Une jeune fille qui se fait vacciner dans son collège contre le HPV et la méningite à ménigocoque.
On estime que jusqu’à 23,7 % des jeunes adultes de 19 ans sont porteurs sans le savoir. © Adobe Stock

À partir de septembre, les collégiens de 5ᵉ pourront se faire vacciner gratuitement, directement dans leur établissement, contre le papillomavirus humain (HPV), mais aussi, et c’est la nouveauté cette année, contre les méningocoques ACWY, responsables de méningites fulgurantes. Une mesure inédite, portée par les autorités sanitaires, qui marque une avancée majeure dans la prévention de deux infections graves mais évitables.

La rentrée 2025 s’annonce comme un moment décisif pour la prévention. Pour la première fois, deux vaccinations essentielles, contre le HPV, comme c’est le cas depuis deux ans, et donc également contre les méningocoques ACWY, seront proposées simultanément et gratuitement dans tous les collèges.`

L’enjeu est double :

« Ces campagnes à l’école permettent de lever les freins et d’aller vers les familles », explique Santé publique France. « C’est un levier puissant pour améliorer la couverture vaccinale et protéger durablement la population. »

Le HPV : un virus à l’origine de 6 400 cancers par an

Le papillomavirus humain est bien connu des médecins mais encore mal perçu par le grand public. Transmis lors de rapports sexuels, il est responsable de lésions précancéreuses qui, en l’absence de dépistage et de vaccination, peuvent évoluer vers un cancer. En France, le HPV est impliqué chaque année dans environ 6 400 nouveaux cas de cancers :

  • près de 3 000 cancers du col de l’utérus,
  • mais aussi des cancers de l’anus, de la gorge, de la vulve, du vagin et du pénis.

La vaccination des filles et des garçons entre 11 et 14 ans est recommandée depuis 2021. Pourtant, la couverture vaccinale reste très insuffisante : en 2023, seulement 54,6 % des filles et 26 % des garçons de 15 ans avaient reçu au moins une dose.

À titre de comparaison, l’Australie, qui vaccine ses adolescents à l’école depuis plus de dix ans, a dépassé les 80 % de couverture et s’apprête à devenir le premier pays au monde à éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2035.

La méningite à méningocoque ACWY : une maladie rare mais fulgurante

À l’opposé du HPV, qui évolue silencieusement sur plusieurs années, la méningite à méningocoque est brutale. Le méningocoque existe sous plusieurs formes appelées sérogroupes (A, B, C, W, Y). Le vaccin ACWY protège contre quatre d’entre elles. En France, si le méningocoque B reste le plus fréquent, les cas liés aux sérogroupes W et Y sont en forte hausse depuis quelques années. En quelques heures, une fièvre, des maux de tête et des taches violacées sur la peau peuvent évoluer vers un choc septique ou un coma.

La maladie reste rare mais sa gravité est extrême :

  • 10 à 12 % des cas sont mortels, même avec une prise en charge rapide,
  • et 20 à 25 % des survivants gardent des séquelles lourdes (surdité, amputations, troubles neurologiques).

Depuis la levée des restrictions liées au Covid-19, la France connaît une augmentation marquée des cas : 616 infections invasives à méningocoque ont été recensées en 2024, soit le plus haut niveau depuis 2010 selon le bulletin de Santé publique France. Les adolescents et jeunes adultes, souvent porteurs sains, sont particulièrement concernés.

  • Public ciblé : tous les élèves de 5ᵉ, âge où la réponse immunitaire est optimale et avant l’exposition aux infections.
  • Organisation : des équipes mobiles de vaccination interviendront directement dans les établissements, en lien avec les chefs d’établissement et les infirmiers scolaires.
  • Accord parental : aucune injection ne sera faite sans consentement écrit des parents.
  • Gratuité : les vaccins et leur administration seront entièrement pris en charge par l’État.

Cette démarche s’inscrit dans le prolongement de l’expérimentation lancée en 2023 pour la vaccination HPV. Dans certains départements pilotes, le taux d’adhésion avait dépassé 50 %, preuve de l’efficacité d’une vaccination « au plus près » des adolescents.

“En 2023, selon les estimations fournies par Santé publique France, plus de 100 000 élèves en classe de 5e ont été vaccinés et plus de 300 000 adolescents du même âge ont été vaccinés en ville. Ainsi, près de 420 000 adolescents de 12 ans (48 %) ont reçu une 1ère dose de vaccin contre les HPV”, indique l’Assurance maladie en s’appuyant sur les chiffres de Santé publique France.

“Cette première campagne a permis une amélioration importante de la couverture vaccinale chez les adolescents qui continue d’augmenter. En 2024 36,9 % des jeunes garçons de 15 ans avaient reçu une première dose de vaccin contre 25,9 % en 2023. 58,4 % des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une première dose de vaccin contre 54,6 % en 2023”.

Cette campagne en collège vient compléter, et non remplacer, les circuits existants. Parents et adolescents peuvent toujours se faire vacciner :

  • chez leur médecin traitant,
  • en pharmacie, où la vaccination est ouverte depuis 2023,
  • dans les centres de vaccination publics.

Selon un sondage Ipso, près de 8 parents sur 10 accepteraient une vaccination de leur enfant en pharmacie, preuve que rapprocher les lieux d’accès est plébiscité.

Cette double campagne s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre deux infections graves mais évitables :

  • Pour le HPV, l’objectif est d’atteindre une couverture vaccinale de 80 % chez les adolescents d’ici 2030, en ligne avec les recommandations européennes.
  • Pour les méningocoques ACWY, il s’agit d’endiguer la recrudescence actuelle et de réduire le portage bactérien chez les jeunes, afin de protéger l’ensemble de la population.

Les experts le rappellent, chaque vaccin administré est une vie potentiellement sauvée ou une maladie évitée.

À SAVOIR

Le méningocoque peut vivre dans la gorge sans rendre malade. On estime que 5 à 10 % des personnes sont porteuses saines à un moment donné. Elles ne tombent pas malades, mais peuvent transmettre la bactérie à leurs proches.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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