Des médecins qui utilisent les nouveles techniques chirurgicales en matière de proctologie.
Aujourd'hui, les pathologies proctologiques semblent enfin sortir du silence. © Freepik

On en parle peu, et pourtant… Les troubles proctologiques, comme les hémorroïdes ou l’incontinence anale, concernent des millions de Français. Longtemps ignorés, souvent tus, ces sujets s’invitent aujourd’hui sur le devant de la scène médicale grâce à des avancées chirurgicales majeures. Moins douloureuses, plus efficaces, ces nouvelles approches redonnent espoir aux patients. On fait le point.

On a beau avoir avancé sur de nombreux fronts en médecine, certains sujets restent encore tapis dans l’ombre. C’est le cas des maladies proctologiques, qui touchent l’anus, le rectum et le périnée. Pourquoi ce silence ? Par gêne, bien sûr. Qui ose parler librement de ses hémorroïdes ou de ses fuites anales ? Et pourtant, ces pathologies ne sont pas rares.

Selon les données présentées par l’Académie Nationale de Chirurgie (ANC) le 14 mai, jusqu’à 20 % des adultes de 18 à 65 ans déclarent avoir déjà été confrontés à un épisode d’incontinence anale. Et le phénomène s’accentue après 65 ans.

Même constat pour les hémorroïdes, dont la prévalence varie dans la littérature de 4,4 % à 86 %. Un écart conséquent, largement lié à l’automédication qui fausse les chiffres réels. Heureusement, les lignes bougent. La recherche progresse, et les médecins communiquent mieux. Surtout, les patients osent consulter, et les traitements évoluent à grands pas.

Pendant longtemps, l’hémorroïdectomie, l’ablation chirurgicale des hémorroïdes, était la seule option quand les traitements classiques échouaient. Mais cette méthode, souvent redoutée pour ses suites douloureuses, est désormais loin d’être la seule sur le marché. “L’objectif n’est plus de retirer, mais de corriger les symptômes”, explique la Dr Béatrice Vinson-Bonnet, chirurgienne proctologique au CHI de Poissy.

Place aux techniques mini-invasives, plus confortables pour les patients :

  • L’hémorroïdopexie par agrafage (technique de Longo) : permet de remettre les hémorroïdes à leur place dans le canal anal grâce à un système d’agrafes internes.
  • La ligature artérielle guidée par Doppler avec mucopexie (DGHAL) : utilise une sonde pour repérer et bloquer les petites artères qui alimentent les hémorroïdes, tout en replaçant la muqueuse qui s’est affaissée, sans retirer les hémorroïdes.
  • La thermofusion hémorroïdaire interne : utilise la chaleur pour réduire les hémorroïdes en fermant leurs vaisseaux, sans incision ni cicatrice.

Ces interventions, dites mini-invasives, ont l’avantage d’être moins douloureuses, avec une reprise rapide de la vie normale, parfois en quelques jours. “Les douleurs sont considérablement réduites”, précise la Dr Vinson-Bonnet. Mais attention tout de même, ces nouvelles techniques ne s’applique pas au cas sévères. En cas de formes très avancées, l’hémorroïdectomie reste la seule solution.

Là encore, les traitements évoluent. Exit le fatalisme. Place à des stratégies modernes et modulables, selon la gravité des symptômes. La première ligne reste conservative : rééducation, règles hygiéno-diététiques, régulateurs du transit. Mais si cela ne suffit pas, on passe à des approches plus techniques.

La neuromodulation sacrée, par exemple, consiste à stimuler les nerfs responsables de la continence grâce à un petit boîtier implanté sous la peau. “Elle offre des résultats durables chez 60 à 65 % des patients, jusqu’à 10 ans après l’implantation”, rappelle la Pr Emilie Duchalais Dassonneville, chirurgienne au CHU de Nantes.

Autre piste en développement, le Botox, déjà connu en urologie. Injectée dans le rectum, la toxine botulique pourrait aider à contrôler certains types d’incontinence. “C’est une option plus récente, réservée aux cas avec impériosités, qui montre des résultats encourageants à six mois”, précise la Pr Duchalais Dassonneville.

Dans certains cas, l’incontinence est liée à une descente du rectum, ou prolapsus. Alors, la solution est une intervention chirurgicale appelée rectopexie, qui permet de refixer le rectum en position normale.

Le Pr Jean-Luc Faucheron, du CHU de Grenoble, a présenté les résultats d’un suivi sur 20 patients : “Le score moyen d’incontinence est passé de 14/20 à 4/20 après l’opération, avec un recul moyen de 14 mois”. Autrement dit, l’amélioration est nette, et surtout durable.

À SAVOIR

La chirurgie proctologique ne se limite pas aux pathologies les plus connues comme les hémorroïdes ou l’incontinence. Elle prend aussi en charge les séquelles obstétricales. Certaines femmes développent des troubles des années après l’accouchement, à cause de lésions passées inaperçues. Les spécialistes plaident pour un meilleur dépistage post-natal afin d’agir tôt et éviter bien des gênes plus tard.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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