Et si les repas de nos aïeux avaient laissé une empreinte sur notre santé actuelle ? Une récente étude américaine montre que leur façon de manger peut encore aujourd’hui influencer notre corps, nos organes, à commencer par les reins, notre métabolisme et même nos risques de développer des maladies. Cet héritage alimentaire, transmis à travers les générations, soulève la question de l’importance d’une bonne alimentation non plus seulement à court terme, mais aussi sur le long terme.
Les habitudes alimentaires de nos grands-parents influencent notre santé bien plus profondément qu’on ne le pense. Les recherches menées par l’université de Tulane, en Lousiane (États-Unis), mettent en lumière l’impact transgénérationnel de la nutrition, suggérant un impact de ce que nos aïeux ont mangé sur nos organes, notre métabolisme et notre vulnérabilité à certaines maladies.
Faut-il dès lors se méfier de cet héritage nutritionnel ? Et anticiper celui que nous laisserons aux générations futures ?
Quelle est l’influence transgénérationnelle sur la santé rénale ?
Les conséquences d’un régime déséquilibré
Les habitudes alimentaires de nos grands-parents, notamment les régimes pauvres en certains nutriments comme les protéines, peuvent avoir des effets persistants sur les générations suivantes. Leurs descendants présentent ainsi parfois un nombre réduit de néphrons, les unités fonctionnelles des reins, ce qui augmente leur vulnérabilité aux maladies rénales ou à l’hypertension.
Même si les générations suivantes adoptent une alimentation équilibrée, les effets de ces carences peuvent persister, prouvant que ce type d’héritage ne se limite pas à une seule génération !
Selon le Pr Giovane Tortelote, néphrologue pédiatrique et auteur principal de l’étude, “on pourrait penser qu’on peut corriger l’alimentation de la première génération pour que le problème s’arrête là, mais même si elles ont une bonne alimentation, les générations suivantes (petits-enfants, arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants) peuvent naître avec un un poids plus faible et un faible nombre de néphrons, même s’ils n’ont jamais connu la famine ou un régime pauvre en protéines”.
Un impact gravé dans l’épigénétique
Ces effets s’expliquent en effet par des mécanismes épigénétiques, c’est-à-dire des modifications de l’expression des gènes sans changement dans la structure même de l’ADN. Ces modifications, provoquées par des carences ou des excès nutritionnels, sont transmises aux générations futures, impactant leur santé de manière durable.
Un risque accumulé de maladies chroniques
Sous la menace du diabète et de l’obésité
Au-delà de la santé rénale, les conséquences des choix alimentaires des générations précédentes surviennent également d’autres aspects de la santé. Une mauvaise alimentation, marquée par des carences ou des excès, peut augmenter le risque de maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 et l’obésité chez les descendants.
Par exemple, les petits-enfants de personnes ayant vécu une période de famine ou de malnutrition peuvent être plus vulnérables aux déséquilibres métaboliques, même en ayant un mode de vie sain. Cette situation s’explique par une “mémoire biologique” qui prépare les générations à survivre dans des environnements similaires à ceux qu’ont connus leurs ancêtres.
Des adaptations qui deviennent des désavantages
Dans des contextes où l’alimentation est surabondante, ces adaptations épigénétiques, initialement conçues pour correspondre aux carences, deviennent un fardeau.
Elles augmentent la prédisposition à des troubles comme l’obésité et les maladies cardiovasculaires, créant une vulnérabilité accrue face aux habitudes modernes.
Peut-on prévenir les effets de cet héritage alimentaire néfaste ?
L’importance cruciale de la prévention
Face à ces constats, la prévention nutritionnelle devient une priorité. Adopter une alimentation équilibrée et riche en nutriments essentiels peut non seulement améliorer notre santé personnelle, mais également celle des générations futures.
Ce constat met en lumière l’importance d’une prise de conscience collective pour réduire les effets négatifs des erreurs du passé.
Comment agir ?
Pour atténuer les impacts transgénérationnels, il est crucial d’investir dans des programmes éducatifs visant à promouvoir une alimentation saine dès l’enfance. Les politiques publiques peuvent également jouer un rôle important en garantissant l’accès à une nourriture de qualité, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
Les découvertes sur l’influence transgénérationnelle de la nutrition montrent que notre santé n’est pas uniquement déterminée par nos propres choix, mais aussi par ceux de nos ancêtres. Si cet héritage peut parfois être un fardeau, il offre aussi une opportunité : celle de faire des choix éclairés aujourd’hui pour bâtir une santé durable pour les générations futures. Agir sur notre alimentation, c’est agir sur notre avenir et celui de nos descendants.
À SAVOIR
L’étude de l’Université de Tulane, située à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, a été publiée dans la revue Heliyon. Les chercheurs ont étudié les conséquences de la transmission alimentaire chez des souris soumises à un régime pauvre en protéine. Les descendantes de ces premières souris présentaient toutes un poids de naissance plus réduit, ainsi que des reins plus petits. Et la correction du régime alimentaire sur les quatre générations suivantes n’a pas eu d’effet.