Le CHU de Grenoble, touché par une vague de malaises mystérieux depuis 2019.
Le service concerné, l'Institut de Biologie et de Pathologie, a été inauguré en 2011 à proximité des urgences du CHU de Grenoble. © Milky2

Depuis 2019, le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Grenoble est le théâtre de mystérieux malaises affectant ses employés. Avec près de 500 cas recensés en 2024, l’origine de ces symptômes demeure inconnue, suscitant inquiétude et interrogations. De nombreuses investigations ont été menées pour faire la lumière sur cette épidémie inexpliquée, qui touche un service en particulier, l’Institut de Biologie et de Pathologie. Alors que le ministre de la Santé a été directement interpellé sur le sujet lors de sa venue sur le site, vendredi dernier, certains agents ont exercé leur droit de retrait et l’un d’eux a même déposé une plainte au pénal le 5 avril.

Le CHU de Grenoble, établissement de référence en Isère, est confronté depuis plusieurs années à une série de malaises inexpliqués touchant son personnel.

Maux de tête, vertiges, irritations des yeux et de la gorge : ces symptômes, rapportés par de nombreux agents, restent sans explication claire. Malgré les investigations menées, aucune cause précise n’a été identifiée, alimentant les inquiétudes et les spéculations.​

Les chiffres sont éloquents : en 2023, 324 malaises ont été signalés, et ce nombre a grimpé à 489 en 2024 . Ces incidents surviennent principalement à l’Institut de Biologie et de Pathologie du CHU. Les symptômes rapportés incluent des maux de tête, des vertiges, des nausées, ainsi que des irritations des voies respiratoires supérieures. Certains employés ont même dû être pris en charge aux urgences.​

Face à cette situation, la direction du CHU a entrepris diverses investigations pour identifier la source du problème. Des hypothèses telles que des émanations chimiques, des problèmes de ventilation ou la présence de substances toxiques ont été envisagées.

Cependant, aucune de ces pistes n’a abouti à une conclusion définitive. Monique Sorrantino, directrice générale de l’hôpital, a déclaré : “Nous avons fait énormément d’investigations et on n’arrive pas vraiment à savoir d’où ça vient”.​

L’absence de réponses concrètes a exacerbé le malaise parmi le personnel. Le 1er avril 2025, environ 70 agents ont exercé leur droit de retrait, témoignant de leur inquiétude face à une situation jugée dangereuse . Un employé, Xavier, a décrit son quotidien : “Moi j’ai eu personnellement la langue qui pique, des maux de tête, beaucoup de fatigue, puis les yeux qui brûlent” . Ces témoignages reflètent une détresse croissante au sein du personnel soignant.​

Devant l’inaction perçue de la direction, un agent a déposé plainte le 5 avril 2025 pour “administration volontaire de substance nuisible, blessures involontaires et exposition d’autrui à un risque immédiat de blessures” . Son avocat, Hervé Gerbi, a souligné que “près de 70 agents ont exercé leur droit de retrait le 1er avril 2025, témoignant de l’urgence d’agir”. Cette démarche vise à accélérer les investigations et à protéger les employés.​

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a été interpellé sur cette affaire lors de sa venue sur le site, vendredi 4 avril (lire À SAVOIR). Il a affirmé que “l’ARS et les organisations sanitaires font les relevés sanitaires et activent les recherches”, assurant prendre soin “de tous les Français et des soignants également” . Néanmoins, les résultats de ces investigations se font attendre, et le personnel demeure dans l’expectative.

À SAVOIR

Yannick Neuder, le ministre de la Santé, s’est déplacé à deux reprises ces derniers jours en Isère (son département d’origine). Deux visites programmées dans le cadre des futures rénovations l’hôpital de Voiron (avec un financement de l’État de 1,4 million d’euros) et surtout du CHU de Grenoble, engagé dans un plan de modernisation colossal estimé à 563 millions d’euros, dont 201 alloués par l’État, à l’horizon 2035.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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