Nez bouché, yeux rouges, éternuements à répétition… En 2025, l’allergie au pollen n’a jamais été aussi virulente. Entre changement climatique, pics de pollen précoces et pollution, les allergiques vivent un printemps sous haute tension. Décryptage.
Si vous avez l’impression que votre allergie saisonnière est plus forte que d’habitude cette année, vous n’êtes pas seul. Depuis le début du printemps, les consultations pour rhinites allergiques, asthme et pollinose sont en forte hausse dans toute la France.
« On constate une explosion des cas d’allergies respiratoires, multipliés par 4 ou 5 en 30 ans », témoigne le Dr Luc Giamarchi, allergologue à Toulouse (La Dépêche, avril 2025).
Cette flambée s’explique par une saison des pollens qui a démarré très tôt, dès la fin février, et par des pics de pollen plus violents que les années précédentes. En mars et avril, les pollens de noisetier, aulne et frêne ont envahi l’air ambiant, suivis de près par le bouleau en avril, particulièrement redouté pour son pouvoir allergisant. Les graminées, attendues pour mai et juin, s’annoncent elles aussi virulentes.
Mais pourquoi l’allergie au pollen semble-elle plus dure cette année ?
Changement climatique : le grand responsable du rhume des foins ?
Le lien entre réchauffement climatique et explosion des allergies est désormais bien établi. Avec des hivers plus courts, des températures plus douces et des printemps précoces, les plantes libèrent leur pollen végétal plus tôt… et plus longtemps.
Selon les données de Pollens.fr, la saison pollinique a été avancée de deux à trois semaines dans certaines régions. Résultat : les patients restent exposés au pollen allergène pendant une durée plus longue, augmentant la fréquence et l’intensité des réactions allergiques. À noter que le bouleau, dont le pollen est particulièrement agressif, a connu un pic exceptionnel dès début avril dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce phénomène s’accentue avec le changement climatique. Il rend certains pollens plus concentrés et plus « actifs », notamment dans les zones où la biodiversité est perturbée.
Pollution de l’air : un facteur aggravant
La pollution de l’air, notamment les particules fines issues du trafic routier et du chauffage, fragilise les muqueuses respiratoires. L’organisme devient alors plus sensible aux pollens allergènes.
Mais ce n’est pas tout. Ces particules agissent comme des « véhicules » qui transportent le pollen plus loin, jusque dans les villes comme Paris, Lyon ou Strasbourg, où l’on pensait autrefois être à l’abri. On parle alors de pollen + pollution, un cocktail explosif pour les personnes déjà sensibles.
Alors, à quoi faut-il s’attendre pour ce printemps ?
Des pics de pollen plus forts, plus longs
Les bulletins d’alerte de Pollens.fr et Atmo France affichent des indices pollen très élevés dans presque toutes les régions. Les prévisions pollen annoncent une intensité élevée jusqu’à début juin.
- Pollen avril : saison lancée dès la fin mars.
- Pollen mai : les graminées en force.
- Pollen juin : attention au retour de l’ambroisie.
Les pics de pollen sont non seulement plus violents, mais aussi plus durables, ce qui complique la prise en charge pour les patients.
Allergie : qui est touché en 2025 ?
Les enfants, de plus en plus jeunes, sont les premiers concernés, mais les adultes ne sont pas épargnés. Des cas d’asthme d’orage apparaissent même chez des personnes qui n’avaient jamais eu d’allergies auparavant.
« Le phénomène de sensibilisation se fait plus tôt, plus vite, et plus intensément », souligne le Dr Giamarchi.
À SAVOIR
En France, environ 20 % des enfants et 1 adulte sur 3 souffrent d’allergies aux pollens et de rhinites saisonnières, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). De plus, 30 % des rhinites non traitées peuvent évoluer vers de l’asthme, entraînant plus de 230 000 journées d’hospitalisation chaque année.