En France, on parle beaucoup du bonheur de porter la vie, mais un peu moins des désagréments qui l’accompagnent. Pour mieux comprendre la fréquence des nausées et vomissements pendant la grossesse, le CHU de Clermont-Ferrand a lancé une étude inédite. Explications.
On les surnomme à tort les “petits maux” de la grossesse. Pourtant, les nausées et vomissements sont tout sauf anecdotiques. Selon les experts du Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF), 50 à 90 % des femmes enceintes seraient concernées par ces troubles, en particulier au premier trimestre.
Et dans environ 35 % des cas, ces symptômes sont suffisamment sévères pour perturber le quotidien, voire carrément empêcher de travailler, de dormir ou de s’alimenter correctement. Face à ce constat, le CHU de Clermont-Ferrand, en collaboration avec le Réseau de santé en périnatalité d’Auvergne (RSPA) et l’association HG (hyperémèse gravidique), a lancé le 1er mai 2025 une étude pionnière sur les nausées et vomissements gravidiques.
Quand les nausées gâchent plus que l’appétit
Nausées et vomissements à répétition : et si c’était de… l’hyperémèse gravidique ?
Ce que révèle déjà la littérature médicale, c’est que les nausées et vomissements de grossesse ne sont pas “dans la tête”. Ce sont des symptômes réels, épuisants et parfois traumatisants, qui peuvent altérer durablement la qualité de vie, perturber l’alimentation, provoquer de l’anxiété, et jusqu’à affecter le lien mère-enfant.
Dans les formes les plus graves, on parle d’hyperémèse gravidique. Et là, plus question de “passage obligé” : les vomissements deviennent incessants, la perte de poids inquiétante, la déshydratation dangereuse. Des hospitalisations et un réel danger pour la mère comme pour l’enfant. On pense notamment aux risques de carences, petit poids de naissance, voire naissance prématurée.
Une vraie pathologie, souvent minimisée
L’hyperémèse gravidique toucherait entre 0,3 % et 3,6 % des femmes enceintes selon les dernières données du CNGOF. Et pourtant, ces symptômes restent largement sous-estimés, y compris par les professionnels de santé.
Trop souvent, on invite encore les femmes à prendre sur elles, ou à attendre que ça passe. Une posture qui peut, à elle seule, aggraver leur isolement.
Une étude inédite pour objectiver le problème
Évaluer la fréquence des symptômes
Lancée le 1er mai 2025 par le CHU de Clermont-Ferrand, en partenariat avec le Réseau de santé en périnatalité d’Auvergne (RSPA) et l’association HG ((hyperémèse gravidique), cette étude veut répondre à une question simple : à quel point ces symptômes sont-ils fréquents et handicapants ?
Et pour cela, pas besoin de se déplacer. 600 futures mamans, suivies en Auvergne, rempliront un questionnaire en ligne à chaque trimestre de leur grossesse. Les réponses permettront de distinguer les formes bénignes des cas plus sévères, d’identifier les femmes à risque et d’adapter les parcours de soin.
Et si c’était héréditaire ?
C’est l’une des pistes explorées. Des études internationales ont mis en évidence un risque accru de nausées sévères chez les femmes dont la mère ou la sœur a souffert d’hyperémèse gravidique. Une tendance qui laisse penser à une possible prédisposition génétique.
Mais en France, les données restent rares. L’étude menée à Clermont-Ferrand pourrait justement faire avancer la recherche sur cette transmission familiale, encore largement méconnue.
À SAVOIR
En 2023, des chercheurs ont pointé du doigt une hormone baptisée GDF15, produite par le fœtus, comme grande responsable des fameuses nausées de grossesse – surtout dans les cas d’hyperémèse gravidique.