Un couple pendant un rapport sexuel, inconscient d'être atteint de la gonorrhée.
En France en 2023, environ 23 000 personnes ont été diagnostiquées avec une gonorrhée dans le secteur privé, soit une augmentation de 55 % par rapport à 2021. © Freepik

Alors que la gonorrhée explose et devient de plus en plus résistante aux antibiotiques, le Royaume-Uni prend les devants. Dès août 2025, une campagne de vaccination contre la gonorrhée, inédite à l’échelle mondiale, sera lancée. Et si c’était le début d’une nouvelle ère dans la prévention des infections sexuellement transmissibles ?

Elle traîne une réputation peu flatteuse et un surnom pas franchement engageant : la “chaude-pisse”. En raison d’un de ses symptômes les plus caractéristiques chez les hommes : une brûlure intense lors de la miction, accompagnée souvent d’un écoulement purulent du pénis.

Pourtant, la gonorrhée, ou blennorragie, est une infection sexuellement transmissible (IST) qui revient en force ces dernières années. En Angleterre, plus de 85 000 cas ont été recensés rien qu’en 2023. Un record absolu depuis le début des relevés en 1918, selon l’UK Health Security Agency (UKHSA).

Mais le plus préoccupant, ce n’est pas seulement le nombre. C’est la résistance grandissante de cette bactérie, Neisseria gonorrhoeae, aux antibiotiques. Le traitement devient un casse-tête médical. Une seule option reste efficace dans certains cas, et les échecs thérapeutiques sont de plus en plus signalés. D’où l’idée : et si on arrêtait de soigner après coup, pour prévenir avant tout ?

Quand un vaccin en cache un autre

C’est ici que le scénario devient étonnant. Le vaccin utilisé pour cette campagne contre la gonorrhée n’a, à la base, rien à voir avec cette IST. Il s’agit du vaccin 4CMenB, plus connu sous le nom commercial de Bexsero®, développé initialement pour prévenir la méningite B.

Et là, surprise. Des études menées notamment en Nouvelle-Zélande ont montré que ce vaccin offrait aussi une protection partielle contre la gonorrhée. Comment ? Grâce à la proximité génétique entre les deux bactéries responsables de ces maladies. Selon les données publiées par The Lancet, ce vaccin pourrait réduire de 30 à 50 % le risque de contracter la gonorrhée. Un effet croisé qui a tout d’une bonne nouvelle.

Une stratégie très précise dès le 1er août 2025

Le Royaume-Uni ne lance pas une vaccination généralisée, du moins pas encore. Cette première phase s’adresse spécifiquement aux personnes les plus exposées à l’infection. Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes multipartenaires ou celles ayant déjà été touchées par une IST.

Dès le 1er août 2025, les centres de santé sexuelle proposeront donc ce vaccin aux personnes éligibles. Cette campagne pilote, portée par le National Health Service (NHS), pourrait faire figure de test grandeur nature, avec un objectif clair : réduire les nouvelles infections et freiner la course folle de la résistance bactérienne.

Une première mondiale… et une possible révolution

C’est bien la première fois qu’un pays décide de vacciner sa population contre la gonorrhée. Une décision qui pourrait inspirer d’autres États, notamment en Europe, où la recrudescence des IST inquiète les autorités sanitaires.

Au-delà de la protection individuelle, c’est aussi une arme de santé publique. Moins d’infections, c’est moins de prescriptions d’antibiotiques, et donc un ralentissement potentiel de la résistance bactérienne. Une stratégie préventive qui colle parfaitement aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui alerte depuis plusieurs années sur l’urgence de repenser notre lutte contre les IST.

Et en France, où en est-on ?

En France, la gonorrhée est également en progression, notamment chez les jeunes adultes et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. En 2022, Santé publique France estimait à environ 45 000 les cas annuels diagnostiqués. Mais pour l’instant, aucune campagne de vaccination contre la gonorrhée n’est à l’ordre du jour.

Les experts français suivent cependant de très près les résultats britanniques. Si l’efficacité de cette stratégie est confirmée, il est probable que d’autres pays emboîtent le pas dans les prochaines années.

À SAVOIR 

Selon l’OMS, la gonorrhée touche plus de 82 millions de personnes chaque année dans le monde. De plus en plus résistante aux antibiotiques, elle devient difficile à traiter. En 2023, certains pays ont signalé jusqu’à 40 % de résistance au traitement de dernière ligne, la ceftriaxone. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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