Une chauve-souris infectée par un variant du coronavirus, potentiellement transmissible à l'homme.
Le HKU5-CoV-2 appartient à la sous-famille des Merbecovirus, qui comprend le MERS-CoV, responsable d’un taux de mortalité d’environ 35 %. © Adobe Stock

Des scientifiques chinois viennent de découvrir un nouveau coronavirus chez des chauves-souris au Japon. Ce virus, baptisé HKU5-CoV-2, peut pénétrer les cellules humaines via le même récepteur que le Covid-19. Alors, doit-on craindre une nouvelle pandémie ? Éléments de réponse.

Un groupe de chercheurs dirigé par la virologue Shi Zhengli, de l’Institut de virologie de Wuhan, a récemment identifié un nouveau coronavirus chez des chauves-souris japonaises à Hong Kong. Ce virus, nommé HKU5-CoV-2, appartient à la même famille que le SARS-CoV-2 (responsable du Covid-19) et le MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient). Ce qui alarme les experts, c’est sa capacité à pénétrer les cellules humaines en utilisant le récepteur ACE2, le même que celui utilisé par le coronavirus à l’origine de la pandémie mondiale.

Mais avant de tirer la sonnette d’alarme, les chercheurs tiennent à nuancer : si ce virus peut infecter les cellules humaines en laboratoire, son efficacité de transmission reste nettement inférieure à celle du SARS-CoV-2. Autrement dit, le risque qu’il se propage rapidement chez l’homme est aujourd’hui considéré comme faible. Mais pas exclu…

Pour mieux comprendre la situation, il faut d’abord savoir comment fonctionne le récepteur ACE2. Présent à la surface de nombreuses cellules humaines, notamment dans les poumons, le cœur et les intestins, ce récepteur est déterminant dans l’infection virale. Lorsqu’un coronavirus comme le SARS-CoV-2 ou le HKU5-CoV-2 entre en contact avec ce récepteur, il parvient à pénétrer dans la cellule et à s’y multiplier.

Cependant, le simple fait qu’un virus puisse s’attacher au récepteur ACE2 ne signifie pas automatiquement qu’il peut provoquer une maladie chez l’homme. Pour déclencher une épidémie, le virus doit non seulement réussir à infecter les cellules humaines, mais aussi se transmettre efficacement d’une personne à une autre. À ce jour, aucune preuve ne démontre que le HKU5-CoV-2 possède cette capacité de transmission interhumaine.

Un risque de pandémie à surveiller de près

Bien que les chercheurs affirment qu’il n’y a pas de raison de paniquer, ils soulignent l’importance de surveiller de près l’évolution de ce virus. Pourquoi ? Parce que les coronavirus ont la particularité de muter facilement. Un virus initialement inoffensif pourrait, au fil du temps, acquérir des mutations le rendant plus contagieux ou plus dangereux pour l’homme.

Cette vigilance est d’autant plus cruciale que les chauves-souris sont des réservoirs naturels de nombreux virus, dont certains peuvent franchir la barrière des espèces et infecter l’homme. Le SARS-CoV-1 (responsable du SRAS en 2003), le SARS-CoV-2 (Covid-19) et le MERS-CoV en sont des exemples les plus récents.

Pourquoi les chauves-souris hébergent-elles autant de virus ?

Les chauves-souris sont connues pour héberger une grande diversité de virus sans pour autant tomber malades. Cette particularité s’explique par leur système immunitaire unique. Contrairement aux autres mammifères, leur métabolisme élevé et leur température corporelle élevée, due au vol, créent un environnement peu propice à la multiplication des virus. Résultat : les virus s’adaptent pour survivre dans ces conditions, ce qui les rend parfois plus résistants lorsqu’ils passent chez d’autres espèces, y compris l’homme.

C’est pourquoi les scientifiques surveillent de près ces mammifères, en particulier dans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, où le contact entre les humains et la faune sauvage est fréquent.

Faut-il vraiment s’inquiéter de ce nouveau coronavirus ?

Pour l’instant, à ce stade d’information, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Aucune transmission humaine du HKU5-CoV-2 n’a été détectée, et son efficacité d’infection reste limitée. Les scientifiques rappellent que des centaines de coronavirus circulent chez les animaux sans jamais franchir la barrière des espèces.

Cependant, cette découverte souligne une fois de plus l’importance de surveiller les virus présents chez les animaux sauvages. La pandémie de Covid-19 a montré à quel point un virus animal peut avoir un impact dévastateur lorsqu’il passe à l’homme. Maintenir une vigilance constante permet d’anticiper et de prévenir de potentielles futures pandémies.

À SAVOIR

En 2021, des chercheurs de l’Institut Pasteur au Laos et à Paris ont découvert plusieurs coronavirus proches du SARS-CoV-2 chez des chauves-souris du genre Rhinolophus, vivant dans des grottes du nord du Laos. Parmi eux, le virus BANAL-52 présentait une ressemblance génétique de 96,8 % avec le SARS-CoV-2, tandis que BANAL-103 et BANAL-236 étaient légèrement moins similaires.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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