Un homme qui se fait enlever une tique et qui se fait diagnostiquer d'une encéphalite à tique.
Chaque année, entre 5 000 et 13 000 cas d’encéphalite à tiques sont recensés dans le monde, et environ 3 500 d’entre eux sont déclarés en Europe. © Adobe Stock

Maladie encore méconnue il y a quelques années, l’encéphalite à tiques fait désormais parler d’elle. En 2024, la France a enregistré une hausse spectaculaire du nombre de cas. Faut-il s’alarmer ? Comment expliquer cette progression ? Quels sont les symptômes, les risques et les moyens de prévention ? On fait le point.

62 cas d’encéphalite à tiques ont été recensés en France en 2024, selon le dernier bilan publié par Santé publique France. Cela représente une augmentation de 60 % par rapport à 2023 (39 cas) et de 77 % par rapport à 2022 (35 cas).

La maladie reste rare comparée à d’autres infections transmises par les tiques, comme la borréliose de Lyme (plusieurs dizaines de milliers de cas par an en France). Mais cette progression rapide attire l’attention, d’autant que l’encéphalite à tiques (TBE) peut entraîner des formes neurologiques sévères.

Mais pourquoi cette hausse soudaine ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette flambée ne traduit pas forcément une explosion du virus dans l’Hexagone. Elle s’explique en partie par un phénomène positif : l’amélioration du système de surveillance. Depuis 2022, l’encéphalite à tiques fait partie des maladies à déclaration obligatoire. Alors, les médecins signalent davantage de cas, y compris ceux qui auraient été ignorés auparavant parce qu’ils se manifestaient par de simples symptômes grippaux.

Mais il serait réducteur de n’y voir qu’une question administrative. Plusieurs facteurs environnementaux jouent un rôle :

  • Le réchauffement climatique : des hivers plus doux et des printemps plus précoces favorisent la survie et la multiplication des tiques.
  • La modification des écosystèmes : fragmentation des forêts, prolifération de certains animaux réservoirs (rongeurs, cervidés).
  • Les nouveaux modes de vie : le retour à la nature, la popularité des randonnées, du camping, de la cueillette… Autant d’activités qui augmentent mécaniquement les contacts avec les tiques.

Quels sont les profils les plus touchés ?

En 2024, près de 9 cas sur 10 (88,7 %) étaient liés à des infections contractées en France. Ce n’est donc plus seulement un « virus importé » depuis l’Europe centrale ou orientale, mais bien une maladie qui s’installe progressivement sur notre territoire.

Les professions les plus exposées sont logiquement celles qui travaillent au contact de la nature : forestiers, agriculteurs, éleveurs, bûcherons, cueilleurs. D’après Santé publique France, un quart des malades (25,8 %) appartiennent à ces catégories professionnelles.

Quant aux zones géographiques, les régions les plus concernées se situent dans l’Est de la France, notamment le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté, frontalières avec l’Allemagne et la Suisse où la maladie est endémique depuis longtemps.

Transmission alimentaire : un risque encore méconnu

Si la majorité des contaminations surviennent après une piqûre de tique, quelques cas ont été attribués à la consommation de lait cru ou de fromages non pasteurisés provenant d’animaux infectés.

En 2020, un foyer de contamination avait ainsi été identifié en Haute-Savoie, lié à la consommation de produits laitiers crus de chèvre (ANSES). L’agence sanitaire recommande donc la prudence, surtout pour les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées : privilégier les produits pasteurisés dans les zones à risque.

La difficulté avec l’encéphalite à tiques, c’est qu’elle ne se manifeste pas toujours. Beaucoup de personnes piquées par une tique infectée ne développeront aucun symptôme.

Chez d’autres, la maladie évolue en deux phases :

  1. Phase initiale (5 à 15 jours après la piqûre) : fièvre, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête. Bref, un tableau qui ressemble à une grippe classique.
  2. Phase neurologique (dans environ 30 % des cas symptomatiques) : atteintes plus graves avec méningite, encéphalite, voire paralysies. Les séquelles peuvent être lourdes : troubles de la mémoire, fatigue chronique, douleurs persistantes.

Contrairement à la borréliose de Lyme, il n’existe aucun traitement curatif spécifique contre le virus de l’encéphalite à tiques. La prise en charge est uniquement symptomatique, ce qui renforce l’importance de la prévention.

Un vaccin existe, mais il n’est pas pour tout le monde

Il existe bien un vaccin contre l’encéphalite à tiques. Utilisé massivement en Autriche, en Allemagne et en Suisse, il a permis de réduire fortement le nombre de cas dans ces pays.

En France, il n’est pas recommandé à l’ensemble de la population. La Haute Autorité de Santé (HAS) conseille la vaccination uniquement pour :

  • les personnes qui vivent ou travaillent dans les zones à risque identifiées,
  • les voyageurs se rendant dans des régions endémiques d’Europe centrale et orientale.

Comment se protéger efficacement ?

Face à la progression de l’encéphalite à tiques, la prévention reste l’arme la plus efficace. Les conseils de base sont simples, mais essentiels :

  • S’habiller correctement : pantalons longs, manches longues, vêtements clairs pour mieux repérer les tiques.
  • Utiliser des répulsifs cutanés homologués contre les tiques.
  • Inspecter sa peau après une sortie en nature, surtout les zones chaudes et humides (aisselles, plis, cuir chevelu, derrière les oreilles).
  • Retirer rapidement une tique avec un tire-tique (disponible en pharmacie), jamais avec les doigts ou de l’alcool.
  • Éviter les produits laitiers crus dans les zones à risque.

Ces gestes simples réduisent considérablement le risque d’infection.

Aujourd’hui, l’encéphalite à tiques reste une maladie rare en France : quelques dizaines de cas par an. Mais sa progression doit nous alerter, car elle témoigne à la fois du changement climatique, de l’évolution des écosystèmes et de la nécessité d’adapter nos habitudes de prévention.

Pour les experts, il ne s’agit pas de céder à la panique, mais d’adopter une vigilance éclairée. La bonne nouvelle, c’est que nous disposons déjà des outils pour nous protéger : information, gestes simples, vaccination ciblée.

À SAVOIR

Selon le dernier rapport annuel du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), en 2022, 20 pays de l’Union européenne/EEE ont signalé 3 650 cas d’encéphalite à tiques, dont 3 516 ont été confirmés, ce qui représente un taux de notification de 0,81 cas pour 100 000 habitants, en hausse de 14 % par rapport à 2021.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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