L’utilisation du préservatif est en nette baisse chez les jeunes, et cela inquiète les professionnels de santé. Pourtant, cet outil reste le moyen de protection le plus efficace contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et les grossesses non désirées. Pourquoi cet abandon progressif ? Manque d’information, baisse de la peur du VIH, ou nouvelles habitudes sexuelles ? Décryptage.
L’usage du préservatif chez les jeunes est en forte baisse depuis plusieurs années. Selon Santé publique France, en 2023, seulement 60 % des jeunes de 15 à 24 ans déclaraient utiliser un préservatif lors de leur premier rapport, contre 76 % en 2005. Une tendance confirmée par plusieurs études récentes, notamment celles relayées par Le Monde et Le Dauphiné Libéré, qui alertent sur un relâchement général des comportements de prévention.
Même constat du côté de Sida Info Service, qui rapporte que moins d’un adolescent sur deux utilise systématiquement un préservatif lors de ses rapports sexuels. Une statistique qui inquiète alors que les infections sexuellement transmissibles, comme la chlamydia ou la gonorrhée, sont en forte hausse.
Une prévention revue à la baise
Moins de peur du VIH, mais plus d’IST
Pendant des décennies, la peur du VIH/SIDA était un moteur fort dans l’utilisation du préservatif. Aujourd’hui, la perception du virus a changé. Avec les avancées médicales et les traitements comme la PrEP (un médicament préventif contre le VIH), les jeunes se sentent moins menacés. Résultat : un relâchement de la prévention, et une hausse flagrante des cas.
Pourtant, les autres infections sexuellement transmissibles sont en explosion. Selon Santé publique France, les cas de chlamydia ont bondi de 29 % en 10 ans et ceux de gonorrhée de 43 %. Des chiffres alarmants qui montrent que sans préservatif, le risque d’attraper une IST est bien réel.
Manque d’éducation sexuelle et fausses croyances
L’éducation sexuelle joue aussi un rôle dans l’utilisation des préservatifs. Malgré son importance, elle reste insuffisante en France. Beaucoup de jeunes n’ont que peu ou pas d’informations sur l’importance du préservatif, comment bien l’utiliser ou encore où s’en procurer gratuitement.
Autre problème : les fausses croyances qui circulent sur les réseaux sociaux. Certains pensent que la pilule suffit à éviter tous les problèmes, d’autres que les IST ne concernent que les « autres ». Résultat : un faux sentiment de sécurité qui pousse à l’abandon du préservatif.
Pourquoi les jeunes de cette génération ne se tourne plus vers le préservatif ?
Une génération plus tournée vers le plaisir et la confiance
Les jeunes d’aujourd’hui placent la confiance dans le partenaire et la recherche du plaisir au cœur de leur sexualité. Beaucoup estiment que le préservatif casse la spontanéité ou réduit les sensations. D’autres préfèrent se fier aux tests de dépistage et aux contraceptifs plutôt que d’utiliser un préservatif. Selon une étude menée par Santé Publique France, un jeune sur trois (33%) déclare ne pas utiliser de préservatif parce qu’il fait confiance à son ou sa partenaire.
Le problème, c’est que tous les partenaires ne se font pas dépister et que beaucoup d’IST passent inaperçues. Un simple oubli peut suffire à transmettre une infection, parfois sans aucun symptôme visible.
Une accessibilité qui reste un frein
Bonne nouvelle : depuis 2023, les préservatifs sont gratuits pour les moins de 26 ans en pharmacie. Mais cette mesure reste peu connue et pas toujours appliquée correctement. Beaucoup de jeunes hésitent encore à demander des préservatifs en pharmacie, par gêne ou par manque d’information.
À cela s’ajoute le fait que le préservatif féminin reste peu accessible et méconnu, limitant ainsi les choix pour une protection optimale.
Comment inverser la tendance ?
Pour encourager l’utilisation du préservatif, il faut renforcer l’éducation sexuelle, informer sur la gratuité et surtout déconstruire les idées reçues. Quelques pistes à explorer :
- Mieux informer en milieu scolaire, avec des interventions plus régulières et concrètes.
- Communiquer sur les réseaux sociaux, là où les jeunes s’informent le plus.
- Encourager le dépistage tout en rappelant que les IST ne sont pas toujours visibles.
- Rendre l’accès aux préservatifs encore plus simple, notamment via des distributeurs gratuits dans les lycées et universités.
Le préservatif reste un pilier essentiel pour une sexualité sans risque. Reste à convaincre les jeunes qu’il est plus un allié qu’un ennemi.
À SAVOIR
En France en 2022, selon une enquête de l’IFOP pour le Sidaction, près de 20 % des jeunes de 15 à 24 ans pensent encore que le VIH peut se transmettre par un simple baiser ou par une piqûre de moustique.