Un chien qui grogne et montre ses dents.
36% des gens qui présentent une phobie des chiens signalent que cette peur est liée à un traumatisme direct. C'est notamment le cas de Sandrine, dont la vie a longtemps été un enfer, par la simple proximité d'un chien. © Adobe Stock

Avec près de 8 millions de chiens en France, la phobie de nos compagnons à quatre pattes peut vite transformer le quotidien en épreuve. La cynophobie survient souvent à la suite d’un traumatisme durant l’enfance comme peut en témoigner Sandrine C, une Villeurbannaise de 51 ans. Crise de panique, pleurs, tétanisme rythmaient le quotidien de la quinquagénaire dès lors qu’elle croisait le chemin d’un chien. Une terreur permanente aujourd’hui révolue, grâce à une judicieuse médiation qui lui a permis de retrouver une vie normale. Témoignage.

À 50 ans, Sandrine C. ne sortait pas de chez elle sans avoir une bonne raison. À  la suite d’un traumatisme dans sa tendre enfance, la Villeurbannaise vivait avec une peur qui la hantait : la phobie des chiens. “Dès que je voyais un chien je pouvais me mettre à pleurer et partir en courant. Je ne pouvais pas voir un chien dans mon périmètre, que ce soit un berger allemand ou un chihuahua”. Cette quinquagénaire “un peu hyperactive”, maman d’un garçon de 22 ans et épanouie dans son couple, s’est alors longtemps privée de mener une vie normale. 

Après 28 ans chez Décathlon, cette amoureuse du contact humain s’est orientée vers l’animation en gérontologie dans un Ehpad. Et c’est justement dans cette nouvelle sphère professionnelle qu’elle a enfin sauté le pas et “décidé de faire confiance” pour enfin surmonter sa phobie des chiens.

Sandrine C. est originaire de la Réunion, là où les chiens errants sont très courants. Néanmoins, la jeune fille ne se privait pas de sortir et faisait souvent du vélo non loin de chez elle. C’est durant une journée banale, à bord de sa bicyclette, que la jeune Sandrine, âgée de 8 ans au moment des faits,  a “vu un gros chien noir dans une maison dont le portail était ouvert” et a pris peur. 

“J’ai pédalé plus vite, peut-être en criant, je ne m’en rappelle plus. Je me suis réfugiée sur un arbre et le chien m’a violemment mordue le mollet”. Le point de départ d’un traumatisme psychologique, qui lui laisse encore aujourd’hui “une cicatrice bien visible des deux crocs” sur sa jambe droite. “Depuis cet événement, j’avais la phobie des chiens, j’avais tout le temps l’impression qu’ils voulaient m’attaquer. J’étais dans un stress horrible, à la limite de l’envie de mourir”.

“Un jour, en rentrant chez moi, je suis restée plus d’une heure dans ma voiture parce qu’il y avait un chien avec son maître dans ma rue”. Elle refusait catégoriquement de se retrouver nez à nez avec celui qu’on surnomme pourtant l’ami de l’homme. La peur l’envahissait, l’a paralysait complètement, à en perdre la raison.

Pour la quinquagénaire, les balades à vélo, à pied dans un parc ou sur les quais lyonnais relevaient de l’impossible. “Dès qu’il y avait un chien je changeais de trottoir. Je ne voulais pas qu’il y ait de chiens dans mon périmètre, peu importe la taille du chien, je ne voyais que ces dents. Je me mettais à trembler et à pleurer, j’étais tétanisée”. 

“J’ai transmis cette phobie des chiens à mon fils qui, lui, a réussi à surmonter cette peur tout seul”. Une phobie qui privait Sandrine d’une vie normale et une angoisse qui déteignait sur ses proches. “C’est un enfer, quand je me promène avec mon conjoint, je suis accrochée à lui. Je lui sers le bras. Si je vois un chien dans une voiture, j’ai l’impression que le chien peut ouvrir la portière juste pour me sauter dessus et me mordre”.

Bien que Sandrine ne s’épanche pas sur cette phobie des chiens auprès de ses collègues, c’est pourtant au sein de sa sphère professionnelle que le déclic de sa vie va opérer. Alors qu’elle ne retrouve plus la voiture sur le parking, la mère de famille part à sa recherche. Sa responsable ne la voyant pas revenir, elle la contacte. Sandrine répond, paniquée. “Il y a un chien dans les alentours ! Je me suis réfugiée chez quelqu’un en escaladant un portail, j’en ai même perdu ma chaussure !”. Un acte qui, pour la plupart, parait démesuré, mais qui pour la Villeurbannaise n’était que la terrible expression de son quotidien.

C’est à ce moment que Sandrine a “eu un réel électrochoc. Je me suis dit que si je croise un jour un chien alors que je suis avec un patient, je ne peux pas m’enfuir en courant et le laisser seul !”. Sa responsable l’oriente alors vers une médiatrice, qui réalise déjà des interventions avec les patients dans l’Ehpad où elle travaille.

“Mon conjoint m’en parlait beaucoup aussi, ça fait des années qu’il me pousse à traiter cette phobie. Mais il ne me forçait à rien tant que je n’étais pas prête”. Mais comme dit la devise, quand on veut, on peut. Tout est souvent question de volonté ! Alors en 2023, la mère de famille passe le cap avec la médiatrice de la structure Tendre Patte, à Chasse-sur-Rhône (Isère). “Isabelle a su me mettre en confiance. Elle a pris le temps de comprendre le pourquoi du comment”.

C’est avec savoir-faire et patience que la professionnelle a accompagné Sandrine dans les premiers pas de la guérison de cette phobie des chiens. “Isabelle a bien compris que je ne faisais pas un stage pour aimer les chiens et en adopter un. Mais pour soulager ma peur et vivre normalement sans avoir la boule au ventre quand je sors de chez moi”.

Chaque séance d’une heure et demie est une étape passée pour apprendre les différents comportements du chien : peureux, énervé, joyeux, envie de jouer. Ainsi, la quinquagénaire apprend à dissocier la peur de l’être. “Elle me montre à quel point les chiens aiment leur maître et l’inverse aussi. Et c’est ça qui m’a le plus marquée”.

À force de persévérance et une dizaine de séances plus tard, Sandrine a pu réaliser quelque chose dont elle ne pensait pas être capable un jour : caresser un chien de son plein gré. “Le chien s’est totalement laissé faire et m’a même “léchouillé” la main. J’ai demandé à ce qu’on me prenne en photo. J’étais très fière de moi”.

Ne pas crier, ne pas courir, ne pas faire de gestes brusques sont tant de choses que Sandrine a appris au cours de sa guérison. “Aujourd’hui, je suis capable de sortir de ma voiture même s’il y a un chien ! Je peux marcher dans la rue sans paniquer ou changer de trottoir. Je me promène dans les parcs et je vais chez mes amis et mes beaux-parents qui ont un chien avec beaucoup moins d’appréhension. Le stage a changé ma vie, je ne pars plus en courant ou en pleurant !”

Aujourd’hui, Sandrine ne se refuse plus une balade le long des quais de Lyon ou un après-midi shopping. Bien qu’elle garde une appréhension à la vue d’un très gros chien, la peur, la vraie, s’en est définitivement allée, pour son plus grand bonheur.

À SAVOIR

36% des personnes atteintes de cynophobie signalent que leur peur des chiens est liée à une expérience traumatisante directe avec un chien, comme une morsure ou une attaque. La majorité des personnes atteintes de cynophobie, soit environ 64%, développent donc cette peur pour des raisons autres que des expériences traumatisantes directes, telles que des influences familiales, culturelles ou des observations indirectes.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du Groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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