Lauriane Pelao, Bruno Lina, Pascal auclair sur le plateau de Votre Santé.
Lauriane Pelao, Bruno Lina, Pascal Auclair sur le plateau de Votre Santé. © Adobe Stock

Après un été marqué par une circulation accrue du virus et l’émergence de nouveaux variants, la campagne de vaccination contre le Covid-19 et la grippe a débuté le 15 octobre 2024, ciblant en priorité les populations vulnérables. Alors que l’hiver approche, le spectre d’une nouvelle épidémie virulente se pose. Faut-il s’en inquiéter ? Éléments de réponse avec Bruno Lina, professeur de virologie, à la tête du centre national de référence sur la grippe et président du Biocluster en infectiologie de Lyon, invité de l’émission Votre Santé sur BFM Lyon.

Si l’on observait une hausse des cas de Covid-19 après les vacances d’été, les maladies respiratoires hivernales s’apprêtent aussi à faire leur grand retour ! En effet, chaque année, la saison froide est marquée par l’émergence de nouvelles épidémies, notamment la grippe.

Le coronavirus, lui, continue de circuler, accentué par l’apparition de nouveaux variants : JNA et X-C. Ainsi, une campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19 à destination des personnes les plus vulnérables (personnes âgées, personnes atteintes de maladies vasculaires, …) a débuté le 15 octobre 2024.

Face à cette conjoncture, des questions se posent : faut-il s’inquiéter d’un potentiel regain du Covid-19 cet hiver ? La grippe risque-t-elle de nous mettre à plat ? Les réponses du Pr Bruno Lina, virologue aux Hospices Civils de Lyon, sur le plateau de Votre Santé du mardi 22 octobre 2024. 

Doit-on craindre une nouvelle épidémie cet hiver ? 

Oui. Il y aura une épidémie, comme tous les hivers. On sait que la grippe va probablement commencer entre décembre et janvier. Une épidémie qui dure entre 6 et 12 semaines. Ce que l’on ne sait pas, c’est le timing exact du démarrage de l’épidémie et sa durée. Ça va dépendre des virus et des conditions climatiques.

Il y a en parallèle le coronavirus qui, lui aussi, circule. Parfois en même temps et parfois de façon décalée. Là encore, c’est difficile de le prévoir. On sait aujourd’hui que, vis-à-vis des personnes fragiles, la prévention est ce qui marche le mieux pour éviter d’être malade et d’engorger les urgences, sans parler des multiples effets secondaires liés à l’infection. Ainsi, cette campagne de vaccination est très importante.

Comment expliquer la hausse des cas de Covid-19 ? 

À la différence de la grippe, le covid a la particularité de circuler toute l’année. Il n’y a pas un pic épidémique puis plus rien. Il est là tout le temps et il donne deux à trois vagues épidémiques au fil de l’année. On a eu une circulation assez importante du virus pendant les mois d’août et de septembre

C’est actuellement en train de baisser de façon assez significative. C’est probablement l’effet “vacances scolaires”. On sait que les enfants sont les moteurs de ces épidémies de virus respiratoires. Maintenant, on s’attend à une reprise du virus, probablement pendant la période hivernale.

Ce virus évolue. C’est lié au fait qu’on a eu un nouveau variant qui est apparu, qui s’appelle JNA. Actuellement, un autre est en train d’émerger, le X-C. C’est probablement ça qui est également le moteur de ces épidémies.

Aujourd’hui le Covid-19 est-il moins virulent ? 

Effectivement. Je dirais que depuis que le virus Omicron est apparu, les formes cliniques du Covid-19 sont beaucoup moins fortes que ce qu’on a connu. Et ça reste vrai dans la durée. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison que le virus redevienne virulent et aussi agressif comme c’était le cas avant Omicron.

Néanmoins, il faut rester vigilant car certaines personnes, du fait de leur conditions sanitaires, ont des effets plus agressifs. Ce qui conduit à faire un parallèle entre la grippe et le coronavirus. À partir de 60 ans on voit une convergence des courbes de mortalité (cas d’infection mortelle) et de morbidité (cas d’infection sévère), entre les cas de grippe et de coronavirus. C’est très similaire !

Les cas de Covid long existent-ils encore et comment se traduisent-ils ?  

Oui. Il y en a encore ! Il y a malheureusement des gens qui ont attrapé le Covid pendant les années 2020-2021 et qui traînent ce syndrome post-covid. C’est parfois extrêmement difficile à gérer. Il est difficile de comprendre la mécanique de ces Covid long.

Qui sont les personnes les plus vulnérables ciblées par la campagne de vaccination ? 

Tout est question de terminologie. Si vous demandez à quelqu’un s’il est vulnérable, il répondra non ! Moi, je ne suis pas vulnérable et pourtant je suis éligible à la vaccination contre le coronavirus parce que j’ai plus de 60 ans. Au bout du compte, si on veut vieillir en bonne santé, il faut faire cette vaccination pour éviter la maladie. Il y a les conséquences directes, du fait de l’infection. Mais aussi d’autres complications indirectes liées à certaines pathologies chroniques.

Ainsi, pour les personnes présentant des pathologies cardiaques à partir de 40 ans, la grippe accentue le risque d’embolie pulmonaire, d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral. La vaccination contre la grippe est aussi protectrice que l’arrêt du tabac et les statines. Si on demande d’arrêter de fumer ou de prendre des statines en cas de maladie vasculaire, on doit aussi préconiser la vaccination. L’ effet positif est du même ordre.

Doit-on s’attendre à une épidémie violente de grippe cet hiver ?

Impossible de prévoir ! On sait juste quels seront les virus qui devraient circuler. Et c’est important par rapport à la composition du vaccin. Il y aura 3 virus : le H1n1, le H3m2 et le virus B. Le virus H1n1 et le virus B sont ceux qui évoluent le plus lentement. Aujourd’hui, on voit que le match entre les vaccins et les virus qui circulent est excellent ! On s’attend donc à une bonne efficacité vaccinale vis-à-vis de ces deux virus-là.

Concernant le H3m2, c’est un virus qui évolue beaucoup plus vite, comme on a pu le constater pendant l’été dans l’hémisphère sud. Il y a donc une petite différence entre le vaccin H3m2 et le virus qui va probablement circuler cet hiver. Mais cette différence n’empêchera pas l’efficacité du vaccin ! Ça ne sera pas optimal mais sera tout de même très significatif.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du mardi 22 octobre 2024.

À SAVOIR 

Qui est concerné par la vaccination contre la grippe ?

les personnes âgées de 65 ans et plus ; les personnes de moins de 65 ans souffrant de certaines maladies chroniques (y compris les enfants dès l’âge de 6 mois) ; les femmes enceintes ; les personnes souffrant d’obésité ; les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ou dans un établissement médicosocial d’hébergement, quel que soit leur âge.

Pour la vaccination contre la Covid-19, les patients atteints de démence ou de trisomie 21 s’ajoutent à cette liste.

La vaccination contre les 2 maladies est également recommandée pour l’entourage de ces personnes vulnérables, ainsi que pour les professionnels des secteurs médical et social.

Selon Santé publique France.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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