Chaque année, près de 10 000 nouveaux cas de leucémie sont recensés en France, touchant à la fois les enfants et les adultes. Cette maladie, qui débutE très souvent silencieusement, s’attaque aux cellules sanguines, en particulier aux globules blancs, indispensables à notre défense immunitaire. Quels sont les premiers symptômes à surveiller ? Comment agit-elle sur l’organisme ? Et quels traitements offrent aujourd’hui des perspectives encourageantes ?
La leucémie est un cancer qui affecte les cellules du sang, plus précisément les globules blancs, également appelés leucocytes. Ces cellules jouent un rôle essentiel dans la défense de l’organisme contre les infections. La maladie survient lorsque la production de ces cellules devient anormale : elles se multiplient de manière incontrôlée, perturbant l’équilibre du sang et la production d’autres cellules essentielles comme les globules rouges et les plaquettes.
En France, selon Santé Publique France, environ 3 428 cas de leucémies aigües myéloïdes ont été diagnostiqués en 2018. Cette maladie touche tous les âges, mais certaines formes sont plus fréquentes chez les enfants et d’autres chez les adultes.
Leucémie : c’est quoi exactement ?
La leucémie est une maladie qui touche la moelle osseuse, l’organe situé à l’intérieur des os où sont fabriquées les cellules sanguines. Cette production se divise en trois grandes catégories :
- Les globules rouges, qui assurent le transport de l’oxygène dans l’organisme.
- Les globules blancs, qui protègent le corps des infections.
- Les plaquettes, qui interviennent dans la coagulation du sang.
En cas de leucémie, ce mécanisme de fabrication se dérègle. Les globules blancs, au lieu de se développer normalement, deviennent immatures et se multiplient de façon excessive. Ces cellules anormales envahissent la moelle osseuse et le sang, limitant la production des autres cellules sanguines.
Cela provoque un manque de globules rouges, entraînant une anémie, un déficit en plaquettes, augmentant le risque de saignements, et une incapacité à produire des globules blancs fonctionnels, rendant le corps vulnérable aux infections. Ce dysfonctionnement affecte le bon fonctionnement de l’organisme et explique les nombreux symptômes associés à cette maladie.
Les types de leucémie : une maladie, plusieurs visages
Aiguë ou chronique : une question de vitesse
La leucémie n’est pas une maladie unique, mais un ensemble de pathologies qui diffèrent par leur vitesse d’évolution et les cellules affectées. La leucémie aiguë évolue rapidement, en quelques semaines ou mois. Les cellules anormales, souvent immatures, se multiplient à grande vitesse, entraînant des symptômes graves (fatigue, infections, saignements) et nécessitant une intervention immédiate.
À l’inverse, la leucémie chronique progresse lentement, parfois sur plusieurs années, et peut rester silencieuse longtemps avant de provoquer des symptômes.
Lymphoïde ou myéloïde : une question de cellules
Selon les cellules touchées, on distingue :
- La leucémie lymphoïde, qui affecte les lymphocytes, essentiels au système immunitaire.
- La leucémie myéloïde, qui touche les cellules à l’origine des globules rouges, des plaquettes et d’autres globules blancs.
En combinant ces critères, on obtient quatre grands types :
- Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) : Fréquente chez les enfants, elle évolue vite.
- Leucémie aiguë myéloïde (LAM) : Rapide et fréquente chez les adultes.
- Leucémie lymphoïde chronique (LLC) : Progresse lentement, souvent chez les seniors.
- Leucémie myéloïde chronique (LMC) : Évolue en deux phases, d’abord stable, puis accélérée.
Selon la leucémie, le traitement diffère : chimiothérapie, greffe de moelle ou thérapies ciblées. Chaque forme a ses spécificités, et mieux les comprendre permet une prise en charge plus efficace.
Quels sont les symptômes de la leucémie ?
Une fatigue persistante et inexplicable
Ce type de fatigue est bien différent de celle que l’on ressent après une journée stressante ou un manque de sommeil. La fatigue chronique est intense, constante, et ne disparaît pas même après du repos. Cette sensation de « traîner une tonne » derrière soi s’accompagne souvent d’un essoufflement rapide, même pour des efforts minimes comme monter des escaliers ou marcher quelques mètres.
La cause ? Une anémie, c’est-à-dire une diminution du nombre de globules rouges, qui transportent l’oxygène dans le corps. En leur absence, les muscles et les organes ne reçoivent pas suffisamment d’énergie, entraînant cette fatigue écrasante et durable.
Des infections à répétition qui traînent en longueur
Vous enchaînez rhumes, angines ou bronchites, et ces infections semblent interminables ou particulièrement difficiles à soigner ? Cela peut être lié à une altération des globules blancs. En temps normal, ces cellules sont les soldats de notre système immunitaire, chargés de combattre les virus, bactéries et autres microbes.
Mais en cas de leucémie, leur production est désorganisée : les globules blancs fabriqués sont souvent immatures ou dysfonctionnels. Ils n’assurent plus leur rôle protecteur, laissant le corps vulnérable face aux agents pathogènes. Résultat : les infections reviennent fréquemment, sont plus graves ou guérissent mal.
Des bleus et des saignements inattendus
Si vous remarquez que des bleus apparaissent facilement, même après des coups légers ou sans raison évidente, cela pourrait être un signe d’alerte. De même, des saignements fréquents de nez ou des gencives qui saignent abondamment au brossage des dents sont des symptômes à surveiller.
