
Il y a quinze ans, Yoann Stuck fumait près de 30 cigarettes par jour. Aujourd’hui, il court entre 150 et 200 kilomètres chaque semaine, vise les moins de 2h20 au marathon de Londres et sort un livre confession : Une vie en équilibre. Entre addictions, course à pied et reconstruction, ce Lyonnais devenu traileur raconte comment il a repris son destin en main, pas après pas, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 8 avril 2025.
Peut-on passer du statut de fumeur invétéré, amateur de soirées trop longues, à celui d’athlète accompli, traileur reconnu et auteur inspirant ? Yoann Stuck, 41 ans, en est la preuve vivante. Installé à Lyon, il a tout simplement changé de vie en enfilant une paire de baskets. D’abord pour aller courir après avoir écrasé sa dernière cigarette, puis pour se reconstruire, physiquement et mentalement.
Ce tournant, il le raconte aujourd’hui dans Une vie en équilibre, un livre profondément personnel, à mi-chemin entre récit de résilience et manifeste de bien-être, publié début avril. Car Yoann n’a pas seulement remplacé une addiction par une autre : il a appris à vivre autrement, en trouvant son propre rythme. Arrêter de fumer n’est pas chose facile, mais avec de la volonté, tout peut arriver.

Un message qui résonne particulièrement dans un pays où près de 12 millions de Français fument quotidiennement selon Santé publique France en 2023, et où le surpoids touche un adulte sur deux.
Invité de l’émission Votre Santé du 8 avril 2025, Yoann a délivré sa recette et montré qu’un autre chemin était possible, accessible à tous, avec de la volonté… et un peu de souffle.
De fumeur à coureur, quel déclic ?
Pourquoi avoir voulu vous mettre à la course à pied ?
Le déclic, ça a été quand j’ai arrêté de fumer. Je fumais une trentaine de cigarettes par jour. Et le jour où j’ai écrasé mon dernier mégot, à 28 ans, j’ai eu cette envie soudaine d’aller courir.
Quelle est la différence entre le trail et le running ?
C’est assez proche. On met des baskets, un peu différentes quand même, parce qu’on court sur des chemins, en montagne ou dans les monts d’Or, juste à côté (massif situé au nord-ouest de Lyon, NDLR).
Un besoin de “mettre en forme” les objectifs
Pourquoi ce besoin d’écrire ? Est-ce une forme d’exutoire ?
Oui, c’est un exutoire. Il y a deux raisons. D’abord, ça m’a fait beaucoup de bien, car je n’avais pas encore totalement réglé certaines choses. Les écrire, les relire… cela m’a remotivé. Cela m’a permis de faire le point, et cela m’a soulagé.
Et les réseaux sociaux dans tout ça ?
C’est différent. Sur les réseaux, je partage peu ma vie personnelle. Mais dans ce livre, je me suis complètement livré. Ce n’est pas un journal intime, mais c’est très personnel, très authentique. Ceux qui me suivent vont vraiment apprendre beaucoup de choses. Ça m’a fait du bien, et j’espère que ça pourra en faire à d’autres, que ça les encouragera.
Une progression sportive presque incroyable
On dit que vous n’aviez rien d’un sportif à la base. Vos amis se moquaient de vous au début, c’est vrai ?
Oui, complètement ! Et pourtant, en 15 ans, j’ai transformé ma vie. Est-ce que j’avais des prédispositions physiques ? Franchement, je ne savais pas. J’étais grand, un peu lourd… Ce qui est marrant, c’est que j’ai perdu 30 kilos… et mes amis d’enfance, eux, les ont pris ! Aujourd’hui, certains se mettent au sport aussi. Si je les ai un peu inspirés, tant mieux.
Comment passe-t-on concrètement de fumeur, fêtard, en surpoids, à sportif de haut niveau ?
Par la patience, d’abord. Ensuite vient la découverte, puis la progression. J’ai pris mon temps. J’ai appris à me connaître. Et je me suis entouré des bonnes personnes : clubs, coachs, partenaires d’entraînement… J’ai commencé seul, puis j’ai beaucoup appris en échangeant. Ce sont les rencontres qui m’ont permis d’évoluer. Il faut de la détermination et respecter les étapes. Rien ne s’est fait du jour au lendemain.
Un parcours exponentiel
Aujourd’hui, combien de temps consacrez-vous à la course à pied chaque semaine ?
Actuellement, je cours entre 150 et 200 km par semaine. Tous les jours. Je m’entraîne sur les quais du Rhône et de la Saône, car je prépare le marathon de Londres, avec un objectif sous les 2h20. Sinon, je cours dans les monts d’Or et je fais du vélo dans les monts du Lyonnais. C’est un terrain de jeu incroyable.
Lors du marathon de Florence, votre valise a été perdue. Ça a eu un impact sur la course ?
Oui, bien sûr. Il y avait tout dans ma valise : ma tenue, mes baskets, mes gels… Et pourtant, j’ai terminé avec cinq minutes d’avance sur mon objectif : 2h20 et 19 secondes. J’ai dû m’adapter complètement. J’ai cherché des gels dans Florence, sans succès. J’en ai trouvé au salon du marathon, mais je ne les avais jamais testés… Ce n’est pas conseillé, mais je n’avais pas d’autre choix. Finalement, ça a fonctionné. Il ne fallait pas stresser, sinon on gaspille de l’énergie.
L’équilibre entre sport et vie personnelle
La course à pied est-elle devenue votre nouvelle addiction ?
Non, je ne pense pas avoir remplacé une addiction par une autre. Le message de mon livre Une vie en équilibre, c’est justement ça. Le sport m’aide à garder un équilibre, mais je ne suis pas dépendant. En fin d’année, j’ai une semaine de coupure, et je suis content de ne rien faire, de rester tranquille. Après une course, j’adore profiter des jours qui suivent. Il faut savoir apprécier ce qu’on a accompli. Je ne suis plus dans l’extrême. Les extrêmes, ce n’est jamais bon.
Vous pensez vous arrêter un jour ?
Oui, il faudra bien arrêter un jour. Mais je remplacerai sûrement par autre chose : peut-être de la marche en montagne… ou du tricot ! De l’ultra-tricot, même. J’ai vu une émission sur des chaussures à ressorts… Qui sait, peut-être une future reconversion !
On vous retrouve bientôt au marathon de Londres, puis à Lyon pour Run in Lyon, le fameux marathon, en octobre ?
Oui, tout à fait. Travaillant dans un magasin de running à Lyon, cela me parle forcément. J’ai fait le semi-marathon l’an dernier, pourquoi pas porter à nouveau les couleurs de Lyon, mais cette fois sur le marathon.
Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 1er avril 2025 sur Ma Santé TV.
À SAVOIR
Yoann Stuck, ancien fumeur devenu champion de trail, a remporté l’EcoTrail Paris 80 km en 2023 avec un temps impressionnant de 5h42min40s.







