Représentation visuelle d'une crise de goutte sur l'orteil.
La crise de goutte apparaît habituellement sur le gros orteil.© Adobe Stock

La goutte, cette maladie inflammatoire qui s’attaque aux articulations, traîne une réputation bien précise : “c’est la faute à l’alcool !” Alors, légende urbaine ou vérité scientifique ? Décryptage d’un problème de santé aussi ancien que controversé.

Avant de lancer les accusations, commençons par le début : qu’est-ce que la goutte ? La goutte est une forme d’arthrite inflammatoire. Elle est provoquée par un excès d’acide urique dans le sang, un phénomène qu’on appelle l’hyperuricémie.

L’acide urique est une substance produite par notre organisme lorsqu’il dégrade des purines, des composés présents naturellement dans le corps et dans certains aliments. 

Normalement, les reins l’éliminent sans souci. Mais quand il y en a trop ou que les reins ne font pas bien leur travail, des cristaux microscopiques se forment et viennent s’accumuler dans les articulations. Résultat : une douleur intense, surtout la nuit, avec une articulation (souvent le gros orteil) en feu.

Si la goutte est souvent associée à l’alcool, c’est parce que celui-ci joue sur deux tableaux :

  • Il augmente la production d’acide urique. En consommant de l’alcool, votre corps produit davantage de cette substance déjà problématique.
  • Il freine son élimination. L’alcool perturbe le travail des reins, rendant plus difficile l’évacuation de l’acide urique.

Et la bière, dans tout ça ? Double peine. Elle contient des purines en bonus. Les alcools forts ne sont pas en reste, même s’ils n’ont pas l’effet “purines” de la bière. Le vin, alors ? Il semble avoir un impact moindre sur les crises de goutte, mais tout dépend des quantités consommées.

Les aliments riches en purines

Non, l’alcool n’a pas l’exclusivité des déclencheurs de la goutte. D’autres facteurs entrent en jeu. Certains aliments font grimper le taux d’acide urique.

  • Les viandes rouges.
  • Les abats (foie, rognons).
  • Les fruits de mer comme les crevettes, le crabe ou les moules.
  • Les poissons gras (sardines, maquereaux).

Un excès de ces aliments peut favoriser une crise, même si vous ne buvez pas une goutte d’alcool. De plus, l’obésité et le surpoids augmentent également la production d’acide urique et ralentissent son élimination. C’est un facteur de risque souvent sous-estimé.

Maladies, traitements, génétique…

Des pathologies comme l’hypertension, le diabète, ou les problèmes rénaux influencent directement le métabolisme de l’acide urique. Les médicaments diurétiques, souvent prescrits pour ces maladies, aggravent aussi la situation.

Si vos parents ou vos grands-parents ont souffert de goutte, vous avez plus de risques de développer cette maladie. Indépendamment de votre alimentation ou de votre consommation d’alcool.

Ce que disent les études

Les recherches confirment que l’alcool peut jouer un rôle dans les crises de goutte. Une étude publiée dans The Lancet montre que consommer deux à quatre verres d’alcool par jour augmente significativement le risque, la bière étant particulièrement incriminée.

Cependant, une autre étude révèle qu’environ 10 % des personnes souffrant de goutte sont abstinentes. Preuve que d’autres facteurs, comme l’alimentation ou les prédispositions génétiques, peuvent suffire à déclencher des crises.

Comment éviter une crise de goutte ?

Pas de remède miracle, mais quelques conseils simples peuvent aider. On vous donne la longue et non exhaustive liste des éléments à noter.  

  • Réduisez les aliments riches en purines (viandes rouges, abats, fruits de mer).
  • Consommez des produits laitiers, qui aident à réduire le taux d’acide urique.
  • Privilégiez les légumes, même ceux qui contiennent des purines (comme les épinards), car ils n’ont pas le même effet que les aliments d’origine animale.
  • Hydratez-vous pour aider vos reins à éliminer l’acide urique.
  • Modérez votre consommation d’alcool. Si vous êtes sujet à la goutte, réduisez la bière et les alcools forts. Le vin peut être consommé avec modération, mais restez vigilant.
  • Perdez du poids. 

Si les crises se répètent, un professionnel de santé peut vous prescrire un traitement pour abaisser le taux d’acide urique.

L’alcool, vraiment coupable ?

Alors, l’alcool est-il responsable de toutes les crises de goutte ? Pas complètement. Certes, il est un facteur aggravant, surtout la bière, mais il ne peut pas être tenu pour seul responsable.

La goutte est une maladie multifactorielle. Pour la prévenir ou la gérer, il faut adopter une approche globale : surveiller son alimentation, son poids, son hydratation, et être attentif à sa santé en général.

Alors, si vous souffrez de goutte, ce n’est pas forcément votre dernier verre qui est en cause, mais une combinaison de facteurs. Une chose est sûre : mieux comprendre ces déclencheurs permet d’agir efficacement… et de trinquer à votre santé. Avec modération, bien sûr.

À SAVOIR

Deux personnes sur trois souffrant de la goutte consomment des boissons alcoolisées : 68 % occasionnellement, 26 % quotidiennement et 6 % plusieurs fois par jour.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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