Rhumatismes, arthrose, arthrite… Ces termes sont très souvent confondus, et si arthrose et arthrite sont deux formes de rhumatismes, il s’agit bien de maladies bien distinctes. Toutes deux touchent les articulations, provoquent des douleurs et limitent les mouvements, mais leurs causes et leurs manifestations diffèrent radicalement. Mais alors comment les différencier ? Éléments de réponse.
Les rhumatismes regroupent un large éventail de maladies qui touchent les articulations, les os, les muscles et les tendons. Ils se manifestent par des douleurs, des raideurs ou des inflammations, mais leurs origines varient. On distingue les rhumatismes inflammatoires, comme l’arthrite, où le système immunitaire s’attaque par erreur aux tissus articulaires, et les rhumatismes dégénératifs, tels que l’arthrose, provoquée par l’usure progressive du cartilage.
En France, ces maladies concernent plus de 16,8 millions de personnes, soit près d’un tiers de la population.
Ces deux maladies, l’arthrose et l’arthrite, appartiennent bien à la grande famille des rhumatismes. Mais elles ne doivent pas être confondues. Car si leurs symptômes (douleurs, raideurs, gonflements) peuvent sembler similaires, leurs origines et leurs évolutions dans le temps sont très différentes.
Arthrose et arthrite : des pathologies bien distinctes
L’arthrose : une maladie liée à l’usure
Bien qu’elles soient regroupées sous le terme général de « rhumatismes », l’arthrose et l’arthrite n’ont pas les mêmes causes ni les mêmes mécanismes.
L’arthrose est une affection mécanique et dégénérative. Avec le temps, le cartilage qui recouvre les extrémités des os au niveau des articulations s’use progressivement. Ce cartilage empêche les os de frotter les uns contre les autres. Lorsque ce tissu protecteur s’amincit ou disparaît, des douleurs apparaissent, souvent accompagnées de raideurs.
L’arthrose touche principalement les articulations les plus sollicitées comme les genoux, les hanches, les mains ou encore la colonne vertébrale. En France, on estime que 10 millions de personnes sont concernées, avec une prévalence qui augmente avec l’âge, selon l’Inserm. Cette pathologie est plus fréquente chez les personnes âgées, bien que des facteurs comme le surpoids, les traumatismes articulaires ou les mouvements répétitifs puissent accélérer son apparition.
Les symptômes typiques de l’arthrose sont des douleurs dites « mécaniques », c’est-à-dire qui s’aggravent lors d’efforts physiques (monter les escaliers, marcher longtemps) et s’atténuent avec le repos.
L’arthrite : une inflammation des articulations
Contrairement à l’arthrose, l’arthrite est une maladie inflammatoire. Elle est souvent causée par un dérèglement du système immunitaire, qui attaque par erreur les tissus sains des articulations. Ce processus inflammatoire provoque des douleurs, des gonflements, des rougeurs et une sensation de chaleur au niveau des zones touchées.
L’arthrite peut survenir à tout âge, même chez les jeunes adultes. Selon Santé Publique France, certaines formes, comme la polyarthrite rhumatoïde, touchent environ 200 000 personnes en France. D’autres formes, comme la spondylarthrite ankylosante ou l’arthrite psoriasique, affectent également un grand nombre de patients.
Les douleurs liées à l’arthrite sont qualifiées d’« inflammatoires », car elles surviennent souvent au repos, notamment la nuit ou au petit matin, et s’accompagnent de raideurs prolongées au réveil.
Comment reconnaître les symptômes de l’arthrose et de l’arthrite ?
Si les deux maladies touchent les articulations, leur manifestation clinique permet de les distinguer. Dans l’arthrose, les douleurs s’installent progressivement sur plusieurs années. Au début, elles sont légères et peuvent passer inaperçues, mais elles s’aggravent avec le temps, notamment après une activité physique intense.
À un stade avancé, des craquements articulaires et des déformations osseuses peuvent apparaître. Toutefois, ces déformations sont dues à la croissance d’excroissances osseuses appelées ostéophytes, et non à l’inflammation. De plus, les douleurs s’atténue considérablement avec le repos.
L’arthrite, en revanche, a souvent un début plus brutal. En quelques semaines, les douleurs et les gonflements articulaires deviennent invalidants. Ces gonflements sont accompagnés d’une sensation de chaleur et de rougeur locale. Les patients rapportent également une grande fatigue, liée à l’inflammation chronique.
Contrairement à l’arthrose, l’arthrite peut toucher plusieurs articulations simultanément, souvent de manière symétrique (par exemple, les deux poignets ou les deux genoux).
Les traitements : adapter la prise en charge selon la maladie
Les traitements de l’arthrose
Le traitement de l’arthrose vise principalement à soulager les douleurs et à ralentir la dégradation du cartilage.
- Les médicaments antidouleurs, comme le paracétamol, souvent utilisés en première intention. En cas de douleurs plus intenses, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être prescrits.
- Les infiltrations locales de corticoïdes ou d’acide hyaluronique, qui apportent un soulagement temporaire, notamment dans les cas d’arthrose avancée.
- Les mesures non médicamenteuses, comme la perte de poids, jouent un rôle clé. L’allègement de la charge sur les articulations (genoux, hanches) peut considérablement réduire les douleurs. De plus, pratiquer une activité physique adaptée, comme la natation ou le vélo, aide à maintenir la mobilité articulaire et à renforcer les muscles environnants.
En cas d’arthrose très invalidante, la chirurgie peut être envisagée, notamment avec la pose d’une prothèse articulaire (genou ou hanche).
Les traitements de l’arthrite
Dans l’arthrite, la priorité est de contrôler l’inflammation et de limiter les dommages articulaires irréversibles.
- Les traitements de fond, comme le méthotrexate, qui modulent l’activité du système immunitaire pour réduire l’inflammation chronique.
- Les biothérapies, médicaments plus récents, qui ciblent spécifiquement les molécules impliquées dans l’inflammation (comme le TNF-alpha). Ces traitements ont révolutionné la prise en charge des formes sévères d’arthrite.
- Les anti-inflammatoires et les corticoïdes, utilisés pour calmer les poussées inflammatoires aiguës.
Enfin, la rééducation fonctionnelle, sous forme de kinésithérapie, est indispensable pour préserver la souplesse et la force musculaire des patients.
Comment les diagnostiquer ?
Un diagnostic précoce permet d’optimiser la prise en charge et d’éviter les complications à long terme. Dans le cas de l’arthrose, une radiographie suffit souvent à confirmer l’usure du cartilage. Pour l’arthrite, en revanche, des analyses sanguines sont nécessaires pour détecter des marqueurs d’inflammation ou des anomalies du système immunitaire, comme les anticorps anti-CCP pour la polyarthrite rhumatoïde.
Bien que l’arthrose et l’arthrite soient des maladies articulaires courantes, elles diffèrent fondamentalement dans leurs causes et leurs manifestations. L’arthrose résulte d’une usure progressive des articulations, tandis que l’arthrite est une inflammation souvent liée à un dysfonctionnement immunitaire. Ainsi, si vous souffrez de douleurs articulaires persistantes, n’attendez pas pour consulter un professionnel de santé.
À SAVOIR
Arthrite et arthrose sont deux maladies différentes, mais pas incompatibles et une personne peut avoir les deux à la fois ! Par exemple, une articulation endommagée par l’arthrose peut développer une inflammation, devenant une arthrite secondaire. Ce qui complique parfois le diagnostic et le traitement.
