Un médecin qui montre la progression d'un cancer du foie via un scanner.
Le cancer du foie affecte majoritairement les hommes. En 2023, près de 8 cas sur 10 étaient masculins en France. © Adobe Stock

D’ici à 2050, le nombre de cas de cancer du foie pourrait presque doubler. Alors même que 60 % d’entre eux pourraient être évités avec des mesures de prévention ciblées. Alors, comment renverser la tendance ? On fait le point.

Le cancer du foie, aujourd’hui classé troisième cause mondiale de décès par cancer, devient une menace massive. Selon une étude publiée fin juillet 2025 dans The Lancet, son incidence devrait passer de 870 000 cas en 2022 à environ 1,52 million en 2050.

Pourtant, 3 cas sur 5 sont liés à des facteurs de risque modifiables, capables d’être maîtrisés via des politiques de santé publique et des changements de mode de vie.

Vers un doublement du problème

D’ici 2050, le cancer du foie pourrait presque doubler dans le monde, passant de 870 000 nouveaux cas en 2020 à 1,52 million, selon une étude publiée dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology en juillet 2025. Un chiffre impressionnant, mais pas vraiment une surprise. Les facteurs de risque comme l’alcool, l’obésité, le diabète de type 2 ou les hépatites virales sont en hausse constante.

Aujourd’hui déjà, ce cancer est le sixième plus fréquent à l’échelle mondiale, mais il se classe troisième en termes de mortalité, ce qui en fait l’un des plus redoutables. En cause, un diagnostic souvent tardif, qui complique la prise en charge et réduit considérablement les chances de survie.

Une survie encore trop faible

Le taux de survie à 5 ans reste dramatiquement bas, entre 5 % et 30 % selon les pays et le stade au moment du diagnostic. En France, on atteint à peine 18 % de survie nette à 5 ans, selon Santé publique France, avec une médiane de survie de seulement 12 mois.

Autrement dit, une personne sur deux décède dans l’année suivant le diagnostic. Un constat dur, mais qui souligne à quel point la prévention, le dépistage précoce et l’accès aux soins sont essentiels pour enrayer la progression de ce cancer encore trop silencieux.

Hépatites B et C : encore trop de dégâts

Les hépatites virales, en particulier les hépatites B et C, restent les principaux responsables du cancer du foie dans le monde. En 2022, elles représentaient à elles seules près de 70 % des cas : 39 % pour le virus de l’hépatite B (VHB) et 29 % pour le virus de l’hépatite C (VHC), selon l’étude internationale publiée dans The Lancet.

Toutefois, leur part relative pourrait diminuer d’ici 2050, grâce aux efforts de prévention. On estime qu’elles ne représenteront plus “que” 37 % (VHB) et 26 % (VHC) des cancers du foie à cette échéance.

Alcool : un cancérogène sans seuil

On l’oublie souvent, mais l’alcool est un cancérogène avéré, classé groupe 1 par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). Et il n’existe aucune dose “sûre” pour le foie. En 2022, l’alcool était responsable de 19 % des cancers du foie. Et cette part pourrait grimper à 21 % d’ici 2050, selon les projections.

Stéatose hépatique (NASH / MASLD) : le foie gras sous surveillance

La stéatose hépatique non alcoolique, aujourd’hui rebaptisée MASLD (maladie métabolique du foie gras), touche environ un tiers de la population mondiale. Sa forme évolutive et inflammatoire, la NASH, devient une nouvelle menace silencieuse.

En 2022, cette maladie était à l’origine de 8 % des cancers du foie. En 2050, cette part pourrait atteindre près de 11 %, en lien avec la progression mondiale de l’obésité et du diabète.

En Europe

Le cancer du foie est le 6e cancer le plus mortel de l’Union européenne, bien que classé 13e en incidence selon le Centre Commun de Recherche. Le risque de vie est d’environ 1/91 pour les hommes, et 1/333 pour les femmes, avec un pic après 70 ans chez les femmes, et entre 45–69 ans chez les hommes.

La réduction des facteurs de risque (alimentation, poids, alcool, tabac, infections) est au cœur des plans européens de lutte contre le cancer.

En France

En 2023, environ 11 658 cas nouveaux ont été diagnostiqués. Le taux de survie nette à 5 ans est de l’ordre de 18 %, l’un des cancers les plus sévères en termes de pronostic. Les facteurs principaux en France sont l’alcool (50‑70 %), hépatites virales et MASLD liée à l’obésité ou au diabète.

Globalement, 75 % des cas pourraient être liés à des modes de vie modifiables, donc potentiellement évitables.

Le cancer du foie fait partie des plus meurtriers, mais il est aussi l’un des plus évitables. À condition de s’attaquer aux bons leviers.

  • Hépatites B et C : ces deux virus restent les premières causes évitables. La vaccination contre l’hépatite B, dès l’enfance, et le dépistage du VHB/VHC une fois dans la vie pour chaque adulte, sont des armes simples et efficaces.
  • Alcool : même à faibles doses, il peut suffire à abîmer le foie. Informer, encadrer la pub, taxer, et proposer un accompagnement médical permettrait de freiner les dégâts. 
  • MASLD / NASH : les maladies du foie liées au surpoids explosent. Une alimentation équilibrée, un minimum d’activité physique, voire un soutien médical (traitements anti-obésité), peuvent réduire la progression de la maladie.
  • Cibler les populations à risque : chez les personnes atteintes d’hépatite chronique ou de cirrhose, une échographie tous les 6 mois est recommandée. C’est souvent la seule chance de diagnostiquer tôt un cancer encore traitable.

Et surtout… rendre les soins accessibles. Aujourd’hui, l’accès aux traitements (y compris antiviraux ou immunothérapie) reste inégal. Une meilleure équité territoriale est donc indispensable.

Une réduction du taux d’incidence du cancer du foie de seulement 2 à 5 % par an permettrait, d’ici 2050, d’éviter jusqu’à 17 millions de nouveaux cas et de sauver près de 15 millions de vies.

Et ce n’est pas une utopie. Des modèles réalisés en Chine montrent que combiner plusieurs mesures de prévention (vaccination, dépistage, lutte contre l’alcool et l’obésité) pourrait réduire la mortalité liée au cancer du foie de plus de 80 % chez les hommes d’ici 2050. Ce n’est donc pas le savoir médical qui manque, mais la volonté politique et les moyens pour mettre en œuvre ces solutions à grande échelle.

À SAVOIR 

Une étude publiée en 2022 dans l’International Journal of Cancer a révélé que le diabète de type 2 est associé à un risque multiplié par 2 de développer un cancer du foie, indépendamment d’autres facteurs comme l’alcool ou les infections virales.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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