Un rayon de pharmacie vidé de ses médicaments dérivés du sang.
6 000 patients atteints de déficits immunitaires en France dépendent des immunoglobulines. © Freepik

Clairyg, Tegeline, Wilfactin… Si vous ou un proche êtes sous l’un de ces traitements, vous l’avez peut-être déjà remarqué : les médicaments dérivés du sang sont actuellement en tension d’approvisionnement, voire en rupture partielle. En cause : un ralentissement de production au sein du laboratoire français LFB. On vous explique.

On ne parle pas ici de médicaments comme les autres. Il ne s’agit pas d’aspirine ou de doliprane, mais des médicaments dérivés du sang, produits à partir de plasma humain. Ils sont indispensables à des milliers de patients atteints de pathologies souvent rares mais graves : troubles de la coagulation, déficits immunitaires, maladies auto-immunes, transplantations, etc.

Les médicaments actuellement concernés par ces tensions sont : Aclotine, Alfalastin, Betafact, Factane, Clairyg, Tegeline, Clottafact, Protexel, Vialebex et Wilfactin. Tous sont produits par le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB).

Que se passe-t-il exactement chez LFB ?

Il ne s’agit ni d’un scandale sanitaire ni d’un défaut de sécurité. La raison est plus… industrielle. Le site de production de Lille, exploité par LFB, est en modernisation. L’entreprise a engagé une réorganisation et une montée en qualité de ses équipements pour se mettre aux normes et augmenter ses capacités.

Mais, en attendant, la production tourne au ralenti. Et selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), cette situation pourrait durer jusqu’à mi-2026 : “Des tensions d’approvisionnement sont susceptibles de se poursuivre, voire de s’aggraver dans les prochains mois”.

Concrètement, quels traitements sont impactés ?

Tous ces médicaments ne sont pas concernés de la même façon. Voici un rapide tour d’horizon :

  • Wilfactin (facteur von Willebrand) : utilisé chez les patients hémophiles, il est en tension sérieuse. Les médecins doivent se tourner vers d’autres laboratoires, selon les situations cliniques.
  • Clottafact (fibrinogène) : ici aussi, la substitution est possible mais nécessite de prêter une grande attention aux dosages et aux modalités d’administration.
  • Clairyg et Tegeline (immunoglobulines) : des tensions plus variables, avec des ventes contingentées pour garantir une distribution plus équitable entre patients.

En clair, si vous êtes concerné(e), votre médecin ou pharmacien peut adapter votre traitement grâce à des alternatives thérapeutiques. Le but est d’éviter toute rupture de soin.

Ce que les autorités de santé ont mis en place

Face à la situation, l’ANSM, en lien avec les sociétés savantes et le ministère de la Santé, a mis en place un plan de gestion des stocks :

  • Priorisation des usages vitaux (urgence vitale, enfants, pathologies rares graves)
  • Contingentement des livraisons aux pharmacies et hôpitaux
  • Communication renforcée auprès des prescripteurs et pharmaciens
  • Recommandations de substitution pour chaque spécialité (via les RCP et les guides de bon usage)

Pour les soignants, tout est détaillé sur le site de l’ANSM. Pour les patients, le dialogue avec votre spécialiste est essentiel.

Pourquoi cette situation est aussi révélatrice d’un enjeu plus vaste

Cette tension sur les médicaments dérivés du sang met en lumière une fragilité structurelle : la dépendance de la France, et plus largement de l’Europe, à une production limitée et coûteuse, entièrement basée sur le don de plasma humain.

Le LFB prévoit l’ouverture d’une nouvelle usine en 2026 près d’Arras, capable de tripler la production d’immunoglobulines, d’albumine ou de fibrinogène. L’objectif affiché est de sécuriser l’approvisionnement, améliorer l’autonomie sanitaire française et sortir de la logique de crise. 

Pas de panique. Votre médecin reste votre meilleur allié. Il dispose désormais d’outils pour adapter vos prescriptions.

  • Signalez toute difficulté d’approvisionnement à votre pharmacie.
  • Respectez scrupuleusement votre traitement et ses ajustements éventuels.
  • N’interrompez jamais seul·e un traitement par peur d’un manque.

Et surtout, gardez en tête que des solutions existent, et les autorités de santé suivent de près la situation pour éviter tout abandon de soins.

À SAVOIR

En France, le plasma n’est pas rémunéré : c’est un acte de solidarité volontaire, encadré par l’Établissement Français du Sang (EFS). Un modèle éthique, mais qui dépend de la générosité de chacun.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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