Face au soleil, les Français baisseraient-ils la garde ? C’est ce que l’explosion du nombre de cancers du mélanome, directement lié à une exposition sans protection au soleil, semble démontrer. Les risques pour la peau, sous les UV, ne sont pas à prendre à la légère, que ce soit à la plage, mais aussi durant un footing, une balade en ville ou une randonnée en montagne. D’où l’intérêt d’adopter les bonnes pratiques et de se prémunir ainsi contre de graves pathologies. Le point avec le Pr Stéphane Dalle, chef du service de dermatologie de l’hôpital Lyon Sud, invité de l’émission Votre Santé du 28 mai 2024.
Selon un sondage Ipsos réalisé sur l’année 2023, 74% des Français ont reconnu ne pas se protéger systématiquement du soleil dans le cadre de leurs activités de loisirs ou sportives en extérieur. L’exposition au soleil, pourtant, peut avoir de lourdes répercussions sur la santé. Mode d’emploi pour un été en pleine santé avec le Pr Stéphane Dalle, chef du service de dermatologie de l’Hôpital Lyon Sud, sur le plateau de BFM TV Lyon lors de l’émission “Votre santé” du 28 mai 2024.
Protection solaire : les mélanomes “en croissance constante”
Y a-t-il une hausse des cancers de la peau ?
Sur 30 ans, les mélanomes ont été multipliés par quatre, et une grande majorité aurait pu être évitée. Les cancers de la peau étant généralement liés au soleil, il suffirait de mieux s’en protéger pour diminuer les risques.
Aux Hospices civils de Lyon et plus particulièrement à l’hôpital Lyon Sud, on prend en charge énormément de patients atteints de mélanome. Ce sont environ 800 nouveaux patients par an. C’est donc une activité importante, qui est en croissance constante. Heureusement, beaucoup de progrès ont été fait en termes de diagnostic précoce.
Le personnel soignant est de plus en plus aidé par des outils incluant maintenant l’intelligence artificielle. Du diagnostic précoce aux traitements, ces avancées participent à la bonne santé de la population lyonnaise.
Comment bien protéger sa peau du soleil ?
Pour bien se protéger du soleil, il y a plusieurs consignes à suivre, il ne suffit pas seulement de mettre de la crème solaire.
Le premier réflexe à avoir, c’est d’éviter de s’exposer au soleil entre 12 h et 16 h. Dans ce créneau horaire, il faut rester à l’ombre. Attention, une ombre de parasol planté sur la plage ne compte pas, il faut vraiment être protégé par un bâtiment par exemple.
Deuxièmement, il faut soigner sa protection vestimentaire. La tenue parfaite comporte un t-shirt avec des manches jusqu’au coude, un bermuda, un chapeau, et des lunettes.
Les crèmes solaires ont un rôle à jouer, mais elles interviennent plutôt en troisième position. Il faut s’en appliquer très régulièrement, mais il ne faut pas que ce soit un prétexte pour s’exposer plus au soleil.
Les compléments alimentaires pour mieux préparer sa peau au soleil sont-ils recommandés ?
Les compléments alimentaires, et les autres produits pour préparer sa peau à l’exposition au soleil, n’ont pas prouvé leur efficacité. Ils ne sont donc pas recommandables, mieux vaut être prudent vis-à-vis de l’exposition au soleil que se reposer sur des faux arguments pour s’y exposer.
Y a-t-il des peaux plus sensibles au soleil ?
Chaque type de peau a des risques concernant l’exposition solaire. Plus notre peau est claire, plus les risques sont importants.
Schématiquement, les personnes rousses, blondes, qui ont les yeux bleus, ont généralement la peau très claire et sont les personnes les plus à risque. Ainsi que les personnes avec cheveux châtains et yeux clairs.
Les peaux mates de type asiatiques et les peaux noires ont une protection naturelle face aux rayons du soleil.
Les plus jeunes peaux nécessitent-elles une attention particulière ?
L’enjeu principal pour éviter les risques, c’est l’exposition solaire avant l’âge de 25 ans. En effet, entre la naissance et l’âge de 25 ans, il faut se protéger des rayons du soleil, et acquérir les bons réflexes. Les parents doivent jouer un rôle protecteur en gardant leurs enfants à l’ombre entre 12 h et 16 h.
Sinon, des patients de la trentaine à la soixantaine se présentent en consultation avec des dégâts occasionnés par le soleil qui sont en grande partie irréversibles.
Le soleil accélère-t-il le vieillissement de la peau ?
Le soleil est le facteur principal de vieillissement cutané. Concernant les rides, et les taches sur la peau, 95 % sont liés au soleil. Le tabac est aussi un facteur de vieillissement de la peau, mais pas aussi important que le soleil.
Les dermatologues, indispensables mais rares
Quand faut-il consulter un dermatologue ?
Il y a deux types de signes inquiétants pour votre peau.
La règle ABCDE concerne une lésion pigmentée qui se modifie avec des critères :
- d’Asymétrie
- de Bords irréguliers,
- de plusieurs Couleurs,
- de Dimensions (+ de 6mm)
- d’Évolution
Si ces critères sont remplis, il faut consulter.
La « stratégie du vilain petit canard » est également à connaître. Un grain de beauté qui ne ressemble pas aux autres doit attirer votre attention et doit être montré le plus rapidement à un médecin traitant ou dermatologue.
Consulter un dermatologue n’est pas facile : comment faire ?
La démographie médicale et celle des dermatologues en particulier est devenue très complexe.
C’est pour cela qu’il a été mis à disposition par les HCL la possibilité aux médecins généralistes de demander des avis. Ils ont la possibilité de prendre une photo des lésions suspectes, idéalement une photo clinique et une photo avec le dermatoscope qu’ils peuvent envoyer aux dermatologues via myhcl. Les dermatologues répondent le plus rapidement possible et peuvent accélérer le processus de dépistage lorsqu’ils ont une suspicion avérée de cancer de la peau.
Retrouvez le replay de l’émission “Votre santé” du 28 mai 2024 sur Ma Santé TV.
À SAVOIR
Avec près de 100 000 nouveaux cas chaque année, le cancer de la peau serait le plus fréquent en France et il est en constante augmentation depuis 50 ans avec +2% de nouveaux cas détectés tous les ans entre 2010 et 2023. Le mélanome, la forme la plus agressive, a vu son nombre de cas multiplié par 5 entre 1990 et 2018 pour atteindre 15 500 nouveaux cas par an.