Méningites en hausse, bébés plus exposés, et un calendrier vaccinal qui évolue… Le dernier de Santé Publique France est glacant. En réponse à cette flambée de cas en France, les autorités sanitaires revoient leur stratégie : la vaccination contre la méningite devient obligatoire pour les moins de 2 ans. Décryptage.
La France fait face à une recrudescence inquiétante des cas de méningite. En 2024, la France a ainsi enregistré 616 cas d’infections invasives à méningocoques (IIM), soit une hausse de 10 % par rapport à 2023. Le plus haut niveau depuis plus d’une décennie.
Les sérogroupes B, W et Y sont les principaux responsables, avec une prédominance inquiétante du méningocoque B (45 % des cas). La tranche d’âge la plus touchée ? Les nourrissons de moins d’un an, qui présentent un taux d’incidence de 8,5 pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 0,9. Une épidémie ayant causée plusieurs décès.
Selon Isabelle Parent du Châtelet, épidémiologiste à Santé publique France, « cette situation confirme l’urgence d’agir pour protéger les plus jeunes, particulièrement vulnérables face à cette maladie brutale ».
Une épidémie silencieuse mais redoutée
Nouvelle donne vaccinale : ce qui a changé au 1er janvier 2025
Face à cette menace, le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes. Depuis le 1er janvier 2025, deux nouveaux vaccins contre la méningite sont désormais obligatoires pour tous les enfants nés à partir de cette date. Exit la vaccination contre le seul méningocoque C : place à une stratégie plus large et plus complète.
Voici les deux vaccins concernés :
- Le Bexsero®, qui protège contre le méningocoque de type B, à administrer à 3, 5 et 12 mois.
- Le Nimenrix® ou MenQuadfi®, couvrant les souches A, C, W et Y (on parle de vaccin “tétravalent”), injecté à 6 mois puis avec un rappel à 12 mois.
Fini donc la vaccination ciblée sur le seul méningocoque C : cette stratégie plus large s’adapte à la réalité épidémiologique actuelle. Le ministère justifie cette décision par la progression des souches W et Y, particulièrement létales (respectivement 16 % et 8 % de taux de mortalité en 2024). Et la France ne fait pas cavalier seul. D’autres pays, comme le Royaume-Uni, ont déjà mis en place des stratégies similaires avec des résultats probants.
Qui est concerné ?
On pourrait croire que cette mesure ne s’applique qu’aux bébés fraîchement nés en 2025. Mais en réalité, le périmètre est plus large. Sont également concernés :
- Les enfants de moins de 2 ans nés avant 2025 : s’ils n’ont pas reçu les vaccins B et ACWY, ils devront rattraper.
- Les enfants jusqu’à 5 ans, surtout ceux accueillis en collectivité (crèche, école maternelle), sont fortement invités à compléter leur vaccination.
- Même les adolescents et les jeunes adultes, notamment ceux qui vivent en internat ou en colocation, peuvent se voir proposer une vaccination de rattrapage.
Bref, la vigilance vaccinale concerne toutes les générations, avec une attention particulière aux plus petits, naturellement plus fragiles. Une campagne ciblée a d’ailleurs été menée en 2024 à Grenoble, après la détection de plusieurs cas chez des étudiants. Plus de 4 000 jeunes ont été vaccinés.
Vaccination : pourquoi c’est important ?
Croire ou non aux campagnes de vaccination ?
On entend parfois tout et son contraire sur les vaccins. Mais quand on regarde les chiffres, les faits parlent d’eux-mêmes. En Angleterre, où une campagne de vaccination contre le méningocoque B a été lancée dès 2015, le nombre de cas chez les jeunes enfants a chuté de 80 % en quelques années.
Ces vaccins, utilisés depuis des années, sont non seulement efficaces, mais également sûrs. Les effets secondaires sont, dans la grande majorité des cas, bénins. Un peu de fièvre, un peu de douleur au point d’injection… Rien qu’un peu de paracétamol ne puisse soulager. Et surtout, rien qui ne justifie de laisser un enfant exposé à un risque de méningite.
Où et comment faire vacciner son enfant ?
Vous n’avez pas besoin de courir dans tous les sens ! Les vaccins contre la méningite sont accessibles chez votre médecin généraliste, pédiatre, sage-femme ou infirmière (avec ordonnance). Et ils peuvent être administrés en même temps que d’autres vaccins obligatoires (comme le fameux ROR).
Le ministère de la Santé a aussi prévu une mobilisation plus large. Les biologistes médicaux demandent même à être intégrés à la campagne pour accélérer la couverture vaccinale. L’objectif est clair : atteindre une immunité collective suffisante pour freiner la propagation des souches les plus dangereuses.
À SAVOIR
En 2024, aucun nourrisson ayant reçu les 3 doses du vaccin contre le méningocoque B (Bexsero®) n’a développé de méningite. Tous les cas survenus chez les enfants de moins de 2 ans concernent des bébés non vaccinés ou partiellement vaccinés.