Depuis la crise Covid, la santé mentale des jeunes vacille. Pour y répondre, le centre hospitalier du Vinatier (Lyon) lance “Mouv’Ados”, une équipe mobile inédite qui va à la rencontre des adolescents en détresse psychique, directement dans leur quotidien. Un dispositif pensé pour éviter l’hospitalisation. Explications.
Fatigue, crises d’angoisse, isolement, tentatives de suicide… Depuis 2020, les signaux d’alerte sur la santé mentale des adolescents s’accumulent. Et les chiffres sont sans appel. Près d’un jeune sur deux rapporte un trouble anxieux ou dépressif selon Santé Publique France. Et le taux d’hospitalisation en psychiatrie a explosé de +200 % entre 2019 et 2024 au Vinatier, deuxième hôpital psychiatrique public de France.
Cette détresse, souvent silencieuse, ne rentre pas toujours dans les cases d’un soin classique ou d’une hospitalisation. Pour beaucoup de jeunes, le simple fait d’accepter de l’aide est déja un Everest.
La génération post-Covid en détresse silencieuse
Mouv’Ados : quand les soins vont vers les jeunes (et pas l’inverse)
C’est pour répondre à cette urgence que l’hôpital du Vinatier, situé à Bron, a lancé Mouv’Ados en 2024, une équipe mobile de psychiatrie pour les 13-18 ans. Des soignants se déplacent là où vit le jeune : chez lui, au collège, dans un espace tiers ou avec son médecin traitant. Bref, dans un lieu où il se sent (un peu plus) en confiance.
L’objectif est de renouer le lien avec les jeunes en souffrance, parfois repliés, souvent en rupture. Et de leur proposer une alternative à l’hospitalisation, qui peut être vécue comme une violence. Chaque adolescent est suivi pendant 8 semaines, de façon intensive, avec un référent unique (psychologue, éducateur, infirmier ou médecin). Ce référent devient son point d’ancrage, sa boussole thérapeutique dans la tempête.
Une réponse adaptée à la vraie vie
Mouv’Ados peut intervenir sous 72h, après une demande via la plateforme d’orientation pédopsychiatrique (POP). C’est rapide, flexible et ça change tout. Car les troubles psychiques des ados se manifestent souvent dans leur vie de tous les jours, pas forcément dans un cabinet médical.
Le dispositif concerne environ 200 jeunes chaque année, ce qui reste modeste face à l’ampleur des besoins, mais constitue un vrai virage dans la façon de penser la psychiatrie adolescente.
Mouv’Ados : l’autre façon de prendre en charge les ados
Pourquoi ce modèle change la donne ?
Traditionnellement, un ado en crise est envoyé aux urgences, puis hospitalisé dans un service fermé. Sauf que ce modèle touche ses limites : certains jeunes vivent ces hospitalisations comme un traumatisme. Elles deviennent iatrogènes (elles aggravent leur état), provoquent une rupture avec leur environnement et les stigmatisent.
Avec Mouv’Ados, on évite de médicaliser à outrance, on reconstruit un lien dans la vie réelle, et on travaille main dans la main avec les familles et les acteurs de terrain (écoles, travailleurs sociaux, généralistes…).
Une équipe mobile
L’équipe Mouv’Ados, c’est un collectif de professionnels : médecins psychiatres, psychologues, infirmiers, éducateurs spécialisés, cadre de santé, secrétaire. L’adolescent est pris en charge globalement, avec écoute, rigueur et souplesse.
Et ici, le référent principal n’est pas forcément un médecin : un éducateur peut jouer ce rôle, selon les besoins du jeune. Cette transversalité permet de s’adapter, sans hiérarchie rigide, à des situations souvent complexes.
Comment ça marche ?
Un professionnel de santé, un établissement scolaire, un parent, ou même un jeune lui-même peut appeler. Contactez via la Plateforme d’Orientation pour les Enfants et les Adolescents (POP) au 0 800 71 51 50 (appel gratuit)
En cas d’urgence vitale ou de danger immédiat, il faut contacter les urgences psychiatriques classiques.
À SAVOIR
Situé à Bron (Est lyonnais), il dessert 880 000 habitants, soit plus de la moitié de la métropole de Lyon.