enseignement de ce baromètre, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’accès aux soins et les modalités de prise en charge varient beaucoup si l’on est dans un grand centre urbain ou en milieu rural.
L’Ain particulièrement touchée par la pénurie de médecins
On constate aussi d’importantes disparités en fonction des départements. Ainsi, dans l’Ain, la densité de médecins généralistes est deux fois moins élevée dans l’Ain (99,1/100 000 habitants) qu’en Savoie (202,75/100 00) et bien moindre que dans le Rhône (170,54/100 000) ou l’Isère (158,75/100 000).
Par ailleurs, sur les trois dernières années, le nombre de médecins généralistes n’a augmenté que dans le Cantal, la Haute-Loire et en Savoie. Alors que ce nombre de généralistes a baissé dans les neuf autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes.
« L’offre de soins est très inégalement répartie et en baisse avec de grandes disparités territoriales », résume Claire Peigné, présidente de l’Association des maires du Rhône. La représentante de l’AMF s’inquiète aussi de « la forte baisse de la permanence des soins avec un recul du nombre de médecins et une évolution du mode d’exercice de la profession ».
Une vision partagée par Yves Perrin, président de la Mutualité française Auvergne-Rhône-Alpes. Selon lui, « une meilleure coordination avec l’hôpital est indispensable pour assurer la permanence des soins et maintenir une offre sur tout le territoire ».
“L’enjeu est de rendre les territoires attractifs”
Partant du principe que « l’installation d’un médecin tout seul dans un cabinet, cela n’existe pratiquement plus », Claire Peigné et Yves Perrin ont avancé différentes pistes pour venir au secours de notre système de santé en perdition. La présidente locale de l’AMF insiste notamment sur le rôle désormais joué par les maires pour redensifier certaines zones et donc lutter contre les déserts médicaux.
Parmi les principaux leviers activés, la mise à disposition de foncier sur certaines communes pour la création de pôles de santé pluridisciplinaires, financement de structures associé parfois à la prise en charge de frais administratifs, voire le salariat de médecins. « Les maires ont un rôle de facilitateurs. L’enjeu, c’est de rendre leurs territoires attractifs pour les professionnels de santé mais aussi leur famille. Cela passe par l’accès au logement, l’accès aux services, à la scolarité des enfants… ».
Autre problématique, la pérennisation de ces médecins qui acceptent de venir dans des zones sous-dotées, souvent en échange de contres-parties. « Il faut anticiper les départs à la retraite, être visionnaire à dix ans et chercher parfois des ressources en dehors de l’intercommunalité pour pérenniser cet accès aux soins », conclut Claire Peigné.
À terme, la constitution de nombreux CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) sur Auvergne-Rhône-Alpes devrait aussi contribuer à améliorer la prise en charge de la population en favorisant la coordination entre professionnels de santé d’un même territoire.
A voir également, l’émission Votre Santé du mardi 6 février 2024, avec Yves Perrin en invité.
À SAVOIR
Le deuxième baromètre AMF-Mutualité française révèle une nette dégradation de la santé environnementale des Français. « En cause, notamment, une exposition aux pesticides et aux particules fines qui contribuent à polluer l’eau et l’air », explique Yves Perrin, président de la Mutualité française Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ce domaine aussi, on constate une grande disparité en fonction des zones rurales ou urbaines. Les communes du Rhône, par exemple, sont soumises à des émissions de particules fines trois fois supérieures à la moyenne nationale. À la clé, une perte d’espérance de vie moyenne de huit mois selon le dernier rapport de Santé Publique France.