Le Fentanyl, puissant opioïde utilisé médicalement, est prescrit aux patients pour anesthésier de fortes douleurs aigües ou chroniques. La crise des opioïdes qui touche l’Amérique du Nord depuis 10 ans est d’ailleurs largement alimentée par cet anesthésiant : le Fentanyl est en effet responsable de 70 000 décès sur les 100 000 répertoriés aux États-Unis par an à cause des opioïdes. Surnommé « drogue du zombie », cette drogue de synthèse beaucoup plus puissante que l’héroïne fait également des ravages au Mexique et a très récemment touché le Canada, où les overdoses se multiplient dans les grandes villes. En France, où les autorités sanitaires observent le phénomène avec la plus grande vigilance, les précautions sur le surdosage et la surprescription du Fentanyl offrent une protection suffisante et dissipent les inquiétudes.
Bien que le Fentanyl puisse soulager efficacement les douleurs intenses, ce médicament présente néanmoins des dangers importants de dépendance, d’effets indésirables et de surdose. Pour éviter que le schéma inquiétant des États-Unis ne se reproduise en France, il est nécessaire que les médecins, pharmaciens et personnes en traitement soient sensibilisés aux risques de dépendance, aux risques de sa consommation sous forme de drogue de synthèse et aux désastre engendré dans certains pays, notamment ceux d’Amérique du Nord.
Le Fentanyl, c’est quoi ?
Le Fentanyl est à la base un anesthésiant très puissant prescrit pour éliminer une douleur aigüe ou chronique, à court ou long terme. Cet opioïde peut être prescrit en cancérologie, pour apaiser des douleurs intenses, ou pour les personnes en fin de vie.
Quand le Fentanyl est utilisé à bon escient, il permet d’éliminer ou de calmer la douleur à traiter, et d’apaiser le patient par un ralentissement de la respiration.
Pour éviter les effets secondaires ou les risques d’addiction, le dosage est administré avec beaucoup de précautions. En effet, la dose de Fentanyl dépend du niveau de douleur du patient, ainsi que son état de forme et ses caractéristiques physiques et psychologiques.
Il existe d’ailleurs de nombreuses contre-indications à la prise de ce médicament, telles que d’éventuels antécédents de dépression, des tendances à la dépendance ou encore des addictions déjà présentes.
Pourquoi faut-il s’en méfier ?
Sous sa forme détournée, le Fentanyl a une large part de responsabilité dans la crise des opioïdes en Amérique. Cet opiacé synthétique est, selon un rapport de l’ONU, « cinquante fois plus puissant que l’héroïne » et aurait « radicalement modifié la consommation des opioïdes en Amérique du Nord ».
Sur une moyenne de 100 000 morts par an par overdose aux États-Unis, 70 000 seraient en effet directement liées à une consommation de Fentanyl. Au rang des victimes, des stars comme Prince ou Coolio, et une foule innombrable d’anonymes.
Son atout irrésistible ? Un coût plus bas que les autres opioïdes comme l’héroïne, avec des effets encore plus puissants.
Lors d’un mésusage du Fentanyl, il procure d’abord un sentiment d’euphorie et de bien-être, mais ces effets sont rapidement suivis par des sueurs, des vomissements et de la somnolence. Autre danger, commun aux autres drogues injectées par voie veineuse, une contamination au VIH ou à l’hépatite B ou C, en cas de seringue non stérilisée.
Une drogue silencieuse et invisible
En Amérique, il est possible de se procurer du Fentanyl en utilisant des ordonnances falsifiées ou en passant commande à des laboratoires non agréés qui en produisent illégalement.
Dans les deux cas, les coûts de production de cette drogue de synthèse sont moins élevés que les autres. Un élément qui incite les vendeurs à mélanger du Fentanyl aux autres drogues qu’ils vendent pour les rendre tout aussi puissantes à moindres coûts. Ce mélange est souvent réalisé avec de la Xylazine, un anesthésiant puissant, lui-même détourné et surnommé drogue du zombie.
Généralement, cette opération se fait sans que les clients soient mis au courant. Ainsi, la majorité des consommateurs de Fentanyl ne sont pas conscients d’en ingérer. Ce fut notamment le cas de Mac Miller, le rappeur décédé en 2018 après avoir consommé ce mélange sans le savoir.
Quels sont les risques en France ?
L’arrivée de cette « drogue du zombie » en Europe, notamment en Espagne et aux Pays-Bas, fait craindre une expansion de la crise jusqu’en France. Mais l’Hexagone semble mieux armé pour faire face à la menace. Contrairement aux États-Unis, le Fentanyl y est prescrit sur ordonnances sécurisées. Et la règlementation autour de la prescription des opioïdes est strictement encadrée par la Haute Autorité de Santé.
Il est ensuite de la responsabilité des médecins de limiter, voir de refuser la prescription de Fentanyl aux patients à risque, afin de limiter les dangers d’une addiction et l’usage illégal du médicament sous forme de drogue.
Selon le Pr Nicolas Authier, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand et directeur de l’Observatoire Français des Médicaments Antalgiques, l’information doit encore se frayer un chemin jusqu’aux professionnels de santé et aux usagers. Une meilleure sensibilisation, tant auprès des médecins que des patients sur les risques de la consommation des opioïdes, est nécessaire pour maintenir des barrières solides contre d’éventuelles dérives similaires à celles qui font tant de mal à l’Amérique du Nord.
À SAVOIR
Les médicaments analgésiques visent à éliminer la douleur à court ou long terme. Il existe différents niveaux de médicaments analgésiques : niveau faible (Paracétamol, Aspirine), qui ne sont pas forcément prescrits sur ordonnances, et niveau fort : les opioïdes (Morphine, Codéine, Fentanyl), sur ordonnances sécurisés qui sont infalsifiables (l’encre, les informations d’impression et le grammage sont particuliers).