François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention, en visite dans les locaux de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, le 3 mars à Lyon.
Exacerbée par la crise sanitaire, les mesures barrière et les confinements, la question de la santé mentale des Français est l'une des priorités du successeur d'Olivier Véran. ©Pascal Auclair

En visite à Lyon le vendredi 3 mars, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, a fait un point d’étape sur la feuille de route “Santé mentale et psychiatrie” lancée par le ministère en 2018. Un gros chantier compte tenu de la dégradation de l’état psychologique des Français depuis la crise sanitaire.

Les personnels de la santé mentale très sollicités

Pourquoi avoir tenu à Lyon ce comité stratégique national sur la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie » ?

Parce que la santé mentale est une problématique majeure aux multiples enjeux qui nous concerne tous. Les personnels de la santé mentale et de la psychiatrie ont été très sollicités durant la crise sanitaire. Ils sont encore au front car la santé mentale de nos concitoyens reste fragile. On estime que 20% des Français souffrent de troubles psychologiques. Les enfants, les jeunes filles, sont particulièrement touchés.

Dans le domaine de la santé mentale, quels sont les grands enjeux des années à venir ?

Ils sont à trois niveaux :

  • Le dépistage et la prévention
  • Les soins en ville ou à l’hôpital
  • La réhabilitation, la réinsertion, la resocialisation des personnes malades.

Objectif santé mentale et psychiatrie : “à moi de les convaincre”

Quel bilan provisoire tirez-vous de cette feuille de route « Santé mentale et psychiatrie » lancée en 2018 ?

Un bilan riche avec plusieurs points saillants. Le premier, « mon parcours psy », permet d’avoir accès à un psychologue à raison de 8 séances remboursées par la sécurité sociale en cas de prescription de son médecin traitant. Ce dispositif a déjà profité à 90 000 personnes, dont 14 000 mineurs, garçons et filles, pour un total de 372 000 consultations. C’est la preuve que cela répond à un réel besoin.

Environ 30 000 médecins ont activé ce dispositif mais seulement 2 200 psychologues conventionnés. Ce n’est pas assez. À moi de les convaincre de la pertinence de ce dispositif qui a fait clairement la preuve de son efficacité.

Parmi les autres sujets de satisfaction, le secourisme en santé mentale qui met à disposition dans les écoles de référents spécialement formés pour la prise en charge des personnes en souffrance psychologique. Nous avons déjà 43 000 secouristes formés pour un objectif de 150 000 à l’horizon 2025.

Autre dispositif qui a fait la preuve de son efficacité : la prévention du suicide et des récidives. Le 3114, numéro disponible 24h/24, a reçu 258 000 appels à ce jour. Quant au dispositif vigilanS (*), il a suivi 30 000 patients ayant déjà fait une tentative de suicide, majeurs ou mineurs.

Où en est le déploiement des maisons des adolescents ?

C’est un autre maillon essentiel dans la prise en charge des difficultés de santé mentale de nos jeunes. Il existe 122 maisons des adolescents. Tous les départements sont concernés. Des lieux en libre accès pour les ados qui trouvent une écoute et une prise en charge si nécessaire. L’un des défis, à l’avenir, sera de développer le « aller vers ». Autrement dit, déplacer le dispositif avec des structures itinérantes dans les collèges et les lycées.

Crise des urgences : “je milite pour une refondation de notre système de santé”

Quels sont les autres objectifs ?

Je souhaite accélérer l’action sur la santé mentale autour de cinq axes.

  • La promotion du bien-être en santé mentale.
  • La lutte contre les addictions en particulier auprès des enfants et des adolescents.
  • Le renforcement de l’attractivité des métiers de la santé mentale, de la psychiatrie et du médico-social. Cela passe par une meilleure coopération entre la ville et l’hôpital, entre les médecins et les autres professionnels de santé d’un territoire.
  • La professionnalisation de la « pair aidance », en parallèle de l’approche bénévole, pour une prise en charge de patients, notamment d’enfants, en très grande difficulté psychologique.
  • Le soutien à la recherche et l’innovation avec le lancement d’un grand défi en santé mentale numérique. Le gouvernement va débloquer 25 000 millions d’euros pour ce programme qui concerne le dépistage et le suivi des patients.

Le service des urgences de nuit, à Vénissieux, vient d’annoncer sa fermeture provisoire. Comment expliquer cette situation extrême ?

C’est le reflet des difficultés de notre système de santé. Je milite pour une refondation de ce système. Il faut apporter une réponse réelle aux besoins de santé de nos concitoyens plutôt que de se baser sur l’offre de soins. Pour cela, on a besoin de professionnels de santé. Je ne vais pas claquer des doigts pour trouver 10 000 médecins et 100 000 infirmières supplémentaires. En revanche, on peut améliorer le système en favorisant les coopérations, le travail entre les différents professionnels de santé.

Concernant les services d’urgence, j’ai mis en place dès cet été des mesures spécifiques de coopération à l’échelle d’un territoire pour passer la crise. Maintenant, à Vénissieux, l’objectif est de trouver des médecins et des infirmières pour rouvrir le service d’urgences dès que possible. En attendant, il y a lieu de renforcer la coopération avec un autre service d’urgences situé à 10 minutes.

*VigilanS est un dispositif de veille et de maintien du lien auprès des personnes suicidantes à la sortie d’un service de soins.

**L’hôpital des Portes du Sud, à Vénissieux, a décidé de fermer ses urgences la nuit (de 22 heures à 8 heures du matin). Une décision effective à partir du 6 mars jusqu’au moins en septembre. En cause, un manque d’effectifs médecins et infirmiers.

À SAVOIR

Le comité stratégique national qui s’est tenu à Lyon avait pour vocation de faire un point d’étape sur la feuille de route “Santé mentale et psychiatrie” lancée par le ministère de la Santé et de la Prévention en 2018. Cette feuille de route avait ensuite été enrichie par les mesures des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, qui se sont tenues en 2021. À l’issue de ce comité stratégique, François Braun s’est rendu au rendu au Centre d’Accueil d’Evaluation et d’Orientation en Santé Mentale (CAdEO) à Lyon 3e. Le ministre de la Santé a enfin conclu son périple dans le Rhône par une visite du Centre Hospitalier Le Vinatier, à Bron. 

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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