Les Infections (ou malades) sexuellement transmissibles (IST ou MST) explosent chez les jeunes, dans des proportions qui inquiètent les spécialistes. Le Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues vient ainsi de lancer un signal d’alerte, alarmé par l’inquiétante méconnaissance des jeunes adultes face aux dangers des comportements à risque. Alors que près d’un tiers des adolescents n’a plus recours au préservatif lors de ses rapports sexuels, l’heure est selon ces experts à un renforcement “de l’éducation et de la sensibilisation pour améliorer la prévention et la gestion des MST”.
Gonorrhée ou blennoragie, syphilis, herpès génital, chlamydiose, hépatites B et C, infections à papillomavirus HPV… Le nombre d’infections sexuellement transmissibles (IST) ne cesse d’augmenter, et ce dans des proportions particulièrement inquiétantes en Europe (lire À SAVOIR). Face au phénomène, les jeunes (18-35 ans) sont en première ligne et paient une méconnaissance effarante (et grandissante) de ces maladies ou infections sexuellement transmissibles.
Les générations après SIDA semblent clairement avoir baissé la garde, comme le révèle la dernière étude du Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues, réalisée en juillet par le cabinet Harris Interactive. Les 18-35 ans ne sont ainsi que 51%, contre 76% en 2016, à citer l’herpès génital parmi les IST dont il doivent se prémunir. Autre exemple de cette baisse frappante de notoriété, la syphilis, citée par 53% des jeunes adultes, contre 75% en 2016. Quant aux morpions, ils ne sont évoqués que par 38% des sondés, contre 63% en 2016.
Pratiques sexuelles : le préservatif aux abonnés absents chez les jeunes
“Le papillomavirus (53% vs 45% en 2016) est le seul à voir sa notoriété progresser de 8 points grâce aux différentes campagnes de sensibilisation mises en place par le ministère de la Santé et des professionnels de santé ces dernières années”, précise l’étude, qui confirme aussi une baisse de notoriété du SIDA, bien que toujours majoritairement cité, et une stabilité des infections dues aux Chlamydias.
L’évolution des pratiques sexuelles, avec notamment la multiplication des partenaires multiples, ne suffit pas à expliquer cette recrudescence de cas, clairement lié à un manque de prévention. “L’étude révèle une désinformation préoccupante chez les jeunes
adultes alimentée par des fausses croyances persistantes et une information défaillante. L’ensemble de ces facteurs favorise une
baisse de vigilance et une augmentation des comportements à risque. On note également que ce phénomène est aggravé par un relâchement des mesures préventives, en particulier chez les jeunes hommes”.
L’OMS vient notamment de relayer des chiffres inquiétants relatif à l’usage du préservatif, issus d’une enquête internationale réalisée tous les 4 ans (étude Health Behaviour in School-Aged Children). Selon l’organisme, seuls 61% des garçons sexuellement actifs ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport en 2022, alors qu’ils étaient 70% à le faire en 2014.
IST : les contaminations peuvent être asymptomatiques
Autre explication à la hausse des cas, le recul du dépistage, avec seulement “34% des 18-35 ans à chercher de l’assistance auprès des organismes publics en cas d’exposition à une MST”.
Plusieurs indicateurs renforcent également la nécessité d’une meilleure prévention. Selon le Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues, seuls 6 jeunes adultes sur 10 (61%, contre 72% en 2016) savent qu’une contamination peut être tout à fait asymptomatique. Pour rappel, les principaux symptômes d’une IST sont “les brûlures en urinant (41%), un écoulement au niveau du gland (39%) et une ulcération génitale (32%)”. Tout aussi inquiétant, seuls 61% des jeunes ont intégré qu’une IST était transmissible par voie anale (72% en 2016) et 49% qu’elle pouvait aussi toucher le foetus en cas de grossesse (contre 67% en 2016).
“Au travers de cette étude, le SNDV cherche à mettre en évidence les comportements à risque chez les jeunes adultes. Ainsi, il est essentiel de renforcer l’éducation et la sensibilisation pour améliorer la prévention et la gestion des MST”. Le rôle des parents, bien sûr, mais aussi de l’école, qui fait ses preuves avec la prévention des infections aux papillomavirus (HPV), et des professionnels de santé est essentiel pour inverser la tendance au relâchement. Le retour, sans doute aussi, de campagnes de prévention plus massives et percutantes…
À SAVOIR
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a publié en mars 2024 des chiffres illustrant la forte progression des cas d’IST par rapport à l’année précédente : +16% pour la chlamydiose, +34% pour la syphilis et +48% pour la gonorrhée.