Faciliter l’accès aux traitements et désengorger les cabinets médicaux, voilà l’objectif du délistage de certains médicaments initialement soumis à prescription. Une mesure qui pourrait simplifier la vie des patients et alléger la charge des professionnels de santé. Décryptage.
Après la dématérialisation des notices, c’est désormais l’accès aux médicaments qui est remis en question. Le délistage des médicaments consiste à rendre certains traitements disponibles sans ordonnance. Alors qu’ils étaient jusque-là accessibles uniquement sur prescription médicale. Cette approche permet aux patients de se soigner plus facilement pour des pathologies bénignes sans avoir à consulter un médecin.
Dans plusieurs pays européens, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, cette pratique est déjà en place. En France, une cinquantaine de molécules pourraient être concernées dans les trois prochaines années. Elles traiteraient des affections courantes comme la congestion nasale, les douleurs légères à modérées ou encore certains troubles digestifs.
L’enjeu est double : faciliter l’accès aux soins tout en évitant des consultations médicales inutiles qui pèsent sur la Sécurité sociale.
Pourquoi parle-t-on du délistage maintenant ?
Avec un système de santé sous tension, obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste peut être un vrai parcours du combattant. Face à ces difficultés, certains patients renoncent aux soins ou se tournent vers les urgences, aggravant la saturation hospitalière.
Le délistage des médicaments sur ordonnance pourrait apporter des solutions concrètes.
- Un accès plus rapide aux traitements pour les patients
- Une charge de travail allégée pour les médecins, leur permettant de se concentrer sur des cas plus complexes
- Des économies pour la Sécurité sociale, en évitant des consultations médicales superflues
Selon l’association NèreS, qui représente les laboratoires pharmaceutiques de produits de santé de premier recours, cette mesure pourrait générer plusieurs millions d’euros d’économies chaque année.
Un nouvel élan pour les officines
Un rôle renforcé pour les pharmaciens
Les pharmaciens sont souvent le premier point de contact des patients pour des soucis de santé mineurs. Avec le délistage, leur rôle serait encore plus central.
- Ils pourraient conseiller et délivrer des médicaments adaptés aux symptômes des patients. Tout en les orientant vers un médecin si nécessaire.
- Ils joueraient un rôle éducatif plus important en expliquant l’usage correct des médicaments.
- Ils participeraient à la surveillance des effets secondaires et garantiraient un usage sécurisé des traitements.
Résultat, le pharmacien deviendrait un acteur important dans la prise en charge des soins du quotidien. À mi-chemin entre l’automédication et le parcours médical traditionnel.
L’automédication : la tendance est confirmée !
En 2024, le marché des produits de premier recours a connu une hausse de 2,2 %. Atteignant un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros. Quant aux ventes de médicaments sans ordonnance, elles ont progressé de 1,4 %, tandis que celles des compléments alimentaires ont bondi de 6,3 %, notamment dans les domaines du sommeil, de la vitalité et de la digestion.
Les Français dépensent en moyenne entre 40 et 42 euros par an en pharmacie pour des produits de premiers soins. Le marché de l’automédication est en plein essor, preuve que les consommateurs sont prêts à prendre en charge certains problèmes de santé par eux-mêmes, à condition d’être bien accompagnés.
Une réforme qui pourrait transformer l’accès aux soins ?
Un changement bénéfique, mais sous conditions
Si le délistage des médicaments représente une avancée, il doit être mis en place avec des garde-fous pour garantir la sécurité des patients. La formation continue des pharmaciens sera essentielle pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle de conseil.
La liste des médicaments concernés devra être rigoureusement définie, afin d’éviter des mésusages ou des risques d’automédication inappropriée. Enfin, une sensibilisation du grand public sera nécessaire pour que cette mesure ne soit pas perçue comme une incitation à éviter la consultation médicale lorsque celle-ci reste indispensable.
Le délistage : une vraie bonne idée ?
Le délistage des médicaments pourrait bien être une solution gagnant-gagnant pour les patients, les médecins, les pharmaciens et le système de santé. En simplifiant l’accès aux traitements et en valorisant le rôle des pharmaciens, cette mesure pourrait apporter des réponses concrètes aux défis actuels du système de santé français.
Reste à voir comment elle sera mise en place et encadrée pour garantir un accès aux soins à la fois rapide, efficace et sécurisé.
À SAVOIR
Avant la FDA (Food and Drug Administration), les médicaments étaient en vente libre sans contrôle. En 1938, la loi FDC (Food, Drug, and Cosmetic) a instauré une réglementation, précisée en 1951 : seuls les médicaments à risque nécessitent une prescription. Depuis 1962, les produits en vente libre doivent être sûrs et efficaces, et depuis 2007, leurs effets indésirables graves doivent être signalés.