Ces anomalies proviennent d’un déficit en plaquettes, les cellules responsables de la coagulation du sang. Lorsque leur nombre est insuffisant, le sang a du mal à coaguler, rendant le corps plus susceptible de développer des ecchymoses ou de prolonger les saignements après une blessure, même minime.
Une perte de poids et d’appétit inexpliquée
Un amaigrissement rapide, sans modification de vos habitudes alimentaires ou d’activité physique, doit toujours être pris au sérieux. Ce symptôme, fréquent dans les cancers, est souvent accompagné d’une perte d’appétit marquée.
En cas de leucémie, cela peut refléter un état d’inflammation chronique, où l’organisme mobilise toute son énergie pour lutter contre la maladie, au détriment des fonctions métaboliques normales. Ce signal, bien qu’insidieux, est un indicateur clé d’une possible maladie sous-jacente.
Des douleurs osseuses ou articulaires inhabituelles
Bien que ce symptôme soit moins connu, il est caractéristique de certaines formes de leucémie. Les douleurs, souvent diffuses, se concentrent généralement dans les jambes, les bras ou le dos.
Elles peuvent être liées à l’accumulation de cellules leucémiques dans la moelle osseuse, qui exerce une pression sur les os. Ces douleurs ne sont pas nécessairement intenses mais peuvent être persistantes, voire augmenter au fil du temps. Une condition qui peut facilement s’apparenter à des rhumatismes bénins.
Une fièvre persistante et des sueurs nocturnes
Une fièvre inexpliquée qui dure depuis plusieurs jours ou semaines, sans autre cause apparente comme une infection, est un autre signe à surveiller. Elle peut refléter une inflammation chronique déclenchée par la présence des cellules leucémiques dans le corps.
De plus, les sueurs nocturnes, où l’on se réveille trempé en pleine nuit, sont également fréquentes. Ces phénomènes traduisent souvent une activité excessive du système immunitaire qui tente, sans succès, de contrôler la prolifération des cellules anormales.
L’importance d’écouter son corps
Ces symptômes, pris individuellement, ne signifient pas forcément que vous avez une leucémie. Par exemple, une fatigue peut être liée à un stress passager, une carence en fer ou un mauvais sommeil.
Mais si plusieurs de ces signes apparaissent ensemble ou persistent dans le temps, il est essentiel de consulter un médecin. Un simple bilan sanguin, appelé hémogramme, peut permettre de repérer des anomalies dans les globules rouges, blancs et les plaquettes, et orienter vers un diagnostic plus précis.
Leucémie : qui est concerné ?
Il n’existe pas une seule cause à la leucémie, mais plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer cette maladie :
- L’âge : les leucémies aiguës sont plus fréquentes chez les enfants, tandis que les leucémies chroniques apparaissent souvent après 50 ans.
- L’exposition à des substances toxiques, comme le benzène (présent dans certains solvants ou carburants), ou encore à des pesticides.
- Le tabac, un facteur de risque reconnu pour de nombreux cancers, y compris certaines leucémies.
- Les traitements anticancéreux passés, notamment la chimiothérapie ou la radiothérapie, qui peuvent altérer les cellules de la moelle osseuse.
- Les prédispositions génétiques : certaines anomalies ou maladies héréditaires, comme le Syndrome de Down, augmentent légèrement le risque de leucémie.
Malgré ces éléments, la leucémie peut survenir chez des personnes n’ayant aucun facteur de risque identifiable.
Comment diagnostique-t-on la leucémie ?
Le diagnostic de la leucémie repose sur plusieurs examens permettant d’identifier les anomalies dans le sang et la moelle osseuse.
- Prise de sang : une numération formule sanguine (NFS) détecte les anomalies dans les globules rouges, blancs et plaquettes.
- Myélogramme : cet examen consiste à prélever un échantillon de moelle osseuse pour confirmer la présence de cellules leucémiques.
- Analyses complémentaires : des tests génétiques et des imageries (scanner, IRM) permettent d’identifier les mutations spécifiques et d’évaluer les atteintes des organes.
Ces examens combinés permettent d’établir un diagnostic précis, de définir le stade de la maladie et d’élaborer un plan de traitement adapté aux besoins spécifiques de chaque patient.
Quels sont les traitements de la leucémie ?
Le traitement de la leucémie est adapté en fonction du type et du stade de la maladie.
- La chimiothérapie : Le traitement de base, qui vise à détruire les cellules cancéreuses.
- La greffe de moelle osseuse : Elle remplace les cellules malades par des cellules saines, souvent prélevées chez un donneur.
- Les thérapies ciblées : Ces traitements récents s’attaquent directement aux anomalies des cellules leucémiques, avec moins d’effets secondaires que la chimiothérapie classique.
Les avancées médicales permettent aujourd’hui d’obtenir des taux de rémission élevés, notamment chez les enfants, où ils dépassent 90 % pour certaines formes aiguës.
À SAVOIR
La leucémie chez l’enfant est majoritairement aiguë (90 % des cas), avec 80 % de leucémies lymphoblastiques, tandis que les formes chroniques sont très rares, avec seulement 30 à 40 cas par an en France (ARC). Chez l’adulte, elle reste rare avant 45 ans, mais les leucémies aiguës touchent principalement les personnes de plus de 60 ans. Les leucémies chroniques, plus fréquentes après 70 ans, affectent davantage les hommes.