La santé intégrative combine médecine conventionnelle et pratiques complémentaires, comme l’acupuncture ou la méditation, pour une prise en charge globale du patient. Autrefois considérée comme non conventionnelle et souvent confondue avec les médecines alternatives, cette approche est désormais reconnue pour ses bienfaits. Le décryptage de Christine Belhomme, présidente du réseau Allié Santé, à l’occasion de la sortie du film associatif “Viens voir, la médecine de demain serait-elle en train d’éclore ?”, projeté le mercredi 20 novembre à Lyon.
La médecine intégrative est un modèle qui intègre des pratiques complémentaires (hypnose, yoga, acupuncture, phytothérapie, etc.) dans le parcours de santé traditionnel d’un patient. Christine Belhomme, fondatrice de l’association Allié Santé, se définit avant tout comme “une maman et une maman-aidante”. Depuis la création de l’association en 2020, elle promeut et cherche à démontrer les vertus de cette nouvelle approche.
« Il y a un peu plus de 20 ans, l’un de mes enfants est tombé gravement malade à l’âge de cinq mois. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les limites de la médecine conventionnelle », raconte-t-elle. « Nous avons alors exploré d’autres solutions, comme l’acupuncture, ce qui a ouvert une nouvelle perspective sur la maladie. J’ai fini par prendre conscience de l’importance de considérer non seulement le corps physique, mais aussi l’aspect émotionnel, mental et spirituel. »
Santé intégrative : de quoi on parle ?
En quoi la santé intégrative est-elle bénéfique pour les patients ?
La médecine intégrative considère le patient dans sa globalité, en prenant en compte toutes ses dimensions. Par exemple, une séance d’ostéopathie peut traiter une douleur qui ne semble pas liée à la zone douloureuse, mais qui pourrait avoir des origines ailleurs dans le corps.
Cette approche permet de répondre à des problématiques pour lesquelles la médecine conventionnelle seule n’a pas de réponse, notamment dans le cadre des maladies chroniques ou des douleurs rebelles.
Avez-vous des exemples d’intégration efficace de méthodes complémentaires ?
Par exemple, dans une maternité classique, des pratiques comme la méthode de Gasquet, l’acupuncture, l’homéopathie, la sophrologie et l’ostéopathie sont utilisées pour la maman et le bébé avant et après la naissance.
Certaines structures vont plus loin en intégrant la santé environnementale et des ateliers de santé mentale pour les familles. Dans un EHPAD, l’intégration de pratiques complémentaires a permis de réduire l’usage des somnifères de 70% à moins de 5% en cinq ans.
Quelles pratiques sont proposées aux patients atteints de cancer ?
À l’Institut Raphaël, par exemple, plus de 30 pratiques complètent les traitements traditionnels, telles que l’utilisation d’huiles essentielles, l’activité physique adaptée, l’alimentation, et la méditation, selon les besoins des patients. L’objectif est de réduire les effets secondaires des traitements et d’améliorer leur qualité de vie.
Quels bienfaits avez-vous observés chez les patients qui suivent ce type de soins ?
Les patients rapportent un mieux-être physique et psychologique grâce à ces pratiques, qui renforcent leur autonomie (en particulier chez les seniors) et les rendent acteurs de leur santé.
Par exemple, l’hypnose leur offre des outils à utiliser en dehors des consultations. La médecine intégrative met également l’accent sur la prévention en prenant en compte toutes les dimensions de la santé.
Quelles sont les pratiques les plus populaires en santé intégrative ?
L’ostéopathie est une pratique courante et bien encadrée grâce à sa formation officielle. D’autres pratiques populaires incluent l’hypnose, la sophrologie et la méditation.
En milieu hospitalier, elles sont souvent utilisées en soins de support, notamment en oncologie, maternité et soins palliatifs. Toutefois, aucune étude complète n’a encore été réalisée sur l’intégration de ces pratiques dans le système de santé.
Santé intégrative : la médecine de demain ?
Quels sont les enjeux et défis de cette approche ?
Le principal défi est de créer un langage commun entre médecine conventionnelle et pratiques complémentaires, car professionnels traditionnels et alternatifs ont souvent des visions très différentes de la santé, ce qui complique leur collaboration.
La structuration des formations reste aussi un enjeu majeur, certaines étant trop courtes ou non réglementées. Enfin, le financement et le temps limité en consultation freinent l’adoption de pratiques intégratives, qui nécessitent une approche plus globale.
Les hôpitaux et cliniques soutiennent-ils cette approche ?
Il s’agit principalement d’initiatives individuelles. Certaines structures ont mis en place des démarches institutionnelles, mais elles sont encore rares. La médecine intégrative est en pleine expansion, mais son développement est freiné par le manque de financements pour mener des recherches et évaluer l’efficacité de ces pratiques.
En quoi cette initiative s’inscrit-elle dans la démarche “One Health” de l’OMS ?
La médecine intégrative s’inscrit dans une vision plus globale de la santé, incluant non seulement la santé humaine, mais aussi la santé animale et environnementale. En élargissant le périmètre à tous les acteurs de la santé et à l’ensemble des déterminants de la santé, elle adopte une approche plus transversale et planétaire. C’est ce que représente One Health.
À SAVOIR
Le film associatif “Viens voir, la médecine de demain serait-elle en train d’éclore ?” donne la parole aux patients et aux professionnels de santé sur leurs expériences en médecine intégrative, aussi bien en ville qu’à l’hôpital. Il illustre l’application de cette approche à toutes les pathologies et tous les âges, de la maternité aux soins palliatifs, en passant par la cancérologie. Le film démontre que ce modèle existe déjà en France et qu’il est possible de le développer davantage.
Projection le mercredi 20 novembre à 20h au Cinéma Mourguet à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Les places peuvent être réservées directement via la billetterie en ligne : https://cinemourguet.com/programme/films/1263.Les tarifs habituels de projections en cinéma sont appliqués.