Une femme atteinte d'apnée du sommeil, phénomène aggravé par le réchauffement climatique.
À un stade sévère des apnées, le risque d'accident cardiovasculaire est au moins triplé selon Santé Respiratoires France. © Freepik

Une étude australienne démontre que les nuits plus chaudes augmentent de 70 % le risque d’apnée du sommeil. À l’horizon 2100, une hausse de 2 °C des températures pourrait ainsi tripler le nombre de cas dans le monde. Un scénario pas si lointain, qui fait de la santé du sommeil un enjeu climatique à part entière. On fait le point. 

Dormir la fenêtre ouverte, tourner et se retourner, la nuque moite… On connaît tous les désagréments des nuits trop chaudes. Mais ce que l’on sait moins, c’est que cette chaleur nocturne perturbe bien plus qu’un simple endormissement : elle peut carrément favoriser des troubles respiratoires graves, comme l’apnée du sommeil.

C’est le constat alarmant posé par des chercheurs de l’université Flinders (Australie) dans une étude de 2024 : le risque d’apnée du sommeil bondit de 70 % lors des nuits particulièrement chaudes. Et ce n’est pas tout…

Apnée du sommeil : les résultats sont sans appel 

Concrètement, les scientifiques ont analysé les données de 116 200 adultes vivant dans 41 pays, tous équipés d’un capteur de sommeil sous le matelas, validé par la FDA américaine. Objectif : mesurer le lien entre la température extérieure nocturne et l’intensité des apnées du sommeil (fréquence, durée, gravité).

  • Lorsque la température dépasse les 27 °C la nuit, le risque de développer une apnée sévère augmente de 70 % par rapport à une nuit plus fraîche (6 °C en moyenne).
  • Ce lien est particulièrement marqué en Asie du Sud, Amérique latine et Europe du Sud, régions où les nuits chaudes sont de plus en plus fréquentes.

Et si l’on projette les modèles climatiques du GIEC, avec +2 °C d’ici 2100, les chercheurs estiment que la prévalence de l’apnée du sommeil pourrait tripler dans certaines régions du monde. Alarmant, non ?

C’est quoi exactement, l’apnée du sommeil ?

Un petit rappel ne fait jamais de mal : l’apnée du sommeil, c’est quand notre respiration s’interrompt brièvement pendant la nuit, souvent à cause d’un relâchement des muscles de la gorge. Ces interruptions durent de 10 à 30 secondes, voire plus, et peuvent se produire des dizaines de fois par heure.

Les signes qui doivent alerter :

Selon l’Assurance Maladie, environ 1,5 million de Français sont concernés, mais 80 % ne sont pas diagnostiqués.

Le surpoids et l’obésité : l’ennemi n°1

C’est LA grande question. Et si vous pensiez que seuls les ronflements du conjoint ou un oreiller trop mou étaient à blâmer, détrompez-vous.

La cause la plus fréquente est l’obésité ! Quand on accumule des kilos, notamment autour du cou, cela peut comprimer les voies respiratoires pendant le sommeil. Alors, l’air circule moins bien, voire plus du tout. Et le corps, à court d’oxygène, tire la sonnette d’alarme… en réveillant le cerveau. Un cercle vicieux bien connu.

Selon l’INSERM, 70 % des patients apnéiques sont en surpoids ou obèses. Ce facteur est donc clairement en haut de la liste.

L’âge et la perte de tonus musculaire : une histoire de gravité

Avec les années, nos muscles perdent de leur élasticité et ceux de la gorge ne font pas exception. Plus le pharynx se relâche pendant le sommeil, plus il risque de s’effondrer légèrement, bloquant le passage de l’air. Rien de dramatique… sauf quand ça se produit 30 fois par heure. L’apnée devient alors chronique.

Après 50 ans, le risque augmente nettement, surtout chez les hommes, même minces.

Alcool et sédatifs : les faux amis du sommeil

Un petit verre pour mieux dormir ? Pas si vite. L’alcool, tout comme certains somnifères, détend tellement les muscles que ceux des voies respiratoires se relâchent à l’excès. Résultat : les tissus se rapprochent, les voies se rétrécissent, et l’apnée s’invite à la fête.

Les médecins du sommeil le rappellent souvent : alcool + ronflements = combo à risque. Mieux vaut éviter de boire juste avant d’aller au lit, surtout en cas de suspicion d’apnée.

Une anatomie défavorable : la faute à pas de chance

Parfois, on a simplement un terrain anatomique peu favorable : un voile du palais trop long ou trop mou, des amygdales hypertrophiées (chez l’enfant notamment), une langue volumineuse qui tombe en arrière pendant le sommeil ou encore une mâchoire reculée qui laisse moins de place à l’air pour passer.

Ici, ce n’est pas une question d’hygiène de vie, mais de structure, souvent héréditaire. Dans certains cas, une intervention ORL peut être envisagée pour dégager le passage.

Le climat nocturne, désormais…

C’est la surprise de 2024. Grâce à l’étude australienne évoquée plus haut, on sait désormais que les nuit chaudes perturbent le sommeil profond et augmentent significativement le risque d’apnée du sommeil jusqu’à +70 % !

Pourquoi ? Parce que la chaleur :

  • Empêche une bonne baisse de la température corporelle, essentielle pour s’endormir et rester endormi,
  • Aggrave l’instabilité respiratoire, surtout chez ceux qui ont déjà un tonus musculaire fragile,
  • Favorise la fragmentation du sommeil, ce qui empêche l’organisme de récupérer.

Ce n’est pas encore la première chose à laquelle on pense… mais c’est sans doute celle qu’il faudra surveiller de très près à l’avenir, au rythme où la planète se réchauffe.

Ce que nous apprend cette étude, c’est que le réchauffement climatique n’est pas qu’une affaire de glaciers qui fondent ou de canicules d’été. Il s’invite dans nos chambres, affecte nos nuits, et peut favoriser une épidémie silencieuse d’apnées du sommeil.

Pour les chercheurs, il faut désormais intégrer cette réalité dans les politiques de santé publique : mieux dépister, mieux traiter, mais aussi mieux adapter les logements aux nouvelles réalités climatiques nocturnes.

Et attendant que ça bouge : 

  • Gardez votre chambre fraîche : idéalement entre 18 et 20 °C, même en été (ventilateur, clim douce, volets fermés la journée).
  • Soignez votre alimentation : fibres, légumes, aliments fermentés pour un microbiote en pleine forme.
  • Limitez l’alcool et les somnifères : surtout avant le coucher.
  • Consultez en cas de symptômes : ronflements, fatigue chronique, somnolence… Parlez-en à votre médecin.

À SAVOIR

Selon le centre du sommeil Biron (Canada) l’hérédité serait responsable d’environ 40 % des cas d’apnée du sommeil. Et si un parent ou un frère/sœur souffre d’apnée, votre risque augmente de 2 à 4 fois, selon l’inserm.

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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