Une tendance inquiétante : après des décennies de progression, l’espérance de vie stagne, voire recule, en Europe et en France. Alimentation, mode de vie, pandémie… Quels sont les véritables facteurs de ce ralentissement ? On vous explique tout.
Un coup d’arrêt après des décennies de progrès. L’espérance de vie a longtemps été l’un des meilleurs indicateurs des progrès en matière de santé. Grâce aux avancées médicales, à une meilleure alimentation et à l’amélioration des conditions de vie, elle n’a cessé d’augmenter au cours du XXe siècle.
Mais, depuis une dizaine d’années, cette progression marque le pas. En Europe, la hausse de l’espérance de vie a ralenti dès 2011, selon une étude de l’Université d’East Anglia publiée dans la revue Public Health Lancet. En France, le constat est similaire : après une hausse continue, l’espérance de vie a stagné ces dernières années, et la pandémie de Covid-19 a accentué cette tendance.
Comment expliquer cette baisse de l’espérance de vie ?
La sédentarité : le mal du siècle
On le sait : bien manger et bouger régulièrement, c’est la clé pour vivre longtemps et en bonne santé. Pourtant, les modes de vie modernes vont souvent à l’encontre de ces principes. En cause, une consommation croissante d’aliments transformés, riches en sucres, en graisses et en additifs. Résultat : une augmentation des maladies cardiovasculaires, du diabète et de l’obésité, qui grignotent les années de vie en bonne santé.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en Europe, représentant 45 % des décès. En France, elles causent plus de 140 000 décès par an, soit près d’un quart des décès. La sédentarité joue aussi un rôle clé : selon Santé Publique France, 95 % des adultes sont trop sédentaires et ne bougent pas assez, augmentant leur risque de maladies chroniques.
Alors, pour inverser la tendance, il faut bien évidemment privilégier une alimentation équilibrée et pratiquer une activité physique régulière, même modérée. Une marche quotidienne de 30 minutes suffit déjà à réduire les risques de maladies.
Tabac, alcool et stress
Au-delà de l’alimentation et du manque d’exercice, d’autres comportements nuisent à la longévité. Le tabagisme et la consommation d’alcool figurent parmi les principaux facteurs de risque évitables. En Europe, le tabac tue plus de 700 000 personnes par an, et l’alcool est responsable d’environ 1 décès sur 20, selon l’OMS. La France, avec une consommation d’alcool supérieure à la moyenne européenne, voit près de 49 000 décès par an liés à l’alcool.
Autre facteur souvent sous-estimé : le stress chronique. La pression professionnelle, la charge mentale et les rythmes de vie effrénés favorisent les maladies cardiovasculaires, les troubles du sommeil et la dépression, réduisant ainsi l’espérance de vie.
L’impact du vieillissement de la population
L’Europe vieillit. Avec une population de plus en plus âgée, le nombre de maladies chroniques augmente et pèse sur les systèmes de santé.
En France, la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans est passée de 16 % en 2000 à près de 21 % en 2023, selon l’INSEE. Ce vieillissement s’accompagne d’une hausse des pathologies liées à l’âge, comme Alzheimer, les maladies cardiovasculaires et certains cancers, qui limitent les gains d’espérance de vie.
La pandémie de Covid-19 : un choc sans précédent
Impossible de parler du ralentissement de l’espérance de vie sans évoquer la crise du Covid-19. Entre 2019 et 2021, l’Europe a enregistré une baisse historique de l’espérance de vie, avec une perte moyenne de 1 à 2 ans selon les pays. En France, l’espérance de vie a reculé de 0,6 an en 2020, une chute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, selon l’INSEE. Ce recul s’explique par la surmortalité liée au virus, mais aussi par les conséquences indirectes de la pandémie : retards de diagnostic, diminution des soins de prévention et isolement social.
Bien que l’espérance de vie ait légèrement rebondi en 2022 et 2023, elle n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie dans certains pays européens.
Comment relancer la progression de l’espérance de vie ?
Face à ces défis, les experts appellent à renforcer la prévention pour inverser la tendance. Voici les principales pistes :
- Promouvoir une alimentation plus saine : réduire la consommation d’aliments transformés et privilégier les fruits, légumes, céréales complètes et légumineuses.
- Encourager l’activité physique : inciter à bouger au quotidien, en facilitant les déplacements à pied ou à vélo.
- Lutter contre le tabac et l’alcool : renforcer les campagnes de prévention et l’accès aux aides pour arrêter de fumer.
- Prendre soin de sa santé mentale : sensibiliser aux effets du stress et proposer des solutions pour améliorer le bien-être mental.
- Améliorer la prévention des maladies : renforcer le dépistage des maladies chroniques et promouvoir la vaccination pour prévenir les infections.
Si le vieillissement de la population et la pandémie expliquent en partie cette tendance, nos modes de vie y jouent pour beaucoup.
À SAVOIR
30 ans en arrière, en 1994, les hommes avaient une espérance de vie de 73,6 ans et les femmes de 81,9 ans. Un différencie marqué par l’évolution des technologies en matière de diagnostic, de médecine mais aussi de prévention.