Après Grenoble il y a deux ans, un service hospitalier intégralement dédié à la prise en charge de femmes victimes de violences a ouvert ses portes à Lyon ce lundi 25 novembre. Cette “Maison des Femmes”, animée par une équipe pluridisciplinaire à l’Hôpital Édouard-Herriot, est en capacité de centraliser des ressources médicales, psychologiques, sociales et judiciaires. Il y est notamment possible de déposer plainte en toute sécurité.
Le jour de l’ouverture de la Maison des Femmes de l’Hôpital Édouard-Herriot, à Lyon, n’a pas été choisi par hasard. Le 25 novembre correspond à la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un service similaire ait également été inauguré au CHU de Clermont-Ferrand, le même jour, deux ans après l’ouverture de la première Maison des Femmes d’Auvergne-Rhône-Alpes, à Grenoble (Isère).
“Disposer d’une Maison des femmes dans chaque département est un des objectifs prioritaires que j’ai fixé, pour que chaque femme victime de violences puisse trouver une écoute et une réponse sur l’ensemble de notre région”, livre ainsi Cécile Courrèges, directrice générale de l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes.
La question des violences faites aux femmes a été érigée en grande cause nationale. Le déploiement, dans chaque département français, de tels dispositifs fait partie intégrante du programme national décliné depuis 2020 pour apporter des solutions directes aux victimes, toujours plus nombreuses.
On estime en effet à près de 215 000 le nombre de cas annuels, selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, dont le comptage ne se base ici que sur les procédures enclenchées par les services de police et de gendarmerie. Un arbre qui cache une forêt de violences restées sous silence, et qui englobent aussi, en plus des violences sexuelles et physiques, les cas dits “hors ménages” (450 000 par an) et les mutilations sexuelles (125 000 par an)…
Violences faites aux femmes : un parcours personnalisé et adapté
La nouvelle Maison des Femmes de Lyon a été dimensionnée pour répondre à une pluralité de besoins. Elle s’adresse “à TOUTES LES FEMMES et personnes se reconnaissant comme telles, victimes de violences sexistes ou sexuelles, d’ordre psychologique, verbal et/ou physique dans quelque contexte qu’il soit (conjugal, intrafamilial, en lien avec la prostitution, le monde du travail, des discriminations de genre ou du harcèlement)”, selon les Hospices Civils de Lyon, à l’origine du projet en lien avec le collectif associatif Maison des Femmes 69.
Le parcours y est personnalisé, adapté à chaque femme, dans un environnement sécurisé et animé par une équipe pluridisciplinaire constituée de soignants (médecins généralistes, médecins-légistes, gynécologues, sage-femmes, infirmiers…), mais aussi de psychologues, de juristes, de travailleurs sociaux…
“Enfin un lieu d’accueil dédié aux femmes victimes de violences avec prise en charge par une équipe pluridisciplinaire permettant bilan, soins, orientation vers des structures adaptées en particulier associatives qui ont fait leur preuve depuis de nombreuses années auprès des victimes. L’implantation de cette Maison des Femmes en milieu hospitalier facilite les liens avec le service de médecine légale et le centre régional du psychotraumatisme Auvergne-Rhône-Alpes (CRP)”, témoigne Liliane Daligand, présidente du collectif associatif de la Maison des Femmes.
“Éradiquer de notre société toutes les formes de brutalités envers les femmes”,
Trois parcours spécifiques y sont proposés : un parcours “violences”, un parcours “mutilations sexuelles féminines” et un parcours “santé sexuelle et prévention”. La Maison des Femmes se veut également centre de ressources pour les professionnels confrontés à des violences aux femmes. Et un partenariat a été noué avec les services de police pour “faciliter le dépôt de plainte au sein de la Maison des Femmes et garantir un environnement sécurisant pour effectuer les démarches judiciaires”.
“Chaque femme prise en charge bénéficie d’un parcours adapté à son rythme et à ses besoins, afin qu’elle accède aux ressources essentielles pour se réapproprier sa vie”, ajoute le Dr Édouard Bontoux, médecin légiste et coordinateur médical du dispositif. “L’implantation de cette structure au sein des Hospices Civils de Lyon favorisera le lien avec tous les services spécialisés pour garantir une prise en charge complète, globale et adaptée à chaque situation individuelle. C’est un engagement essentiel pour tous les professionnels, associatifs ou hospitaliers, qui composent l’équipe de la Maison des Femmes de Lyon”.
Selon le Dr Bontoux, la Maison des Femmes est calibrée pour accueillir jusqu’à 500 femmes par an. “Mais le territoire aura certainement besoin que l’on prenne en charge un nombre plus important de personnes, et nous nous adapterons progressivement à ces besoins”.
Selon l’OMS, une femme sur trois a été ou sera victime de violences. À Lyon, comme à Grenoble ou à Clermont-Ferrand, ces victimes disposent aujourd’hui d’un lieu où leur voix peut s’exprimer, ce qui, entre autres initiatives comme celle déployée par le Médipole Lyon-Villeurbanne, contribue à remédier au fléau : “c’est grâce, notamment, à cet engagement de tout un territoire que nous parviendrons à changer les mentalités, à éradiquer de notre société toutes les formes de brutalités envers les femmes”, conclut Fabienne Buccio, préfete de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
À SAVOIR
La Maison des Femmes de Lyon, situées au bâtiment 10 de l’Hôpital Édouard-Herriot (5 place d’Arsonval à Lyon), est actuellement accessible du lundi au vendredi de 9h à 12h30. Le projet a été porté par les Hospices Civils de Lyon et le collectif associatif Maison des Femmes (l’Amicale du Nid, Cabiria, CIDFF Rhône-Arc Alpin Interdépartemental, FILACTIONS, Le Mas, le Mouvement français pour le planning familial 69, Le Mouvement du nid, Solidarité Femmes Beaujolais, VIFFIL SOS Femmes), en partenariat avec la Préfecture du Rhône, l’ARS Auvergne Rhône-Alpes, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Rhône, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon et la Caisse d’allocations familiales du Rhône.