Une femme atteinte de dépression, recroquevillée sur elle-même.
La dépression touche particulièrement les femmes et les jeunes adultes âgés de 20 à 25 ans. © Adobe Stock

La dépression, souvent décrite comme la “maladie du siècle”, touche près de trois millions de personnes en France. Si elle est fréquemment associée à des événements de vie difficiles ou à des facteurs environnementaux, une autre piste retient l’attention des scientifiques : celle de la génétique. Et si nos gènes avaient leur part de responsabilité ? Décryptage.

En France, on estime qu’environ 3 millions de personnes souffrent de dépression chaque année, selon l’Assurance Maladie. Mais ce chiffre ne reflète qu’une partie de la réalité, car de nombreux cas restent non diagnostiqués. Et pour cause, huit millions de personnes ont présenté des symptômes dépressifs qui, toutefois, n’étaient pas suffisants pour poser le diagnostic d’un épisode dépressif caractérisé. 

Ce trouble mental, qui affecte la pensée, l’humeur et le comportement, peut se manifester par une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes et parfois des idées suicidaires.

Les causes de la dépression sont multiples. Parmi elles, les événements traumatiques (deuil, licenciement, ruptures), le stress chronique, les déséquilibres chimiques dans le cerveau et, de plus en plus étudiée, la composante génétique.

La réponse courte : oui, en partie. Mais les choses ne sont pas si simples. La dépression est ce que les chercheurs appellent une maladie “multifactorielle”. Cela signifie qu’elle résulte d’un mélange complexe de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.

Pourtant, les études familiales et sur les jumeaux montrent un lien évident entre la génétique et la dépression. Si un parent ou un frère/sœur souffre de dépression, le risque pour un individu d’en développer une augmente significativement. D’après une étude publiée par l’Institut Pasteur, l’héritabilité de la dépression est estimée à environ 40%. Cela signifie qu’une partie de notre vulnérabilité face à cette maladie est inscrite dans nos gènes.

Les recherches génétiques sur la dépression ont connu une avancée majeure grâce aux études d’association pangénomique (GWAS). Ces études scrutent des millions de données génétiques pour repérer les variations associées à un risque accru de dépression.

Une étude récente de l’Université d’Édimbourg et le King’s College a identifié plus de 300 variantes génétiques liées à la dépression. Ces gènes jouent souvent un rôle dans le fonctionnement des neurotransmetteurs, comme la sérotonine ou la dopamine, qui régulent notre humeur et notre niveau d’énergie. Ces découvertes permettent de mieux comprendre les mécanismes biologiques à l’origine de la maladie, mais elles soulignent également sa complexité.

Il est essentiel de noter qu’avoir ces variations génétiques ne signifie pas automatiquement que l’on développera une dépression. Les gènes augmentent la vulnérabilité, mais l’environnement et les expériences de vie jouent un rôle crucial dans l’apparition ou non de la maladie.

Les chercheurs parlent souvent de “l’interaction gène-environnement”. En d’autres termes, nos gènes peuvent nous prédisposer à certaines maladies, mais ce sont nos expériences de vie qui vont souvent décider si ces gènes s’expriment ou non.

Par exemple, une personne ayant une prédisposition génétique à la dépression pourrait ne jamais en souffrir si elle évolue dans un environnement stable et bienveillant. À l’inverse, un stress intense ou un traumatisme peut “activer” ces gènes et favoriser le développement de la maladie.

Une étude de l’Université de Cambridge a montré que les personnes porteuses de gènes associés à la dépression, mais bénéficiant d’un soutien social fort, avaient beaucoup moins de risques de développer des symptômes dépressifs que celles exposées à un isolement ou à un stress constant.

Les découvertes sur la génétique de la dépression ouvrent la voie à des traitements plus ciblés. À l’avenir, il pourrait être possible de mieux prédire qui est à risque et d’agir plus tôt grâce à des interventions sur-mesure.

Actuellement, les antidépresseurs et les thérapies psychologiques restent les piliers du traitement. Mais la génétique pourrait permettre de mieux comprendre pourquoi certains patients répondent mieux que d’autres à tel ou tel médicament. Par exemple, des recherches sont en cours pour développer des thérapies basées sur les profils génétiques des individus.

Pour beaucoup, apprendre que la dépression peut avoir une composante biologique ou génétique est un soulagement. Cela permet de déstigmatiser la maladie en rappelant qu’elle n’est pas un “manque de volonté” ou une “faiblesse personnelle”, mais une condition médicale qui peut être traitée.

Si vous ou un proche souffrez de dépression, sachez que des solutions existent. Parler à un professionnel de santé, comme un médecin généraliste, un psychiatre ou un psychologue, est souvent le premier pas vers un mieux-être.

Oui, mais pas uniquement. La dépression est le fruit d’une interaction complexe entre nos gènes, notre environnement et nos expériences de vie. Comprendre cette réalité, c’est aussi se donner les moyens de mieux prévenir et traiter cette maladie qui touche tant de personnes.

Prenez soin de vous, et souvenez-vous que demander de l’aide n’est jamais un signe de faiblesse, mais de courage.

À SAVOIR

La dépression bouleverse le quotidien, touche le travail, les relations et le bien-être. Fatigue, tristesse persistante ou troubles du sommeil doivent inciter à agir. Selon sa gravité, elle se soigne par psychothérapie, médicaments ou une combinaison des deux. La durée varie, mais la guérison suit généralement cinq étapes : prise de conscience, traitement, stabilisation, reconstruction et prévention des rechutes.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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