Peut-on vraiment laisser notre inconscient venir à bout de notre addiction au tabac ? Sous réserve que l’on soit réceptif au principe, l’autohypnose est, selon certains thérapeutes, l’un des outils susceptibles de venir en aide aux accrocs à la cigarette. “Un mois pour arrêter de fumer”, avance ainsi l’hypnothérapeute Olivia Favre, praticienne en Haute-Loire et auteur d’un ouvrage proposant un programme d’autohypnose en 24 séances. Explications.
L’hypnose est une technique thérapeutique qui a fait ses preuves dans de nombreux domaines. Bien encadrée, elle peut aussi être pratiquée en autonomie. On parle alors d’autohypnose, qui en fonction de notre réceptivité peut permettre de remédier à différentes problématiques.
Olivia Favre, formé à la méthode Sajece, est hypnothéreute en Haute-Loire. Cette ancienne enseignante a publié à l’automne dernier “Mon programme d’autohypnose pour arrêter de fumer”, en un petit mois ! Une promesse établie avec le concours d’un pharmacien, et dont elle détaille le mécanisme à l’intention des adeptes comme des sceptiques.
Dans quelle mesure l’autohypnose peut-elle aider à dominer une addiction au tabac ?
Le principe de l’autohypnose est de planter en douceur les graines susceptibles de régler la problématique traitée, en l’occurrence l’arrêt de la cigarette, sans la présence du praticien. Il consiste à profiter de ces états transhypnotiques dans lesquels on se plonge sans le vouloir quatre à cinq fois par jour, en conduisant sa voiture, en regardant la télévision… Notre inconscient, dans ces moment-là, est capable de déclencher le mécanisme d’autohypnose.
Cela fonctionne donc de manière automatique et autonome ?
Il faut bien sûr être guidé, à travers un programme d’histoires agréables que l’on écoute en marchant, en se couchant, en faisant la vaisselle… Ces histoires distillent des petites phrases qui se fixent dans notre cerveau et amènent au questionnement. Est-ce que je veux vraiment continuer de me détruire avec mes cigarettes ? Quels sont ses méfaits sur ma santé ? Ces phrases conduisent peu à peu à la remise en question. C’est une base pour retrouver la confiance et se dire qu’il est possible de s’en sortir.
L’autohypnose “marche sur tout le monde”
Concrètement, comment se déroule le programme développé dans votre livre ?
On commence par une vraie séance d’hypnose, qui permet au thérapeute de programmer le cerveau à l’autohypnose. On nettoie tout, et on plante les graines. Cela peut prendre plus ou moins de temps en fonction des gens.
L’ouvrage, ensuite, sert de base à la thérapie d’autohypnose. La première partie, à lire, explique pourquoi la cigarette est dangereuse, ce qui peut être difficile au moment du sevrage, quelles sont les astuces pour bien réagir… La deuxième partie du livre, à écouter, propose un accompagnement de 24 jours, avec 8 ”séances-histoires” à entendre trois fois de suite.
Comment être certain que cela va fonctionner ?
Potentiellement, cela marche sur tout le monde, même les plus cartésiens. Mais il faut être réceptif et avoir envie de se faire du bien. Après, il y a des gens qui se ferment et ne souhaitent pas faire remonter leurs émotions. C’est leur choix. Cela dépend de chacun, bien sûr, et si cette aide ne suffit pas, on peut évidemment avoir recours aux conseils d’un addictologue pour remédier à sa dépendance. Ce livre est comme une boîte à outil, où l’on pioche ce qui va nous être utile : les plantes naturelles chez certains, l’hypnose chez d’autres, les patchs, le tabacologue…
Des bienfaits sur le stress, le sommeil ou les maladies de peau ?
L’autohypnose peut-elle s’appliquer à d’autres problématiques de santé ?
Oui, elle peut être efficace dans bien d’autres domaines, comme la gestion du stress, les douleurs, les maladies de peau, les troubles du sommeil… Je travaille avec des médecins qui m’envoient de plus en plus souvent des patients pour qui la médecine conventionnelle n’a plus de solutions. Et je collabore aussi avec des ostéopathes, des masseurs-kinésithérapeutes, des infirmiers… Personnellement, je suis persuadé que je suis parvenue à faire disparaître 90% de mon vitiligo grâce à l’hypnose, puis à l’autohypnose. J’ai demandé à mon inconscient de repigmenter mon visage et, même, de me laisser une tache sur mon bras en guise de souvenir.
Faut-il être vigilant au moment de choisir son thérapeute ?
Bien sûr, mais c’est valable pour tout. Et ce n’est pas le diplôme qui, au passage, fera que le thérapeute sera forcément bon. Il le sera peut-être pour quelqu’un, et non pour un autre. Tout est affaire de ressenti. Il faut savoir écouter son intuition, et si on ne le sent pas, c’est que ce n’est pas le bon thérapeute.
Quel conseil délivrez-vous aux réticents ?
De faire le test ! Les gens devraient tous essayer une séance d’hypnose, ne serait-ce que pour vider leur casserole. Ils doivent comprendre qu’ils détiennent le pouvoir sur leur vie, qu’ils ne sont pas des victimes et qu’ils peuvent changer les choses, pour être plus légers. Les séances les aident à comprendre que l’on peut faire sa vie un moment merveilleux. Et qu’écouter des histoires bienveillantes est un bon moyen d’y parvenir !
À SAVOIR
Olivia Favre, installée à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire) est maître praticienne en hypnose Sajece depuis 10 ans. Proche de la technique ericksonienne, cette méthode se concentre sur l’origine du trouble. Elle vise, grâce à des supports audios, à amener l’inconscient à faire disparaître en douceur la source du mal, et non simplement le mal lui-même.