Une femme enceinte utilise un tensiomètre pour mesurer elle-même sa tension artérielle.
Le taux de diabète gestationnel chez les femmes enceintes est passé de 10,8% en 2016 à 16,4% en 2021. © Freepik

Lors de la grossesse, certaines femmes peuvent développer une résistance à l’insuline, ce qui entraîne une augmentation du taux de sucre dans le sang ; on parle alors de diabète gestationnel. Cette pathologie, qui concerne environ 16% des grossesses en France, se caractérise par une intolérance aux glucides, induisant une hyperglycémie. Les premiers symptômes surviennent généralement lors du deuxième trimestre. Le dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue, nous éclaire sur ce trouble trop souvent ignoré.

Le diabète gestationnel est un trouble généralement asymptomatique qui se développe pendant la grossesse en raison d’un taux anormalement élevé de sucre dans le sang. Bien que cette maladie métabolique touche aujourd’hui 1 femme sur 6 et que ses cas continuent d’augmenter, ses symptômes, ses risques et ses traitements sont souvent méconnus. Comprendre les risques associés à cette condition est essentiel pour assurer une gestion efficace et réduire les complications pour la mère et le bébé à naître. Les explications du Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue.

Le diabète gestationnel peut augmenter le risque de divers problèmes de santé chez la mère, notamment :

  • Prééclampsie : les femmes atteintes de diabète gestationnel ont un risque accru de développer une prééclampsie, une complication caractérisée par une hypertension artérielle et la présence de protéines dans l’urine. La prééclampsie peut entraîner des complications graves pour la mère et le bébé si elle n’est pas traitée.
  • Hypertension artérielle : le diabète gestationnel est souvent associé à une pression artérielle élevée, ce qui peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires chez la mère à long terme.
  • Accouchement prématuré : les femmes atteintes de diabète gestationnel ont un risque accru d’accoucher prématurément, ce qui peut entraîner des complications pour le bébé.
  • Grossesse et accouchement difficiles : un diabète gestationnel mal contrôlé peut entraîner un bébé de plus grande taille, ce qui peut rendre l’accouchement plus difficile et augmenter le risque de césarienne.

“Il faut savoir que le diabète gestationnel fonctionne comme un feu d’alerte, ce qui signifie que plus tard, la mère qui en est atteinte est plus susceptible d’avoir un problème de diabète ou de développer des maladies cardiovasculaires”, explique le Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol.

Le diabète gestationnel peut également avoir des répercussions importantes sur la santé du fœtus, notamment :

  • Macrosomie fœtale : le diabète gestationnel peut entraîner une macrosomie fœtale, où le bébé est de plus grande taille que la normale. Cela peut augmenter le risque de complications pendant l’accouchement, notamment des blessures à la naissance.
  • Hypoglycémie néonatale : les bébés nés de mères atteintes de diabète gestationnel sont plus susceptibles de développer une hypoglycémie après la naissance en raison d’une production excessive d’insuline pendant la grossesse.
  • Problèmes respiratoires : les bébés de mères atteintes de diabète gestationnel ont un risque accru de développer des problèmes respiratoires, tels que le syndrome de détresse respiratoire, en raison d’un développement pulmonaire retardé.
  • Risque accru de diabète de type 2 : les bébés nés de mères atteintes de diabète gestationnel ont un risque accru de développer un diabète de type 2 à l’âge adulte.

“Le risque principal est que le bébé soit trop gros au moment de l’accouchement. Le nouveau-né peut avoir les épaules trop larges et ainsi rester coincé. L’accoucheur doit donc tirer sur les bras du bébé au moment de sa sortie, ce qui peut entraîner des traumatismes au niveau des épaules chez l’enfant, comme la dystocie”, détaille l’endocrinologue.

Quels sont les objectifs glycémiques ?

Pendant la grossesse, la gestion du diabète gestationnel repose sur des objectifs glycémiques bien définis pour assurer la santé de la mère et du bébé. Il est primordial de bien suivre ces objectifs, en les combinant avec des mesures diététiques et d’autres recommandations médicales, pour assurer une grossesse en bonne santé. Les niveaux cibles de glucose sanguin sont définis pour maintenir une glycémie optimale. Les objectifs typiques comprennent :

  • Un taux de glucose à jeun inférieur ou égal à 0,95 g/L
  • Un taux de glucose inférieure ou égale à 1,40 g/L une heure après le repas
  • Un taux de glucose inférieure ou égale à 1,20 g/L deux heures après le repas.

Les tests de dépistage sont essentiels pour détecter rapidement le diabète gestationnel. Plus la prise en charge est précoce, moins il y a de risques de complications pour la mère et le bébé.

Les traitements du diabète gestationnel comprennent généralement plusieurs approches pour contrôler la glycémie et réduire les risques pour la mère et son enfant.

  1. Conseils diététiques : cela inclut souvent une alimentation équilibrée, la gestion de l’apport calorique et de la quantité de glucides, ainsi qu’une répartition des repas tout au long de la journée pour maintenir des niveaux de glucose dans le sang stables. Un diététicien peut vous aider à personnaliser au mieux cette démarche selon vos besoins.
  2. Activité physique régulière : l’activité physique régulière contribue à la régulation de la glycémie et à la gestion du poids. Les femmes enceintes sont d’ailleurs encouragées à pratiquer environ 30 minutes d’activité physique par jour, de 3 à 5 fois par semaine.
  3. Insulinothérapie : si malgré les ajustements alimentaires et l’activité physique, la glycémie de la femme enceinte reste élevée, un traitement par insuline peut être nécessaire. Cela peut être prescrit si la glycémie à jeun reste supérieure à 0,95 g/L et après les repas dépasse 1,2 g/L après environ 10 jours de régime. Environ un quart des cas de diabète gestationnel peuvent nécessiter un traitement par insuline.
  4. Suivi médical étroit : un suivi médical étroit tout au long de la grossesse est recommandé pour assurer un contrôle adéquat de la glycémie et surveiller la santé de la mère et du bébé.

En ce qui concerne les conseils diététiques, le dr Lecornet-Sokol souligne l’importance d’une nutrition adaptée. “Un bon équilibre alimentaire est primordial pendant un diabète gestationnel. Les trois grands principes sont les suivants : éviter autant que possible la prise d’aliments sucrés et l’alcool, limiter les fruits à trois portions par jour, et enfin, privilégier les féculents à indice glycémique bas tels que les pâtes complètes et les légumineuses.”

À SAVOIR

Les femmes de plus de 35 ans sont plus à risque de développer un diabète gestationnel, en partie en raison de la diminution de la sensibilité à l’insuline qui peut survenir avec l’âge.

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Vincent Dallée
En troisième année de journalisme à l'ISFJ et créateur d'un petit média scientifique, Vincent Dallée développe ses talents rédactionnels pour Ma Santé, animé par la mission du journaliste d'informer les gens sur leur santé.

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