
Écologique pour certains, peu hygiénique pour d’autres, uriner sous la douche est une habitude dont beaucoup se gardent de parler à voix haute. Pourtant, elle concerne une grande partie de la population. Alors, bonne ou mauvaise idée ? On fait le point.
Un sondage mené par le site britannique YouGov en 2022 révélait que près d’une personne sur trois avouait uriner sous la douche. En France, aucune enquête nationale n’existe, mais selon plusieurs hygiénistes interrogés par les médias santé, ce comportement est courant et loin d’être marginal.
Si l’on en parle peu, c’est parce qu’il est entouré d’un certain tabou social. Pourtant, à l’heure où l’on s’interroge de plus en plus sur l’écologie et la consommation d’eau, la question mérite d’être posée.
Les arguments écologiques et pratiques
Des économies d’eau significatives
Un tirage de chasse d’eau consomme en moyenne 6 litres dans un logement récent équipé d’une chasse moderne selon ADEME. Faire pipi sous la douche, c’est donc éviter de tirer une chasse supplémentaire par jour. Sur un an, cela représente plus de 2 000 litres d’eau économisés par personne.
Si l’ensemble des Français adoptait ce réflexe, les économies se compteraient en milliards de litres d’eau. Dans un contexte de réchauffement climatique et de tensions sur la ressource en eau, l’argument écologique n’est pas négligeable.
Un geste pratique et rapide
Pour certains, c’est aussi un gain de temps. En intégrant l’élimination urinaire dans la routine de la douche, on allège un passage aux toilettes.
Rien de médicalement dangereux en soi, à condition de respecter certaines règles d’hygiène.
Hygiène : l’urine est-elle vraiment « propre » ?
Contrairement à une idée reçue, l’urine est généralement stérile chez une personne en bonne santé au moment de son émission selon l’Inserm. Elle contient essentiellement de l’eau, de l’urée et des sels minéraux. Ainsi, du point de vue infectieux, uriner sous la douche ne représente pas un danger immédiat.
Toutefois, en cas d’infection urinaire ou de lésions cutanées (plaie, mycose, eczéma), l’urine peut contenir des bactéries ou aggraver une irritation. Dans ces cas précis, il vaut mieux éviter.
Les limites médicales : attention au périnée et au cerveau
Uriner debout fragilise le plancher pelvien
Plusieurs spécialistes en rééducation périnéale alertent : uriner debout, comme cela se produit souvent sous la douche, empêche une vidange complète de la vessie.
À long terme, cela peut contribuer à affaiblir le plancher pelvien, surtout chez les femmes, et favoriser l’apparition de fuites urinaires ou de descente d’organes. Ce constat est confirmé par des kinésithérapeutes.
Le conditionnement neurologique
Un autre risque, moins connu, est le réflexe conditionné. Le cerveau peut associer le bruit de l’eau qui coule à l’envie d’uriner. À force, ce conditionnement peut provoquer des envies pressantes dans des situations anodines (bruit d’un robinet, douche, pluie).
Dans certains cas, il peut même participer au développement d’une incontinence par urgence, notamment chez les personnes fragilisées.
À SAVOIR
Selon l’OMS, environ 1 personne sur 4 souffre de troubles urinaires au cours de sa vie (incontinence, infections, troubles de la vidange).







