20 % : c’est le taux de survie du cancer des poumons à 5 ans après le diagnostic en France. Un chiffre préoccupant, qui pourrait selon les chercheurs du Centre Léon Bérard, à Lyon, être amélioré par la pratique d’une activité physique régulière durant le traitement. C’est ce que révèle l’étude “pilote” ERICA, qui encourage la combinaison sport-traitement dans la prise en charge d’un cancer métastatique des poumons. Les explications de Manon Gouez, docteure en physiologie de l’exercice au CLB, sur le plateau de l’émission Votre Santé du 17 septembre 2024.
L’exercice physique peut-il améliorer la qualité de vie des patients en cours de traitement ? C’est la question à laquelle tente de répondre l’étude ERICA, menée depuis trois ans par le Centre Léon Bérard. L’objectif ? Déterminer si l’exercice physique, avant une chimiothérapie ou immunothérapie, est possible pour les patients atteints de cancer métastatique et, surtout, s’il contribue à une meilleure efficacité de l’un ou l’autre traitement.
Cette étude vise à évaluer si une activité physique adaptée, réalisée juste avant le traitement, pourrait réduire les effets secondaires des thérapies anticancéreuses et améliorer la qualité de vie des patients. Ce projet novateur veut intégrer l’exercice dans les soins du cancer, en se basant sur des recherches qui montrent les bienfaits de l’activité physique pour les patients atteints de ce type de cancer. Les explications de Manon Gouez, docteure en physiologie de l’exercice à Lyon et cheffe de projet de l’étude ERICA, dans l’émission Votre Santé du 17 septembre 2024.
L’étude ERICA : quels sont les objectifs ?
En quoi consiste l’étude ERICA
E : exercice
R : interaction
I : immunothérapie
C : chimiothérapie
A : cancer
Cette étude est la première à tester la faisabilité d’un exercice physique pendant un traitement de chimiothérapie ou d’immunothérapie. Elle est réalisée juste avant chacune des cures de chimiothérapie et d’immunothérapie des patients atteints d’un cancer métastatique des poumons.
Quels sont les premiers résultats de cette étude ?
Les premiers résultats sont plutôt encourageants ! Nous avons montré que c’est faisable et que les patients sont capables de pédaler juste avant l’administration des traitements. Que l’exercice est sans danger pour eux et n’altère pas les traitements. Il existe aussi des résultats – non statistiquement significatif – qui prouvent une amélioration de la qualité de vie et de la condition physique mais aussi une diminution de la fatigue !
La combinaison sport-traitement
Une activité physique peut-elle avoir une incidence sur l’efficacité des traitements ?
Dans le cas de cette première étude nous n’avons pas pu répondre à cette question. Ça n’était pas l’objet de cette étude. Le but premier était d’obtenir des données préliminaires pour pouvoir mener une seconde étude à plus grande échelle pour répondre à cette question.
Qu’entendez-vous par exercice physique ?
L’étude a été menée via un exercice physique sur un vélo. Nous voulions quelque chose de très standardisé pour pouvoir quantifier l’activité physique en termes de durée et d’intensité. Ainsi, nous étions sur un exercice physique de 35 minutes à intensité modérée. Individualisée pour chacun des patients, elle était adaptée à leur condition physique – mesurée en amont de l’étude – et l’effort était prévu 30 min en amont du traitement.
Le cancer métastatique
Qu’est-ce qu’un cancer métastatique ?
Quand on parle de cancer métastatique – ici un cancer du poumon métastatique – on parle de cellules tumorales qui se sont développées au sein des poumons et se sont ensuite diffusées à travers le sang, ou la lymphe, pour aller se développer dans d’autres organes. Cela constitue des métastases et représente un cancer plus agressif.
Les premiers symptômes de ce type de cancer sont une toux importante, des douleurs thoraciques, des essoufflements anormaux (appelé dyspnée), une fatigue, un amaigrissement, etc.
Y-a-t’il des populations particulièrement à risques, comme les fumeurs ?
En effet, le premier facteur de risque connu est la consommation régulière de tabac (pour 80,8% des malades). Ensuite arrive la pollution de l’air ou les polluants professionnels comme les polluants éternels.
Cancer métastatiques : des évolutions progressives
Est-ce que les traitements évoluent et amènent à un taux de rémission en baisse ?
L’arrivée de l’immunothérapie a été une révolution pour les malades ! Elle a boosté la survie chez ses patients atteints de cancer métastatique ! En combinant la chimiothérapie et l’immunothérapie, nous avons pu observer une nette amélioration de la survie bien que l’on ne parle que rarement de rémission ou de guérison dans ces cancers là.
Quelle est la suite pour votre étude ? D’autres sont-elles prévues pour les prochains mois ?
Bien sûr ! On pense toujours à une seconde étude quand on a fit une étude pilote. Nous sommes en cours de réflexion. Il va falloir construire un projet solide pour répondre à une question d’efficacité.
Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé sur ma-santé.TV
À SAVOIR
Le cancer du poumon est souvent découvert trop tard, du fait de symptômes difficiles à identifier. Néanmoins, les examens par scanner à faible dose peuvent aider à détecter le cancer plus tôt chez les personnes à risque, principalement fumeurs ou anciens fumeurs. Ces examens peuvent réduire la mortalité de 20 % par rapport aux méthodes classiques.